Eloïse ne savait jamais trop comment elle parvenait à ramasser tous les virus saisonniers qui traînaient. Il fallait croire que son système immunitaire fonctionnait quand il en avait envie.
Cette fois-ci, elle avait passé sa nuit à vomir. Autant dire qu'elle n'irait ni en cours, ni au AMI. Elle avait envoyé des messages à Andromeda et à Canelle pour qu'elle préviennent respectivement ses professeurs de la journée et le responsable de l'équipe Zéta.
Puisque ses insomnies continuaient de ponctuer sa vie, Eloïse s'était réveillée à cinq reprises pendant son sommeil et avait été incapable de fermer l'œil à partir de quatre heures du matin. Elle se sentait comme si elle venait de passer dans une machine à laver.
Aussi, quand on toqua à sa porte à neuf heures, Eloïse fit mine de ne rien entendre. Seulement, la personne persista jusqu'à ce qu'elle se lève pour lui ouvrir.
Rory, passablement ennuyé, lui fit face.
- Mais qu'est-ce que...
- Tu me fais entrer avant que quelqu'un passe et remarque que je ne suis pas un élève ?
Eloïse le tira dans sa chambre et guetta le couloir : personne. Il avait de la chance. Tout le monde n'avait pas cours à cette heure-ci.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle.
- Devine ?
Il venait la voir, d'accord, mais elle aurait actuellement dû être en classe.
- Eden m'a dit que tu étais malade. Elle tient la nouvelle d'une de tes camarades, expliqua Rory.
- Ah. Et tu es gentiment risqué de te faire attraper par l'administration de l'académie pour venir me tenir compagnie ?
- Entre autres.
- Adorable.
Eloïse retourna s'asseoir sur son lit. Elle avait pris un médicament une heure plus tôt, aussi elle ne risquait pas de vomir sur Rory, mais la nausée ne la quittait pas pour autant. Ça et un mal de crâne carabiné, mais elle était presque certaine que ça n'avait rien à voir. Cela lui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps.
Il s'assit à côté d'elle.
- Tu as une aura de gastro autour de toi, l'informa Rory. Je t'avoue que tu es plus charmante sans.
- Oh. C'est vrai que Monsieur Madrigan arrive à sentir les maladies des gens.
- Ça s'apprend. Après, certaines sont plus évidentes que d'autres.
Là, difficile de passer à côté. Rory, sans doute pour l'ennuyer ou pour davantage se moquer, décida de lui faire une dissertation orale sur la manière dont les Madrigans percevaient les maladies chez les magiciens et les humains. Eloïse soupira s'enroula dans sa couette pour se boucher les oreilles – non sans lui envoyer un oreiller dans la figure au passage.
- Ça, c'était gratuit, fit remarquer Rory en se frottant la joue.
- Eden m'a dit que tu lui avais parlé de moi. Ça aussi c'est gratuit.
Il faillit s'étouffer avec de l'air.
- Que, tu... Attends. Elle a vraiment fait ça ?
Eloïse se redressa en position assise. Avec sa couette qui la recouvrait, seul son visage – et une épaisse mèche de cheveux bruns qui lui tombait devant l'œil gauche et chatouillait sa narine – était visible.
- Elle l'a fait, confirma-t-elle. Apparemment, tu m'apprécies. Mais ce ne sont que des bruits de couloir.
- Je n'ai pas pour habitude de voir mes ennemis quand ils ne vont pas bien pour leur tenir compagnie.