La Cité était sous tension.
Eloïse, à peine sortie de l'appartement de Jefferson et Kathleen, avait été informée qu'une attaque du Futuro s'y était déroulée une heure plus tôt. L'occasion parfaite pour se déplacer à travers, selon le Seigneur des Ombres, puisque la sécurité y était accrue.
- Quand même, si les laboratoires attaquent et que les gens pensent toujours que c'est le Futuro, ça ne va pas poser problème ? demanda Eloïse.
Miranda, à sa gauche, haussa les épaules. Le Seigneur des Ombres, de l'autre côté, n'avait pas l'air de s'en soucier.
- Les autorités sauront faire la différence entre les deux, répondit-il.
- Si la Cité n'a pas réussi à remonter jusqu'à eux pour l'explosion du quartier Doré et les autres incidents qu'ils ont provoqué, j'ai des doutes.
Il n'y avait pas grand monde dehors, pourtant, c'était une heure d'affluence dans le quartier Nuit. Les magiciens de l'Ombre, divisés en petits groupes dans les rues alentours, faisaient attention à ne pas attirer l'attention des gardes royaux le temps de parvenir à la Porte des Mondes du quartier Bronze, voisin à celui-ci. C'était ainsi qu'Eloïse s'était retrouvé avec Miranda et le Seigneur des Ombres, qui refusait de la lâcher d'une semelle depuis qu'elle avait réussi à s'échapper des laboratoires.
- Justement, ils ne savaient pas qui était responsable, dit le mage noir. Ce qui ne met pas pour autant le Futuro comme suspect numéro un.
- Deux attaques en provenance de deux groupes différents le même jour ? insista Eloïse. Beaucoup ne vont pas croire à une coïncidence.
- Honnêtement, je pense plutôt que la Cité va accuser le Phoenix, notre ennemi commun, s'immisça Miranda.
- J'ai des doutes, mais pourquoi pas.
Certes, les laboratoires n'auraient pas le même mode opératoire que le Futuro, mais la seule fois où la population avait entendu parler du Phoenix, c'était pour l'explosion du quartier Doré. Encore une fois, pas la même manière de procéder.
Au moins, ce n'était pas certain que les laboratoires les retrouvent avant qu'ils n'arrivent sur Terre. Le continent était vaste et le Seigneur des Ombres aurait pu les téléporter n'importe où.
Ce fut ce qu'Eloïse crut jusqu'à ce qu'elle n'aperçoive une silhouette familière à une vingtaine de mètres derrière eux.
La Madrigane. Elle avait vite repris des forces.
- On est sorti depuis quinze minutes à peine, comment ils ont fait ? marmonna-t-elle.
- Donc tu l'as repérée, constata le Seigneur des Ombres.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On continue à avancer.
Eloïse n'était que partiellement satisfaite de cette réponse. D'accord, ils n'allaient certainement pas ralentir ou s'arrêter si la Madrigane ne les attaquait pas, mais si jamais elle s'y mettait, quel était le rôle de chacun ?
Miranda vérifia que les armes dissimulées sous ses vêtements étaient bien accessibles. Elle et le Seigneur des Ombres comptaient se battre, mais Eloïse ne savait pas si elle devait les rejoindre ou trouver un autre groupe de l'Ombre.
- La Porte des Mondes est encore loin ? voulut-elle savoir.
- Quinze minutes de marche si on garde le même rythme, répondit le mage noir. En revanche, si les laboratoires nous suivent, ils doivent comprendre où nous allons.
- Embuscade à prévoir ?
- Il y a de fortes chances.
Eloïse jeta à plusieurs reprises des regards derrière elle. La Madrigane se rapprochait de plus en plus. Elle lui donnait moins de trois minutes avant qu'elle ne fonde sur eux.
