Chapitre 1

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Moi c'est Lexie et je vais vous raconter ma fabuleuse histoire.

Mon histoire débuta dès mon plus jeune âge.

Je vivais seule avec Andy, mon père, dans une petite maison en bois non loin de la ville qui bordait une immense forêt. Elle m'était interdite à cause des nombreux animaux sauvages qui pouvaient y roder. Ma maison grande et spacieuse ressemblait à ces petites maisons de campagne. Tous nos meubles étaient exclusivement issus de la récupération.

Régulièrement, aussi loin que je me souvienne, j'apercevais des papillons passer dans ma maison. Un jour j'en aperçus un rouge, le lendemain un bleu ou jaune. Je ne savais jamais à l'avance quelle teinte viendrait colorier ma journée. Je m'amusais avec eux, ils se posaient sur mon nez ou mon lit, volaient entre mes doigts. J'adorais essayer de les attraper, c'était un jeu pour moi. C'était un vrai plaisir de les voir virevolter dans ma demeure et souvent ils me redonnaient le sourire. En grandissant, j'avais tenté d'en parler à mon père. Celui-ci ne voyait absolument rien et bien-sûr croyait qu'il s'agissait d'amis imaginaires ou encore un monde que je m'étais inventée. Ce sujet était source de tension entre nous. Ce qui me gênait le plus c'était que personne ne percevait ces papillons, seulement moi. Pourtant, je les voyais, ils étaient bien réels et volaient dans toutes les pièces.

Papa toléra mes fantaisies durant des années, mettant cela sur le compte d'une imagination débordante.

Comme les filles de mon âge j'avais pour habitude de me lever tous les matins de bonne heure pour aller à l'école. Dans le bus, je retrouvai Laura, ma meilleure amie. Avec ses cheveux roux frisés, elle s'attirait la jalousie de toutes les filles qui l'enviaient aussi pour son intelligence. Elle était plus petite que moi mais il fallait dire que j'étais très grande par rapport à mes camarades. Sur le trajet, les solutions pour prouver à mon père que j'apercevais ces êtres magnifiques accaparèrent mon esprit. Comment allais-je faire pour lui prouver que je voyais ces papillons ? Remarquant mes distractions, sur le trajet du retour, Laura osa me demander l'auteur de mes troubles. J'étais contrainte à lui raconter mon jardin secret caché jusque-là. A ma grande surprise, Laura me crut. Elle avait été un peu sceptique au début, mais j'avais réussi à la convaincre.

— Tu devrais les prendre en photos, me suggéra-t-elle alors. Tes papillons. Si tu réussis, ton père ne pourra plus douter de toi et sera contraint de te croire.

Ma chère meilleure amie avait eu là une idée de génie, comme toujours !

En rentrant à la maison, je montais directement dans ma chambre en prenant au passage l'appareil photo de mon père. Seulement, aucun papillon n'était apparu ce soir-là.

Ce fut le lendemain matin que j'eus la chance d'en voir un. N'ayant pas rangé mon matériel je pris un cliché de mon fameux papillon. Tellement contente d'avoir accompli ma mission, je descendis montrer la photo à mon père. Seulement, je fus surprise de ne rien apercevoir sur l'écran. Pas une trace d'ailes ou de couleurs sur l'écran. Mon père avait-il raison ? Étais-je devenue folle ?

Perturbée par les évènements de la veille, je racontai mes péripéties à Laura. Celle-ci passionnée par les vampires, loup garous et tous autres bêtes légendaires, me parla de la théorie du « papillon vampire ». Un papillon pouvant être perçu à l'œil nu mais pas sur les photos. Cependant, son histoire paraissait peu probable puisque mon père ne les voyait pas. J'osai donc une plaisanterie innocente à mes yeux mais qu'elle n'apprécia pas. Etant arrivée à destination, elle prit son sac et m'abandonna.

Pendant des jours j'étais seule, Laura refusa de me parler. Elle avait été vexée que sa meilleure amie ne la croit pas et se moque des choses auxquelles elle croyait. Les jours passaient et je refusais d'aller à l'école. J'étais seule, moi qui n'avait qu'elle comme amie. Mais ma figure paternel m'y obligé. J'avais essayé de me réconcilier avec elle sans succès, elle avait déjà raconté mon histoire à toute l'école me faisant passer pour une folle, me laissant plus seul que jamais. Cela ne me réconforter pas dans l'idée d'être folle.

Puis à 14 ans, considérant que c'en était trop et qu'à mon âge on n'avait plus d'amis imaginaires, j'avais décidé de voir une psychologue. Mon père avait hésité un long moment avant d'accepter. Les séances se passaient dans une salle blanche très calme. La psychologue toujours coiffée d'un chignon blond et habillée d'une jupe courte et d'un chemisier blanc s'asseyait sur un fauteuil marron derrière un bureau noir. Moi, je prenais place sur un divan rouge en cuir. Pendant nos séances, elle m'interrogeait sur mon enfance, la perception de ma vie et de l'école. Des questions sur mes habitudes quotidiennes et alimentaires. On finissait souvent par aborder le sujet des papillons. Elle me demandait de quelles couleurs ils étaient, si je les voyais souvent, à quelle heure précisément, si je ne les voyais qu'à la maison,... Une fois elle m'avait questionné sur les rapports que j'avais avec mon père. J'avais même dû lui parler de maman, mais je ne faisais que répéter bêtement ce que papa me disait depuis des années : qu'elle était morte en me mettant au monde. C'était un sujet assez sensible à la maison et nous n'avions jamais pour habitude d'en parler.

Je répondais à ces questions sans trop savoir ce que cela allait m'apporter. Je voyais que même mes réponses la laissaient perplexe. Après des dizaines de séances, elle avait voulu s'entretenir en privée avec mon père mais je n'avais jamais su ce qu'ils s'étaient dit.

Ce jour-là, en rentrant de chez la psychologue, papa était resté muet tout le long du dîner, figé sur son assiette de carbonara. Son état m'inquiété puisque d'habitude il parlait toujours mais durant ce repas, rien, pas un mot. On était parti se coucher sans un mot. La nuit avait été extrêmement longue, je n'avais cessé de penser au repas, à son silence.

Le lendemain matin, il réussit finalement à m'avouer que la psychologue me pensait folle et prescrire un lourd traitement mais il n'avait pas su m'en parler la veille.

— Pourquoi veut-elle faire cela ?, lui demandai-je. Pourquoi ?

— Pour te donner des tas de médicaments. Je ne veux pas de cette vie pour toi, c'est trop lourd.

— Mais si c'est nécessaire pour guérir cette folie, il le faut !

— Oui ! déclara-t-il, peiné.

Le ton avec lequel il s'adressa à moi trahissait sa peine et sa douleur. Je décidai d'abandonner ma requête et me rendre à l'école.

La fille papillon [Tome 1] / TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant