P.d.v. de Fadel
Je n'ai littéralement pas fermé l'œil de la nuit.
Toute la soirée, je l'ai passée dans le séjour principal devant une télé silencieuse, chose que je fais d'habitude quand je suis à terre ou en réflexion.
Et je ne me suis même pas rendu compte de l'heure qui passait, à point que j'ai été surpris d'entendre l'adhan.
Il faut croire que je suis aussi stressé pour ne pas dire autant que lorsqu'on attendait les résultats du bac.
Et il n'est plus qu'une question de minutes désormais, pour que Chantal me donne sa réponse et...ça me fait grave flipper...
A point que j'ai réellement cru que mon cœur allait exploser quand, en joignant la salle de bain pour mes ablutions, J'ai vu la lumière de sa chambre s'allumer alors que je passais devant; signe qu'elle était réveillée et que l'heure de vérité était plus que proche...
J'ignore le temps que je suis resté là, devant cette porte close que j'ai fixé, hésitant entre lui faire une dernière plaidoirie comme elle l'appellerait avant de me décider à me résigner.
Parce que la balle est maintenant dans son camp et si après tout elle décide qu'en même de partir avec lui, le mieux serait de la laisser faire et prier sincèrement afin qu'elle n'aie aucun regret quand à sa décision...
Je comprendrai par là que malgré tout, nous ne sommes peut être pas destinés à être ensemble.Et le bon côté dans cette histoire, quelque soit l'issu, sera que je pourrais tout me reprocher à l'avenir sauf d'avoir essayé.
L'heure qui a suivi, j'étais toujours sur ma nappe de prière, venant de terminer mes rakkas obligatoires quand j'ai entendu une porte s'ouvrir puis se refermer suivi de bruits de pas et des pneus d'une valise.
Je lève alors les yeux vers une Chantal visiblement prête pour son voyage et ne pu m'empêcher de me narguer intérieurement par un petit rire qu'elle a dû prendre pour elle-même a en croire l'expression de son visage à l'instant.
Dire que pendant un instant, j'ai réellement cru en un revirement inattendu...
Elle m'avait murmuré un " bonjour" à peine audible, visiblement mal à l'aise et à moi de lui répondre:
- Bonjour.
Un moment de silence s'en est suivi, moment durant lequel elle s'obstinait à fixer le sol, devant elle alors que je me décide à la libérer de son incommodité en lui demandant stupidement:
-Prête pour Saint Louis?
- Oui...oui, je suis prête.
Me répond t-elle en balbutiant.
-Bien! Je vais me rafraichir vite fait puis on y va.
Dis-je en lui indiquant le fauteuil, sans commentaire sur sa décision.
Elle ne s'est pourtant pas assise, toujours debout et osant un regard sur moi quand elle m'a vu me lever pour plier le tapis, prêt à rejoindre ma chambre.
Nos regards se sont croisés à cet instant et j'ai noté qu'elle avait les yeux légèrement bouffi, par des pleurs? Le manque de sommeil? Je l'ignore.
J'ai juste préféré ne pas en parler pour lui faciliter les choses et avait déjà le dos tourné, quand je l'ai entendu prononcer d'une voix tremblante cette fois-ci:
-Désolée...je suis désolée.
Je me mets alors face à elle pour l'entendre renchérir:
-J'aurai aimé...J'aurai aimé que les choses se passent autrement...que...que ce soit plus simple mais c'est compliqué. Je...je ne suis pas une traitresse, je ne me vois pas trahir Lamine. Je suis désolée.