Reste avec moi

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PDV Alya

Les premiers rayons d'un soleil encore timide, peinant à se montrer et pourtant, l'air semble lourd. La fraîcheur de la nuit se terminant s'en est allé, balayée par le vent chaud du jour qui se lève. L'ombre laisse doucement place à une lumière d'une légèreté semblable à un voile qui tombe lentement sur le sol. Difficilement, les yeux fatigués tentent de s'y habituer, perdus par le temps qui avance. Les arbres habituellement humides à cette heure, semblent vouloir se délecter de cette chaleur émanant d'un levé de soleil avancé, laissant pénétrer les lueurs jaunes entre les feuilles. Une silhouette m'offre un instant d'ombre, difficile de lever les yeux, bien trop peur de les ouvrir sur la mauvaise personne. Cela ne peut être l'unique femme que mon corps en entier désire apercevoir, peu de force me tient compagnie, le risque de m'effondrer d'un seul regard menace. Le parfum léger et discret, le rythme de la respiration, le bruit des talons hauts claquant les pavés extérieurs, je sais qu'il ne s'agit pas de mon Elizabeth.

« Je... James m'a dit et... Je ne sais que dire, peut-être désolée ? » Un long soupir m'échappe, elle essaye fort, ça, je peux lui accorder. Mais est-ce vraiment la personne à qui je veux me confier ? « Du café ? » Une douce et tendre chaleur picote ma cuisse, dans un premier temps, un mouvement de recul se fait, surprise par le toucher sur ma peau nue. C'est alors que je réalise, je suis toujours en serviette de bain, sur le perron, à la vue de tous ! « Ne t'inquiète pas, il n'y a personne à part moi, à moins que tu ne veuilles que je m'en aille ? Ça me va si c'est le cas, c'est juste que...»

« C'est bon Sam, tu peux rester » La coupant en vol, ne voulant pas la regarder se perdre dans des explications quand il n'y en a pas besoin. Elle m'accorde un signe de tête et tourne son regard droit devant elle, laissant à nouveau le bruit des feuilles, chatouillées par le léger vent, remplir le silence. J'ouvre enfin les yeux, difficilement, les paupières ne voulant pas coopérer, dans une grande inspiration, je tourne le regard vers la jeune femme toujours présente. J'admire ses traits fins, parfaitement dessinés, laissant une simple ligne contourner son visage sans rature. Sa peau d'une couleur très pâle et naturelle, ses yeux contournés d'un maquillage à peine visible. Ses lèvres retroussées en un demi-sourire, se perdant dans la mixture chaude lorsqu'elle en prend une gorgée. Cette femme semble si patiente, attendant simplement une réaction de ma part, ou profitant simplement du calme à son tour. Portant la tasse encore fumante à mes lèvres, je reconnais immédiatement ma préparation préférée, moitié café et moitié chicoré. Je souris à contre-coeur, poussant son épaule de la mienne maladroitement, une façon d'attirer son attention. « Merci pour le café »

« C'est James qui l'a préparé, je n'ai pas de mérite » Elle hausse les épaules, sans même détourner son regard de la route, face à nous. Un hochement de tête, je lui confirme l'avoir entendu, laissant les minutes s'écouler, ce n'est pas si désagréable finalement, d'être en compagnie de Sam, lorsqu'elle n'en fait pas trop. Son portable sonne, mais elle évite l'appel, ma curiosité me pousserait presque à lui demander des comptes, mais mon envie d'être en paix la remercie pour le silence accordé. Ses doigts pianotent l'écran de son smartphone aussi vite que ceux d'un clavier d'ordinateur, son expression commence à se faire nerveuse. Perplexe, le regard la fixant, son corps s'agite légèrement sur place mais avant que je ne puisse lui poser la moindre question, une voiture franchie l'allée. « Je crois que James m'appelle » Et la voilà éclipsé, presque téléportée à l'intérieur de la maison.

Ne prenant pas la peine de lever les yeux vers la nouvelle silhouette debout, mais surtout par envie de tranquillité, j'en viendrais presque à lui hurler de s'éloigner. Est-ce trop demandé, d'être seule ? De vouloir se noyer dans le chagrin, en serviette de bain, sous mon propre perron ? Maintes fois, j'ai tenu mon téléphone, le contact de Lizzie ouvert à l'écran, ne pouvant me résoudre à l'appeler. A écrire de nombreux messages, effacés pour la plupart, restant dans les brouillons pour les autres. Une nuit à me demander comment j'allais pouvoir l'aborder, sachant que nos scènes ensembles doivent être tournées aujourd'hui. Il n'est plus possible de l'éviter, plus possible de faire comme si le problème ne se posait pas. Et pourtant, je meurs d'envie de la voir, de la toucher, de lui offrir mes bras pour qu'elle puisse s'y reposer. De l'écouter s'enjouer d'une scène qu'elle aimerait tourner, de la calmer lorsqu'elle panique d'un éventuel envol dans les airs. De sentir ses lèvres sur les miennes, ses mains caressant mes cheveux, jouant des plus petites mèches sur ma nuque. Mon estomac grogne, de fin ou d'angoisse, cela est encore à déterminer. Une agréable odeur me parvient, une inspiration approfondie et je, ce parfum, il ne met pas inconnu. Sans attendre, j'ouvre à nouveau mes yeux, croisant un océan émeraude, sa mine attristée, ses joues creuses et son teint blanchâtre. Merde, elle fait peine à voir, quoi que, je ne dois pas être des plus présentables actuellement. Dois-je la prendre dans mes bras ? Oublier ces derniers jours ? Oublier qu'elle m'a peut-être menti ? Une larme s'échappe, roulant le long de sa joue déjà humide, ses yeux cherchant quelque chose dans les miens.

InfinityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant