P.d.v. de Souadou
-Attends deux secondes, Mareme? C'est Mareme qui est fiancée? Mareme ta petite sœur?
Me demande un Jules visiblement confus d'un ton qui me fait rire en lui répondant:
- Dou yaw kham nga Mareme, si elle t'entend t'indigner de la sorte sur sa relation tu vas voir.
-C'est justement parce que je la connais que je suis étonné. Sérieux tu aurais dû m'inviter à ce déjeuner que je vois le type qui veut l'épouser. J'espère qu'il n'a pas une tête de brigand comme moi rek!
Se moque t-il vue que ma sœur le traite tout le temps de tête de brigand avec des airs de mafieux ce qui me fait rire de plus belle en lui répondant:
- Tu en jugeras par toi-même quand tu le rencontreras. D'ailleurs on doit regarder le match du dimanche ensemble. Tu viendras?
Lui demandai-je sachant qu'il passe de temps à autres à la maison me rendre visite.
Je commence à durer chez mes parents, je sais. Et ce que je veux le plus au monde en ce moment, c'est rentrer chez moi, auprès de mon mari qui me manque atrocement...
Mais alors qu'est ce qui m'en empêche me demanderez-vous.
A vrai dire c'est...un peu compliqué.
Mously m'avait demandé de rentrer parce qu'elle soupçonne une grossesse en moi et à vrai dire c'est ce qui me terrifie: une grossesse.
Peut-être est-ce à cause de la manière dont s'est déroulée ma toute première.
Celle dans laquelle j'ai porté l'enfant d'un inconnu, qui a été en moi pendant des mois pour que je ne me rende compte de son existence que le jour où je l'ai perdu.
Et là encore ça allait.
Mais le plus dur dans tout ça, c'est que j'ai été jusqu'à me réjouir de sa mort: vous vous en rendez-compte?
Je me suis réjouis de la mort d'un enfant.
De mon propre enfant...
Et je me répugne pour ça.
Je me déteste à chaque fois que je me remémore cette histoire qui n'a fait que refléter ma vraie nature: celle du monstre que je suis.
Alors non, je ne suis clairement pas prête à être mère.
Je ne mérite pas de tomber enceinte tout comme aucun enfant ne mériterait d'avoir une mère comme moi...
Sans compter que je ne m'en suis pas encore réellement préparée.
J'ai toujours peur d'avoir la confirmation des soupçons de Mously raison pour laquelle je n'ose ni faire un test de grossesse, ni retourner auprès de mon époux.
Parce que je me sens également mal vis à vis de lui.
J'ignore si lui aussi il est prêt à être père après tout ce que son géniteur lui a fait endurer. Surtout en ce moment où même derrière les barreaux, cette pourriture s'arrange pour lui rendre la vie dure.
Et même dans le cas où il voudrait d'un enfant, il serait déçu que je ne veuille pas lui en donner...
Parce que la vérité c'est que je ne le veux pas.
Du moins pas encore.
Et j'ai peur de sa pensée vis à vis de la situation.
Je devrai en parler avec lui, je le sais mais quelque chose me retient de le faire: la peur d'aborder ce sujet.
