Infinity

La peur du changement

« Pourquoi est-ce que l’on doit autant souffrir en amour ? » Assise sur le lit, ne sachant où aller d’autre que la maison où je me suis toujours sentie en sécurité. Les larmes ne voulant pas s’arrêter, le maquillage bafouillé, je pourrai ressembler à un déguisement pour Halloween !

« Tu veux vraiment que je te réponde ? Avec la seule expérience amoureuse qui remonte à la crèche ? » Annonce mon petit frère avant de s’installer à son tour juste à côté de moi. Il sourit doucement et me jette un léger coup d’épaule et un silencieux rire s’échappe. Il se rapproche et dépose sa tête sur mon épaule et passe ses bras autour de mon biceps pour le serrer autant qu’il le peut. « Elle aurait pu te répondre en te disant un truc du genre, l’amour fait mal parce que c’est l’amour. Lorsqu’on s’autorise à aimer, il faut savoir accepter de souffrir et de laisser aller pour se retrouver et ouvrir son cœur à la prochaine personne. » Alors là, il est vraiment fort ce gamin, c’est exactement ce qu’aurait dit notre mère !

Je soupire sachant qu’il a raison, posant à mon tour la tête sur son front et de regarder à l’horizon dans un silence confortable. Une étoile brille plus que les autres et je me rappelle de ma mère, ce qu’elle était et à quel point elle peut me manquer, nous manquer, mais qu’elle aurait voulu nous voir tous heureux. Cette merde est arrivée, ne nous donnant pas le choix que de vivre sans elle et c’est lui qui en souffre le plus mais pourtant, c’est lui qui a la meilleure façon de me réconforter. « C’est exactement ce qu’elle m’aurait dit, merci puceron » et j’enroule mes bras autour de ses épaules le rapprochant pour une étreinte.

« Alors, c’est James qui te fait autant souffrir ? Je peux lui toucher un mot s’il te traite mal ! » Et rien qu’avec cette phrase, j’éclate dans un petit fou rire. Imaginez le gringalet qu’il est face à mon mari qui fait 3 fois sa taille en corpulence. « Ouais, je pourrai quand même essayer ! Plus sérieusement, qui ose faire autant souffrir ma grande sœur ? » Et je souris quand il se montre protecteur, mon petit oisillon essayerait il de voler seul ? Je suis si fière de sa maturité gagnée depuis qu’il pense être l’homme de la maison même s’il reste avec mon père. Les moments où je le vois sourire sont devenus rares et je profite à chaque son doux qui peut sortir de sa bouche.

« C’est une femme, James est super comme toujours » je lui offre en espérant qu’il s’en contente mais son regard insistant m’invite a continuer. « Tu te souviens quand je t’ai dit que James et moi étions en accord sur une amitié extra plutôt qu’un mariage ? » Il acquiesce en silence et je soupire, je suis en train de raconter ma vie amoureuse à un adolescent d’à peine quinze ans ! « Je travaille avec une actrice que j’admire beaucoup et dont je pense être tombée amoureuse. Lorsque j’en ai parlé avec James, nous avons compris qu’il n’y avait plus le même amour entre lui et moi. Cela arrive parfois, quand l’amour devient amitié mais avec des sentiments forts. J’aime James et ça sera pour toujours mais nous ne sommes plus sur la même teinte qu’à nos débuts. Je suis tombée amoureuse d’une femme, merde elle ne me calcule même pas, elle est fiancée. Tout ce que je fais pour lui montrer ce que je ressens est un échec, on s’est parlé hier, ou plutôt elle a parlé et j’ai un peu crié. Je pense qu’elle a compris maintenant et c’est encore vers lui qu’elle court. Elle m’a fait croire que j’aurai pu avoir une chance en me câlinant, m’embrasser sur la joue et parfois passer au flirt. Je ne sais plus quoi en penser, je sais ce que je veux mais est-ce que je ne me suis pas trompée sur ce qu’elle ressent ? Je peux avoir imaginé toute cette histoire et souffrir pour rien ? » Les larmes reviennent mais je les contiens cette fois, je ne veux pas que mon petit frère me voit aussi vulnérable, du moins, plus que je ne le suis vraiment.

« Peut-être tu n’as rien imaginé mais qu’elle n’est simplement pas prête pour se l’avouer ? » merde ce gamin est vraiment plus intelligent et mature que moi ! Je n’ai même pas pensé qu’elle pourrait être tout autant en conflit que moi au départ. N'ai-je vraiment agi que pour moi-même ? Je pense que oui, je veux tellement me protéger, faire que cette douleur s’atténue. Et si je dois oublier ce que Lizzie ressent alors je passerai par là, besoin d’espace ou non, je dois oublier ce que je ressens pour elle ! « La terre appelle Alya » et c’est là que je comprends que je me suis encore perdue dans mes pensées, une fâcheuse tendance ces jours-ci. Je me tourne vers Ethan qui me fixe d’un air inquiet. « Tu l’as revu c’est ça ? »