Chapitre 6

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Le soleil se lève sur le port. Un magnifique voile de nuances orangées recouvre le fleuve. Le froid de la nuit blanchit la rosée déposée sur le bois du ponton. Un décor de rêve dans un lieu idyllique. Mais je ne ressens plus cette étincelle qui faisait briller mon regard sous ce spectacle merveilleux.

Homme 1 : Elle est là ! Hurle un homme au loin dans mon dos.

Homme 2 : Enfin… répond l’autre.

J’entends cette voix derrière moi, cette voix qui m’avait causé bien des sueurs froides, des larmes, de l’effroi. Cette voix que j’ai fuie depuis plusieurs années. L’entendre aujourd’hui n’est plus qu’un vague son, entremêlé au vent qui souffle sur mon visage. Des pas font grincer les planches de bois du pont, et des ombres viennent troubler la couleur des vagues. Une main agrippe avec force mes cheveux, poussant ma tête en arrière. Je le vois. Mon visage blanchi se reflète dans ses pupilles noires de colère. Il y a quelques jours, j’aurais pleuré, j’aurais hurlé, toute ma haine envers cet homme aurait ressurgi. Mais sans mon âme, toutes ces sensations sont effacées. C’est comme un flou face à moi, qui inhibe ma conscience.

Homme 2 : Quelle salope… Elle l’a enlevé, crache-t-il de rage.

Homme 3 : Elle doit être loin maintenant, ou déjà récupérée. On ne la retrouvera pas Monsieur.

Homme 2 : Fais chier !

Je sens un poing s’abattre contre mon visage, faisant trébucher mon corps en arrière. Des coups de pieds viennent par la suite ecchymoses mon ventre. Je souffre, ça fait mal, mais je n’ai pas la force de bouger, de crier, de me débattre. Mais par automatisme sans doute, des larmes de douleurs couvrent mon visage. Au bout de plusieurs minutes, les coups cessent.

Homme 1 : La place va finir par se remplir monsieur, on ne devrait pas rester ici, c’est trop tard.

Homme 2 : Cherchez dans le fleuve et sur les côtes. Contactez les revendeurs des marchés. Enquêtez, je veux cette âme !

Homme 3 : Pourquoi elle particulièrement monsieur ? On peut en trouver d’autres.

Homme 2 : La ferme et bougez !

Les autres s'agitent tandis qu’il se pencha à mes côtés et souffla à mon oreille avant de partir à son tour :

Homme 2 : Tu crois m’avoir eu ? Tu crois avoir gagné ? Tu te trompes lourdement. Je vais te retrouver, j’aurais ce que ton père me doit.

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Le lendemain, je me réveillai en sentant une sensation de chaleur au creux de mon oreille et se déplaçant dans mon cou, me provoquant un frisson. J’ouvris les yeux pour y voir Wanheda, se mouvoir sous mon menton. Je rigole en effleurant ma petite flamme.

Lexa : Tu sembles en forme ce matin…Prête pour cette journée ?

Je me lève, me prépare rapidement et descends payer ma nuit d’hôtel à la réception. A côté de celui-ci se trouve une petite boulangerie rustique, tenue par deux quinquagénaires absolument adorables qui m'offrirent une part de gâteau en plus car je cite : « tu es toute maigre ma petite, tu vas te briser en deux à ce rythme-là ». C’est donc sur ces bonnes paroles que j'ai repris mon exploration de Manhattan à la recherche de cet inconnu sans âme. Je décide de reprendre du point de départ d’hier matin mais de partir cette fois-ci vers le sud, jusqu’à la pointe de Manhattan, là où se trouve tous les attrapes touristes qui alpaguent les étrangers dans l’espoir de leur faire débourser une fortune pour voir la statue de la liberté.

La journée se déroula dans le même état d’esprit que la veille. Je scrute chaque personne en marchant le long du fleuve, me valant quelques regards peu accueillants, se demandant certainement ce que j’avais à les regarder comme ça. La journée passe, j’arrive à la pointe mais toujours aucune trace de la personne que je cherche. Je souffle de désespoir. Nous avons longé quasiment toute la côte ouest et aucune trace… Mon intuition devait être fausse… Il va falloir repartir du côté du New Jersey demain.

Mais il se faisait à nouveau tard. Je fis donc demi-tour et longea la côte dans l’autre sens. Sur le chemin, j'ai reçu un appel. Je me posa alors sur un banc et ouvrit mon sac pour récupérer mon portable, où le prénom de Raven s'affiche. Je répondis tout en fixant Wanheda avec un regard triste, déçue de ne toujours pas avoir retrouvé son corps.

Lexa : Allo ? 

Raven : Coucou Lexou ! Alors ton escapade sexuelle avec ton amante se passe bien ?

Lexa (rigolant) : Ravie de t’entendre également Raven. Je ne suis pas en escapade comme je te l’ai déjà dit mais oui ça va merci.

Raven : Et bien sachant que tu ne m’as toujours pas expliqué ce que tu faisais et où tu étais, je reste sur ma première hypothèse très chère.

Lexa: Comment ça se passe au boulot ?

Raven : Beau changement de sujet ! Mais ne rêve pas, à ton retour tu passeras l’interrogatoire ! Sinon rassure toi tout va bien. Ton père gère ainsi que nous, tu peux profiter en toute tranquillité, on n’a rien fait exploser !

Je rigola à sa bêtise avant de retourner mon regard vers mon sac. Mais mon cœur rata un battement en le trouvant vide. Paniquée, je me relevai alors du banc d’un bond et scruta l’horizon. Je la vis au loin se déplacer à toute allure sur la place de North Cove marina.  

Lexa (en courant) : Raven, je dois te laisser ! Salut ! Attends !

Je ne lui laissai pas le temps de répondre et me précipita à toute allure à sa poursuite. Dans ma course, je vis les regards de passants me scrutant moi, mais également la petite flamme qui refusait de se stopper malgré mes nombreux appels.

Lexa : Fais chier !

Puis je la vis se diriger vers un petit ponton en contrebas, séparé de la place par un petit portillon cadenassé. Alors que Wanheda passa à travers les barreaux, je n’hésita pas une seconde et enjamba celui-ci. Mais ma course se stoppe d’un seul coup quand je l’aperçue arrêtée devant un corps. Un corps étalé sur sol au bord du fleuve. Un corps de femme.

Wanheda (Clexa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant