Chapitre 13 - Respire !

177 21 2
                                    

Eddie ne prêta aucune attention aux policiers qui allaient et venaient pour fouiller la maison ni aux paroles de leur chef qui coordonnaient ses agents, sans toutefois jamais s'éloigner des deux ex-otages. Plus rien n'existait autour de lui, autre que le corps inerte de Joanna qu'il tenait entre ses bras, tout contre lui. C'est d'ailleurs certainement parce qu'il la tenait d'aussi près qu'il remarqua enfin le très faible mouvement de sa poitrine qui se soulevait imperceptiblement. Eddie retint sa respiration et posa sa main sur la joue glacée de Joanna pour se concentrer et guetter le retour de ce si faible mouvement. Quand il le vit de nouveau, il se reconnecta à son entourage et leva les yeux vers le policier qui l'avait détaché un peu plus tôt.

« Elle respire à peine, faites quelque chose ! » se lamenta-t-il d'un ton désespéré. Le chef de la police s'accroupit brièvement à ses côtés, posa sa main sur l'épaule d'Eddie en guise de soutien et lui assura que les secours étaient en route et qu'ils devraient arriver d'une minute à l'autre.

Pourtant, Eddie eut l'impression qu'une vie entière était passée avant que les sirènes d'une ambulance ne se fassent enfin entendre. La notion du temps était devenue abstraite pour lui alors que deux ambulanciers entraient dans la maison, guidés par les forces de l'ordre pour leur montrer le chemin. Chargés de leur matériel, ils se précipitèrent vers eux et retirèrent, hâtivement mais sans brusquerie, Joanna des bras d'Eddie pour l'allonger sur le matelas. Eddie eut du mal à la lâcher mais il savait qu'il devait les laisser travailler, alors il se leva et commença à faire les cent pas dans la pièce, les mains sur la tête, sans toutefois les quitter des yeux.

« Comment s'appelle-t-elle ? » demanda le premier ambulancier tandis que le second posait un stéthoscope sur sa poitrine.

« Joanna... elle s'appelle Joanna Parker. » répondit Eddie dont la voix avait tendance à partir dans les aigus face à la panique.

« Joanna ? Est-ce que tu m'entends ? » demanda alors l'ambulancier en frottant vigoureusement la jointure de ses doigts contre son sternum, mais il n'obtint aucune réaction.

« J'ai un pouls faible et les pupilles sont réactives. » annonça le second qui baladait maintenant la lumière d'une petite lampe-stylo sur chacun des yeux de Joanna dont il tenait brièvement la paupière soulevée.

Le premier constata le sang qui s'était écoulé de son nez et de ses oreilles et leva les yeux vers Eddie. « Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? » demanda-t-il pour essayer de mieux cerner l'état de la jeune fille.

« Je sais pas... » mentit Eddie dans un couinement, tiraillé entre le fait qu'il ne pouvait simplement pas expliquer ce qui s'était réellement passé et la peur que ce mensonge ne porte préjudice à la santé de Joanna en leur cachant des informations qui pourraient les aider à la soigner.

L'ambulancier n'insista pas et posa une nouvelle question. « Est-ce qu'elle a des allergies ? »

« Je sais pas... » répéta de nouveau Eddie. Il se sentait terriblement inutile et ce sentiment lui était insupportable. « Elle ne m'a jamais rien dit concernant ça... je suppose que non, mais je ne peux pas l'affirmer. » tenta-t-il de compléter, la voix tremblante.

« Ce n'est pas grave. » répondit l'ambulancier pour tenter de le rassurer, car il voyait bien qu'il était en état de choc. Le second posa un masque à oxygène sur le visage de Joanna et les deux ambulanciers la soulevèrent pour la déposer sur une civière. « On l'emmène. Et vous venez avec nous, on doit également vous examiner. » déclara l'ambulancier à Eddie qui hocha la tête et les suivit jusqu'au véhicule. Inutile de dire que, de toute manière, il n'en n'aurait certainement pas été autrement car il n'avait aucunement l'intention d'être séparé d'elle dans l'immédiat.

Sur ton chemin | Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant