Nuit écarlate

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Ce one-shot reprend les événements du film lors de la nuit écarlate où Leonora Lesso a été amené à l'École du Mal.

Ce one-shot reprend les événements du film lors de la nuit écarlate où Leonora Lesso a été amené à l'École du Mal

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NUIT ÉCARLATE

• Point de vue de Leonora Lesso •

J'ouvre les yeux. Un plafond noir, lisse, sans la moindre imperfection. L'odeur que je respire est semblable à celle d'un hôpital. Ce n'est pas le plafond de ma chambre. Ce n'est pas l'odeur de ma chambre.

Ce n'est pas ma chambre.

Je veux me lever. Un larsen me vrille aussitôt le crâne, m'immobilisant net. Je me contente de tourner la tête : elle est lourde. Le fait de bouger active le reste de mon corps qui se trouve, tout à coup, parcouru de dizaines de picotements. Mes mains, mes bras, mes jambes se mettent à bouger tout seuls. Je tremble, la douleur s'intensifie. Je veux crier, je veux hurler mais je ne peux pas. Ma bouche est paralysée.

Je n'ose plus bouger. Je déglutis douloureusement. J'essaye de ressentir le poids de mon corps, le contact de chacun de mes membres sur le lit. Je tente de bouger mes doigts, mes orteils : j'y parviens sans difficulté.

Je me risque à tourner la tête. Mes yeux tombent sur une table de nuit épurée en bois blanc, sur laquelle repose une lampe de chevet allumée qui dispense une faible clarté.

Une certitude entre en moi, grandit, devient énorme et avec elle, quelque chose de plus grande encore, quelque chose d'incontrôlable : la panique. Ce n'est pas ma chambre. Ma poitrine se soulève de manière frénétique comme si la mécanique de mes poumons déraillait, s'emballait au rythme de mon cœur qui cogne à en faire mal.

Hier, je me suis endormie chez moi, dans mon lit, en regardant la nuit étoilée avec mes parents et mon frère aîné. Lorsque j'ai fermé les yeux, j'ai remonté ma couette sur mon visage. J'ai dormi d'un trait, d'un de ces sommeils pleins et opaques qui ne laissent aucune place aux songes.

Et je me réveille dans une pièce inconnue, dans une chambre qui n'est pas la mienne, un lit qui n'est pas le mien.

Je déglutis. Et remarque que mes doigts ont disparu dans mes poings, ces poings qui serrent le tissu sous lequel je suis encore à demi enfouie.

Lentement, je les ouvre. Lentement, je souffle. Lentement, je tente de calmer ma tempête intérieure. Et observe les lieux qui m'entourent : la salle dans laquelle je me trouve doit mesurer une soixantaine de mètres carrés. La superficie laisse la place à trois armoires, trois autres lits et autant de tables de nuit éclairées de bougies. Au-dessus de l'unique porte de la pièce, une pendule affiche dix-sept heures. Un mur noir, un plafond sombre, des tableaux au mur représentants des personnes que je ne reconnais pas. Tout ici semble évoquer un cadre angoissant, presque froid.

Les apparences ne me semblent de toute évidence pas trompeuses. Je clos mes paupières, j'ai la tête qui tourne à nouveau, mes tempes pulsent comme si mon cœur avait quitté sa cage thoracique pour venir se loger dans mon crâne et le marteler.

Il faut que je me lève. Je repousse les couvertures et m'assieds sur le bord du lit. Je porte une longue chemise de nuit. Noire, elle aussi. Mes pieds sont nus. Je les pose par terre : la sensation de fraîcheur qui me gagne me fait du bien, m'ancre au sol, me raccroche à la réalité, au tangible.

Je me redresse, vacille, tente de me rattraper au matelas derrière moi. Trop tard : je chute à terre. Surprise, j'essaye à nouveau de me remettre sur pied en m'agrippant au lit. Ce simple geste me demande un effort immense, me donnant l'impression que mes os sont écrasés par une gravité décuplée, mais je parviens à me relever.

Je fais un pas, puis un autre. C'est curieux, cette sensation d'étrangeté ; comme si mon corps redécouvrait l'usage de la marche ; comme s'il avait oublié la faculté de se maintenir debout, en équilibre, et de se déplacer. Que m'est-il arrivé ?

J'entends des bruits de pas. Il faut que je trouve une échappatoire, une sortie, une issue, une solution, quelque chose. Je dois trouver un moyen de m'enfuir d'ici.

Je vois une fenêtre sur ma droite. Je penche la tête vers le sol pour mesurer la distance entre la pièce et le sol. Je ne suis pas très haute. Je pourrais facilement l'enjamber. Les bruits de pas se rapprochent de plus en plus. Prise de peur, j'ouvre la fenêtre sans faire de bruit et l'enjambe, comme prévu. Je touche le sol, vacille et chute à terre, prise de vertige. Je ne me suis jamais sentie aussi faible.

Je regarde autour de moi, une immense forêt se dresse à perte de vue.

Je me dirige vers l'obscurité.

Recueil - Leonora LessoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant