Etan avait été plus que surpris de se retrouver convoqué par la reine Charlyne en personne, lui qui ne travaillait plus pour le gouvernement. C'était à peine s'il lui avait adressé la parole une fois dans sa vie, alors qu'elle connaisse son nom et demande à lui parler ? C'était surréaliste.
Plus surréaliste encore qu'elle ait tenu à maintenir la rencontre alors qu'une attaque du Futuro avait été déclarée quelques minutes seulement après qu'il soit arrivé au palais.
Puisqu'il n'avait maintenant plus le droit de se déplacer librement à l'intérieur, c'était Andromède qui se chargeait de l'escorter. Les couloirs étaient agités et les effectifs des gardes royaux avaient été quadruplés. Impossible pour eux de changer de couloir sans être inspectés, surtout à mesure qu'ils se rapprochaient du bureau de la reine.
Les rares figures politiques qu'ils croisèrent transpiraient la nervosité. Quant aux morceaux d'échanges qu'ils entendaient, tous s'accordaient pour dire que la Cité n'avait proféré aucune provocation envers le Futuro et que la situation actuelle était incompréhensible.
- Comment me parler peut-il être plus important que de gérer une attaque ? chuchota Etan alors qu'ils n'avaient plus qu'un couloir à traverser.
Andromède, confuse, haussa les épaules.
- Tu n'as jamais été à son service, la reine n'a aucune raison de connaître ton existence...
- Ça m'inquiète.
Andromède tenta, en vain, de le rassurer.
Après avoir été contrôlés une dernière fois par des gardes, ils parvinrent jusqu'au bureau de la dirigeante. Deux chasseurs de prime de la Cité, enveloppés dans leurs capes émeraude, surveillaient la porte.
Etan expliqua la raison de leur présence, leur montra le message signé par la reine qu'il avait reçu, et les magiciens se chargèrent de l'appeler pour lui. Quelques instants plus tard, les cheveux dorés de Charlyne apparurent dans l'entrebâillement de la porte.
Elle avait l'air à bout.
- Bonjour Etan, lui dit-elle d'une voix pourtant assurée. Tu peux entrer. Ta camarade aussi.
Andromède, surprise, emboîta le pas de son petit ami à l'intérieur du bureau. Charlyne ferma aussitôt la porte et lança un sortilège d'insonorisation sur les murs.
Ça ne sentait pas bon.
- Je ne vous propose pas de vous asseoir, j'espère que ce ne sera pas long. Vous deux et vos trois camarades, je sais que vous êtes des espions.
Toute couleur quitta le visage d'Andromède et Etan, bouche-bée, ne sut faire autre chose que de bafouiller une défense. La reine soupira.
- Ne le niez pas, je l'ai vite compris quand le premier ministre t'a évincé à ta majorité, Etan. C'est la raison qui me pousse à vous faire confiance pour ce qui va suivre. Allons à l'essentiel, j'ai besoin de votre aide.
- Vous... Comment ça ?
Etan tombait des nues. La reine, après un regard furtif en direction de la fenêtre, planta son regard dans le sien.
- Je ne sais pas qui vous a envoyé espionner Armändo et je ne veux pas le savoir. Je ne viens pas pour vous parler de lui.
- Mais comment avez-vous su qu'on était des espions ? s'inquiéta Etan.
- Tu es le premier secrétaire anciennement pupille du gouvernement à qui il n'a pas proposé de garder son emploi. De plus, toi et tes camarades avez fui le gouvernement pendant des mois avant de finalement vous y rendre de votre plein gré. Ce n'est pas commun, surtout que vous avez toutes les raisons de haïr Armändo pour son implication dans la guerre qui vous a rendu orphelins.