Chapitre 15 - Le laboratoire d'Hawkins

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Joanna n'avait pas peur... enfin, pas vraiment. Elle était assise sur ce lit rudimentaire, dans cette pièce dépourvue de fenêtre et de décoration, à regarder les murs froids et le carrelage blanc. Pour la centième fois, ses yeux se posèrent sur l'intérieur de son poignet pour observer le 019 qui y avait été tatoué. Non, elle n'avait pas peur... car la colère, sourde et menaçante, grondait en elle et prenait pour l'instant le dessus sur n'importe quel autre sentiment. Elle ne comprenait pas où elle était, qui étaient ces gens, ni ce que ce nombre signifiait. Mais ce numéro lui donnait la désagréable impression de n'être qu'un simple fichier répertorié, comme un prisonnier, ou plutôt... comme un de rat de laboratoire. Joanna n'était pas stupide et savait que cette dernière hypothèse était la plus plausible. Cela lui rappelait le moment où Jason l'avait appelée de cette manière, le jour où ils s'étaient disputés sur le parking du lycée. Était-ce à cause de lui qu'elle était là ? N'avait-elle pas assez subi ces dernières années et particulièrement ces dernières semaines ? N'avait-elle pas droit à un peu de calme et de paix ? Elle voulait juste qu'on la laisse tranquille, rentrer chez elle et avoir une vie normale ! Mais c'était visiblement trop demandé. Elle était de nouveau en blouse d'hôpital, mais ce qui la contrariait le plus, c'était qu'elle n'avait plus son bijou autour du cou. Elle avait remarqué ça dès qu'elle s'était réveillée dans cette chambre. Car elle s'était tellement débattue et avait tellement été agitée qu'un infirmier avait fini par lui injecter un calmant... pas de son plein gré, évidemment.

La porte, de ce qui semblait être maintenant sa chambre, s'ouvrit et la sortit de ses pensées. Joanna regarda une infirmière venir poser un plateau-repas sur le petit meuble vide qui lui servait de chevet. « Où sont mes affaires ? » demanda froidement Joanna. Et pour toute réponse, l'infirmière lui répondit simplement qu'elle n'en aurait plus besoin. Jo serra les dents et inspira lentement pour refouler sa colère. Elle savait que si elle piquait encore une crise, ils auraient tôt fait de l'endormir de nouveau et elle préférait éviter ça. Quant à son collier, elle espérait qu'il était au moins toujours quelque part dans le bâtiment...

Son regard glissa discrètement sur la porte que l'infirmière avait laissée entrouverte. Joanna ne prit pas le temps d'hésiter. D'un rapide mouvement de la main, elle envoya violemment valser le plateau-repas sur l'infirmière et se rua hors de la chambre avant de commencer à courir, pieds nus, le long du couloir. Cependant, elle ne s'attendit pas à se retrouver dans un véritable labyrinthe. En tournant au hasard dans un couloir perpendiculaire, Joanna se retrouva nez à nez avec l'homme aux cheveux blancs qui lui avait fait le tatouage. Elle recula alors sans le lâcher des yeux mais il continua d'avancer calmement vers elle.

« Tu ne peux pas t'en aller, Dix-neuf. Ta place est ici. » dit-il de cette même voix imperturbable dont il ne semblait jamais se départir.

« Ne m'appelez pas comme ça ! » hurla-t-elle en retour en continuant de reculer. Finalement, elle fit demi-tour et se remit à courir. Mais alors qu'elle tournait une nouvelle fois à l'angle du couloir, elle se heurta à deux gardes qui lui attrapèrent chacun un bras pour la maintenir. Joanna se débattit de nouveau, tentant sans succès de donner des coups de pieds dans les deux armoires à glace.

« C'est inutile de te débattre. Tu n'as rien à craindre ici, je te le promets. Tu es sous ma protection. » expliqua l'homme au cheveux blanc qui s'était de nouveau rapproché d'elle. Elle s'apprêtait à lui dire le fond de sa pensée grâce à une flopée d'insultes –ce qui, elle le savait, aurait été totalement inutile mais l'aurait grandement soulagée- mais seule une exclamation franchit ses lèvres lorsqu'elle sentit l'aiguille d'une seringue se planter dans le creux de son cou. Le traître. L'effet fut immédiat. Joanna sentit ses muscles se relaxer, si bien que ses jambes furent incapables de la porter lorsque les gardes la lâchèrent. Ce n'était pas un calmant car elle était parfaitement consciente et pouvait garder les yeux ouverts. Mais elle ne pouvait ni parler, ni bouger. Et cela lui rappela le jour où elle devait sortir de l'hôpital...

Sur ton chemin | Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant