Je ne trouve pas le sommeil. Je tâtonne sur la table basse pour chercher mon téléphone indiquant deux heures du matin. Aucun appel ni message de ma petite amie. Je grogne de frustration et décide de me lever, sachant pertinemment que ma nuit était faite. Après avoir récupéré ce que je cherchais dans mon sac, éclairée uniquement par la lampe de mon téléphone, je descends les escaliers à pas de loup pour ne réveiller personne et part dans la cuisine récupérer des allumettes.
Je m’installe sur le canapé, vient craquer mon allumette contre la partie abrasive de sa boite et dirige la flamme vers mes deux bougies. J’inspire profondément et noie mes pensées tourmentées dans les vagues chaudes et colorées qui se meuvent légèrement à chacune de mes expirations. D’une telle force, mais d’une telle fragilité, pensais-je, n’entendant alors pas les pas dans mon dos.
Wanheda: Je te savais spéciale mais de là à faire des incantations vaudou en pleine nuit.
Je sursaute légèrement de m’être faite sortir de mes pensées et tourne la tête vers une petite bouille blonde avec un léger sourire amusé de sa blague. Je rigole avec elle avant de reporter mon attention vers mes bougies. Je sens un poids affaisser le canapé à mes côtés mais aucun mot supplémentaire ne vient. Le silence règne, mais je ne le trouve pas pesant, il était au contraire apaisant et réconfortant. Je finis tout de même par le rompre, ravie qu’elle vienne se joindre à moi d’elle-même pour une fois.
Lexa : Tu ne trouves pas le sommeil?
Wanheda : Toi non plus on dirait.
Lexa : Non en effet.
Wanheda : Du coup tu t’es dit : tiens et si j’allais faire ma psychopathe dans le salon ?
Lexa (amusée) : Et bien oui, j’aime bien faire ma « psychopathe » tu vois…
Je vis qu’elle attendait un peu plus de ma part. Je n’aime pas trop parler de moi, je suis plus du genre à écouter qu’à raconter ma vie. Mais après tout, je voulais qu’elle me parle, qu’elle s’ouvre à moi. Et par-dessus tout, je voulais enfin connaître son foutu prénom ! Je devais peut-être faire le premier pas, lui donner le temps d’avoir confiance en moi en lui ouvrant moi aussi ma part de secret.
Lexa (murmurant) : C’est un peu comme avoir un lieu d’échappatoire, tu vois.
Wanheda: Comment ça?
Lexa: Certaines personnes quand elles vont mal ou ont besoin de recul, se rendent en haut d’une montagne, dans leur maison d’enfance, ou encore sur le banc d’un parc… et bien c’est le même principe. A la différence que je n’ai pas besoin d’un lieu en particulier. Juste un endroit calme et mes deux bougies. Les regarder m’aide... à réfléchir quand je suis perdue, à me détendre quand je suis stressée, ou à évacuer tout ce qui peut me ronger… C’est mon échappatoire à moi.
Un silence s’en suivit avant qu’elle ne le rompe dans un murmure tiraillée :
Wanheda : Mais parfois même ce lieu ne suffit pas…
Je la regarde pour y trouver un visage froid, vide, comme à notre première rencontre. Je prends sa main délicatement, elle est chaude. Elle est toujours là pourtant c’est comme si elle avait retiré son âme à nouveau. Je lui caresse la main de mon pouce et cherche à capter son attention perdue dans les méandres de ses pensées. Elle reprend son récit, mais j’ignore si elle me parle à moi ou à elle-même tellement rien ne transparaît dans ses iris assombris.
Wanheda : Là où tu m’as retrouvée… C’était mon échappatoire. J’aimais m’y rendre régulièrement : admirer le coucher de soleil et les vagues, m’imaginer partir faire un tour en mer et me retrouver vers un lieu magique. Cependant maintenant… Même ce lieu ne peut plus m’aider.
Lexa (avec un sourire tendre) : Je peux te prêter une de mes bougies si tu veux.
Elle haussa un sourcil avant de m’accompagner dans mon rire. Après quelques minutes nous reprenons notre sérieux et tandis que je continue à caresser sa main, je tente d’apaiser ses douleurs :
Lexa : Je ne sais pas ce que tu as traversé… Et je ne te forcerai jamais à me le dire ou à te confier. Mais j’espère réussir à gagner ta confiance pour être d’une certaine façon, ton endroit de recueil, ton coucher de soleil sur ce ponton, ou ta bougie. En tout cas, tu peux être sûr que je ne suis pas là pour juger ce que tu as fait ou ce que tu feras, je suis là pour t’aider.
Elle retire sa main de la mienne et reprend un air renfermé. Je me demande ce que j’ai pu dire qui l’ait froissée et je me maudis intérieurement de l’avoir brusquée.
Wanheda : La dernière fois que j’ai fait confiance à quelqu’un...quelqu’un que j’aimais, on m’a trahi et j’ai tout perdu. Plus jamais je ne croirai qui que ce soit. On ne se connait pas, tu ne sais rien de moi et inversement. Alors tu ferais mieux de retourner chez toi et tenter de récupérer ta petite amie. Mais ne t’acharne pas à essayer de devenir mon amie, car je ne laisserai plus personne rentrer dans ma vie.
Elle se relève et repart en direction de sa chambre. Ce qu’elle m’avait dit me faisait mal d’une certaine façon. Je ne devrais pas le prendre ainsi, après tout elle a raison. Je ne la connais pas, je n’ai aucune raison de m’accrocher ainsi. Je pourrais rentrer chez moi, retrouver ma petite amie, reprendre mon travail et continuer ma vie comme si ces derniers jours n’avaient pas existé…. Pourtant je ne parviens pas à me dire que c’était la chose à faire, je ne parviens pas à me dire que je devais la laisser tranquille. Je me lève d’un bond du canapé et me tourne vers la blonde qui a déjà un pied sur l’escalier.
Lexa : Tu ne me crois pas et ne me croira jamais. D’accord. Cependant moi j’ai confiance en toi. Je vois que tu es une personne honnête. Je ne te connais pas tu as raison, pourtant j’en suis persuadée, tu tiens tes paroles, tu es franche. Alors voilà ce que je te propose…. Je te laisse. Tu peux partir loin de cet appartement, loin de moi : je ne te retiens plus contre ton gré. Je peux disparaître de ta vie si c’est ce que tu souhaites. Mais… En échange, tu dois me faire une promesse. La promesse que tu ne chercheras plus à ôter ton âme, que tu te battras pour vivre, pour être heureuse. Le jour où tu me diras ça, alors tu pourras te débarrasser de moi.
Elle semble perplexe. Les secondes défilaient, je n’avais pas bougé et elle non plus. J’attendais ma réponse. Sa promesse.
Wanheda (soupirant) : Quelle emmerdeuse.
C’est sur ces belles paroles qu’elle repart dans sa chambre.
Je ne sais pas si je dois être attristée du fait qu’elle ne soit pas capable de me dire qu’elle ne cherchera plus à se faire du mal, ou si j’ai le droit de ressentir un certain soulagement. Cette fille me perturbe malgré moi, et je ne veux pas la laisser partir.
Je suis restée sur le canapé tout le restant de la nuit. Puis vers six heures, je m’attèle à la préparation de crêpes pour le petit déjeuner. Une autre façon de remercier nos hôtes et aussi pour tenter de faire plaisir à notre mystérieuse blonde.
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Wanheda (Clexa)
RandomDans un monde où l'âme a une valeur marchande, Lexa, une femme accomplie à qui tout réussi, verra sa vie chamboulée en trouvant une flamme rouge égarée, qui changera son destin à jamais. Bonjour à tous, nous revoici pour un nouveau Clexa 😁. Résumé...