Arrivées devant deux gigantesques arbres dont les plus hautes branches s'entrelaçaient formant une arche surplombant un chemin de pierres blanches, j'aperçus plusieurs papillons multicolores virevoltant et donnant l'illusion des feuilles. La danse de ces petites créatures ailées conférait à ce paysage une beauté et une tranquillité sans pareil.
— Nous y sommes !, déclara la petite elfe.
— C'est ici sa maison ? Elle vit dans l'un de ces arbres ?
— Non, voyons ! répondit-elle amusée. La reine ne vit pas dans un arbre, mais dans un château !
— Où se trouve le château ?
Elle pointa avec son index le sentier de pierres blanches.
— Il te suffit de suivre ce chemin et tu y seras ! Je ne peux pas t'accompagner. Seul son entourage le plus proche est autorisé à y pénétrer !
— Tu n'as pas le droit ?, m'étonnai-je en la fixant.
— Si, bien sûr que si. Seulement, nous n'osons pas. Seuls ceux qui sont proches d'elle se le permettent et ils sont rares.
— Ne l'es-tu pas ?
— Un peu, murmura-t-elle. Je suis surtout très timide et n'ose pas prendre mes aises avec la reine.
J'acquiesçai avec un petit hochement de tête. Alors que je discutais avec Amélie, je vis du coin l'œil, une femme avancer sur le petit sentier.
Je fixai mon attention sur elle et cessai de parler pour mieux la contempler.
Ses longues ailes couleur or brillaient. Elle était vêtue d'une robe sirène à paillettes dorées, échancrée de part et d'autre laissant apparaître ses jambes longilignes mises en valeur par les escarpins en cristal qu'elle portait. Ses cheveux bruns soyeux aux reflets roux tombaient en cascade derrière son dos.
— C'est la reine Amandine, murmura Amélie à mon oreille.
L'une des rares choses que mon père avait daigné partager avec moi au sujet de ma mère était son prénom : Amandine. Maintenant que la petite elfe venait de le prononcer, je compris que c'était elle. Au bout de toutes ces années, après tous ces mensonges, ma mère se tenait devant moi et je comprenais pourquoi mon père disait qu'elle était sublime.
— Wouah ! Elle est magnifique !
— Oui splendide, confirma Amélie.
— Amélie, je t'ai déjà dit que tu pouvais rentrer quand tu venais me voir.
L'elfe s'inclina devant elle comme au moyen-âge et je l'imitai.
— Je vous en prie, intervint Amélie. Vous n'avez pas à vous incliner devant moi. Relevez-vous.
Je ne pus m'empêcher de sourire devant son commentaire. Nous venions à peine de nous rencontrer et voilà que je nous trouvais déjà un point commun. Amélie et moi nous redressâmes et nous excusâmes en chœur.
— Qui as-tu amené au château ma chère Amélie ? demanda Amandine.
— C'est votre fille, elle souhaitait vous voir.
« Cela s'est donc produit. »
Malgré les quelques mètres qui nous séparaient, je réussis à parfaitement distinguer ses paroles, à peine murmurées. J'en étais persuadée maintenant, mon ouïe s'était développée. Avant j'aurais été incapable d'entendre ce qu'elle avait chuchoté. Amandine s'avança vers moi et me serra dans ses bras. Sa proximité réveilla ce besoin que j'avais ressenti toutes ces années de sentir sa chaleur, son amour.
— Maman, dis-je d'une voix étranglée pour la première fois de ma vie pendant qu'une larme m'échappa et coula le long de ma joue.
Elle se détacha de moi et tendrement, l'essuya. Son regard était tendre, son visage apaisant. Il lui suffisait de poser les yeux sur moi pour me rassurer.
— Ma puce, tu m'as tellement manqué ! dit-elle émue.
— Toi aussi.
Elle caressa de ses longs doigts ma joue, et ce geste si doux, si maternel, m'arracha quelques larmes encore.
— C'est Andy qui t'a envoyé ? demanda-t-elle sans desserrer son étreinte.
— Oui !
— Viens, me pria-t-elle en saisissant ma main dans la sienne. Allons-nous promener dans la forêt.
En compagnie d'Amélie, elle me fit visiter son royaume et m'abreuva d'anecdotes, retraçant notre histoire. Elle me parla de son devoir de protéger la forêt et ses habitants. M'informa de l'existence de créatures malveillantes et bienfaisantes.
— Je devais faire régner la paix entre les habitants de la forêt. C'est pour cette raison que j'ai dû vous abandonner ton père et toi. Je ne pouvais pas vous emmener. Ton père devait t'élever et toi tu devais avoir une vie normale, aller à l'école. Mon identité, le monde magique, tout ça devait rester secret. Si les Hommes venaient à apprendre notre existence, une guerre éclaterait.
— Et si cela devait arriver ?, demandai-je paniquée en regardant autour de nous.
— Ne t'inquiète pas. Notre monde est protégé par un bouclier transparent.
Un peu comme celui des schtroumpfs ? Je faillis poser la question puis me ravisai. J'ignorais si ma mère savait ce qu'étaient les schtroumpfs.
— Il nous protège, poursuivit ma mère. Il permet aux humains de ne pas pénétrer ici et de ne pas nous voir.
— Si mon père est un humain et toi une créature magique, comment avez-vous pu vous rencontrer ?
— Cela demeure un mystère. Andy est le seul humain à avoir réussi à entrer dans notre monde. Il est très spécial tu sais, ajouta-t-elle. Comme toi...
Alors que ma mère continuait à partager notre histoire avec moi, elle s'arrêta et fixa mes ailes.
— Oh ! Je n'ai jamais vu rien de tel ! Ma chérie elles sont magnifiques !
— Merci.
— Regarde Amélie, te souviens-tu de ces ailes dans le livre magique ?
— Euh.... Oui vaguement. Pourquoi ? l'interrogea Amélie.
— Ce sont les mêmes ! s'exclama Amandine.
La petite elfe plissa les yeux puis son visage s'éclaira.
— Non ! Ce n'est pas possible ! La légende est donc vraie, ma reine ?
— Je ne sais pas. Nous devrions interroger celui qui s'y connaît le mieux !
— Quelle légende ?, intervins-je, affolée par leur échange.
— Nous t'expliquerons plus tard ma fille.
Encore ce refrain. Toute ma vie, mon père m'avait servi cette phrase sans sens et aujourd'hui ma mère s'y mettait. Voilà un point commun entre Andy et elle.
— De quoi parlez-vous ? C'est quoi cette légende sur mes ailes ? Je ne comprends plus rien.
— Suis-moi, me dit ma mère. Rentrons au château. Tu pourras te reposer après toutes ces émotions. Je t'expliquerai tout par la suite.
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La fille papillon [Tome 1] / TERMINÉE
ParanormalAu début, mon père me pensait folle car je percevais des papillons multicolores que lui ne voyait pas. Il m'interdisait d'entrer dans la forêt derrière chez moi . Mais pour quelles raisons? C'est le jour de mes 16 ans que je compris pourquoi. Un évé...