Eloïse avait l'impression que des heures s'étaient écoulées depuis le départ de Caleb. Elle était restée assise dans l'herbe, le sceptre de Valiammée Astrada posée à plat devant elle, à tenter désespérément de se réveiller.
Est-ce qu'en dormant elle avait laissé passer sa seule chance de fuir les laboratoires du Phoenix ?
Elle poussa un long soupir et posa son front sur ses genoux. Ses maux de tête la poursuivaient jusque dans ses rêves. Elle commençait à s'en inquiéter.
Eloïse, c'est bien ça ?
La magicienne sursauta. Elle tourna la tête dans tous les sens dans l'espoir d'apercevoir quelqu'un, mais les plaines étaient désespérément désertes. Elle ramassa le sceptre et se releva.
- Vous êtes qui ?
Une amie. Enfin, je suppose.
Rassurant. La voix féminine, douce et assurée, retentissait dans son esprit, un peu moins lointaine à chaque instant.
Je pense pouvoir t'aider à te réveiller.
Eloïse se déplaça à la recherche de l'inconnue, mais encore une fois, elle ne trouva personne. Eh bien, si elle ne se montrait pas, il faudrait la faire sortir.
- Ce serait fort sympathique, mais avant ça j'aimerais bien savoir à qui j'ai affaire.
Ce n'était pas Caleb. Or, il n'y avait personne en dehors d'Eloïse et...
- Oh. Attendez.
Son regard se fixa sur l'objet de métal entre ses mains. Personne en dehors d'elle et du sceptre de Valiammée Astrada.
Bon, d'accord. Les légendes avaient effectivement un fond de vérité.
Tu as compris.
- Ouais. C'est... Bizarre.
Autant pour toi que pour moi.
Eloïse, désormais plus nerveuse qu'autre chose, fit les cent pas. Voilà qu'elle avait affaire à la magicienne légendaire Valiammée Astrada, ou du moins ce qu'il en restait. Elle espérait qu'il ne s'agissait pas d'une ruse de Caleb.
- Bon, soupira-t-elle. Comment je me réveille ?
Le magicien de tout à l'heure... Caleb, c'est bien ça ? Il faut que tu fasses comme lui quand il a utilisé beaucoup de magie.
- Vous voulez dire relier le rêve avec la réalité ?
Oui.
- Plus facile à dire qu'à faire.
Eloïse n'avait jamais réalisé ce genre de sortilèges de sa vie. Elle n'avait absolument aucune idée de la façon dont elle devait s'y prendre.
- Vous n'auriez pas deux-trois conseils à me donner ?
Je ne suis pas beaucoup plus avancée que toi. Essaye peut-être d'utiliser les flux telluriques ?
La voix désincarnée était désolée. Eloïse aussi, puisqu'elle s'apprêtait à se lancer dans le domaine où elle excellait en médiocrité.
Après un soupir de dépit, Eloïse se rassit par terre et abandonna le sceptre derrière elle. Ses mains se posèrent sur l'herbe fraîche et l'agrippèrent dans l'espoir que cela l'aide d'une quelconque façon.
Il lui fallut dix bonnes minutes ponctuées de silence pour sentir les flux telluriques autour d'elle, plus lointains encore que d'habitude. Le rêve ne lui facilitait pas les choses, puisque la notion de haut et de bas n'existait plus. En revanche, quand elle attrapa le fil, elle fit en sorte de ne plus le lâcher.