La reine Charlyne regardait avec malaise la lettre qui lui avait été envoyée. Le premier ministre l'observait en silence, pour une fois dénué de son air moqueur.
- Ils n'oseraient pas, souffla Charlyne. Ils n'oseraient pas nous menacer d'une guerre.
- Mais c'est précisément ce qu'ils ont fait, répliqua le ministre.
Charlyne releva la tête vers lui, l'air grave. En temps normal, ils ne s'entendaient pas particulièrement et évitaient de s'associer pour régler les affaires de la Cité. Cette fois, cependant, les choses étaient particulières.
Une déclaration de guerre dissimulée leur était parvenue de la part du Futuro. Leur roi avait visiblement quelques problèmes avec la façon dont était actuellement régi le continent.
- Que pensent les autres cités ? demanda la reine Charlyne.
- Astras, Everland et Mestrine ont demandé un rassemblement d'urgence pour discuter de la situation. Romée, Caméone, Galinée et le Chao Ming ont accepté de s'y rendre.
- Nous irons également. Il faut comprendre ce que le Futuro a derrière la tête avant que les choses ne dégénèrent.
Le premier ministre hocha la tête.
- Je suppose qu'ils se contentent de profiter du climat de paix pour montrer leur supériorité et en tirer avantage.
Charlyne froissa la lettre à la fine écriture d'encre noire entre ses doigts.
- Qu'ils essaient, nous ne laisserons pas cela passer.
- Il en est parfaitement hors de question, effectivement. Nous devons faire basculer la situation pour que l'avantage nous revienne.
Charlyne fronça les sourcils.
- Vous plaisantez ? Nous devons garder une notion d'égalité entre toutes les cités. C'est ainsi que la coopération marche.
- L'égalité est abstraite, vous le savez aussi bien que moi. Une autre cité, peu importe dans combien de temps, voudra de nouveau prendre l'ascendant sur les autres. Mieux vaut que ce soit nous plutôt qu'une dictature dissimulée.
La reine Charlyne pinça les lèvres dans une moue perplexe. Voilà pourquoi elle n'aimait pas discuter avec le premier ministre. Il cherchait toujours à prendre l'avantage de n'importe quelle situation en ignorant l'importance de ce qui était en jeu.
Mais d'une certaine façon, il avait également raison : ils ne pouvaient pas laisser le Futuro profiter de la situation pour prendre le pouvoir sur le continent.
Charlyne soupira et s'assit devant son bureau pour rédiger des courriers à ses homologues.
Le temps n'était pas aux concessions.