03/09/2010.
Le nouveau collège d'Eloïse était plus morose encore qu'elle ne s'était imaginé. Elle allait cependant devoir s'y faire, puisque quatre longues années d'études l'y attendaient. Autant dire qu'elle n'avait pas hâte.
Elle entra dans le bâtiment et avisa le monde qui l'entourait, quelque peu incommodée. L'établissement était beaucoup plus grand que son école primaire, aussi le nombre d'élèves avait lui aussi augmenté. Elle n'était pas sûre d'aimer cette perspective, quoi que se fondre dans la masse ne lui ferait pas de mal. Au AMI, c'était tout l'inverse, et après les événements récents, un peu de changement serait bienvenu.
Même si, peu à peu, Eloïse acceptait que ses parents ne fassent plus partie de sa vie – enfin, elle était surtout lasse d'être constamment en colère quand la situation ne reviendrait jamais à la normale –, elle ressentait un grand vide. Elle avait fini par en parler à Jerome, qui semblait lui aussi affecté par la situation. Il se sentait horriblement coupable, bien qu'il n'ait absolument pas pris part à la décision.
Eloïse, pendant les quelques jours qu'avaient duré sa suspension, avait finalement abandonné. Elle avait cessé de se surmener pour exprimer sa colère et tenter de faire changer d'avis les supérieurs du AMI. Elle n'était qu'une petite humaine de onze ans, comment avait-elle pu croire que ses actes auraient quelconque influence ? Surtout que seul le directeur, cette personne qui parvenait à garder son anonymat envers et contre tout, était responsable.
Alors tant pis. Autant retourner à ses entraînements et à ses missions comme avant. Maintenant que le AMI avait sa garde, elle n'avait de toute façon pas d'autre choix. Quoi que la proposition de Julien pour rejoindre les laboratoires du Phoenix tenait toujours, mais Eloïse ne savait plus elle-même ce qu'elle voulait.
Jerome avait levé sa suspension et sa vie avait repris son cours. Elle avait emménagé au Centre avec le reste de l'équipe Alpha et tenté de faire comme si de rien n'était. Après tout, c'était ce qu'on attendait d'elle.
Désormais, le ressentiment qu'Eloïse éprouvait envers le AMI était solidement ancré en elle. Elle doutait qu'il disparaisse un jour.
- Eloïse !
La magicienne, adossée à un poteau sous le préau de la cour, vit son ami Lysandre s'approcher d'elle, tout sourire. Elle avait la désagréable impression qu'une éternité s'était écoulée depuis leur dernière rencontre.
- Salut Lysandre, lui dit-elle.
- Ça fait super longtemps qu'on s'était pas vus ! Tu vas bien ? Et tes vacances, c'était comment ?
- Super, répondit-elle en tentant d'y mettre le plus de conviction possible. Et les tiennes ?
- Géniales ! Il faudra que je te raconte.
Eloïse se laissa entraîner par son enthousiasme. Du moins jusqu'à ce que la principale de l'établissement ne prenne la parole. Les classes allaient être appelées.
Lysandre et Eloïse s'approchèrent de l'attroupement qui se formait au centre de la cour. Ils ne purent s'empêcher de dévisager les autres élèves, dont les visages leur étaient en grande partie inconnus.
La sixième une y passa. Puis la deux et la trois. La foule se fit moins dense et Eloïse sentit la nervosité la gagner. Lysandre était son seul véritable ami ici. Elle espérait qu'ils soient dans la même classe.
À peine cette pensée formulée, ses espoirs furent brisés. Le nom d'Eloïse Valenski, le dernier à être appelé, retentit. Sixième quatre, donc. Eloïse n'avait absolument pas écouté les noms de ses futurs camarades, elle savait juste que Lysandre n'en faisait pas partie.
