Chapitre 17

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Je soupire et grogne en tournant en rond dans mon lit, cherchant tant bien que mal une position pour rester tranquille. Non, en réalité, j'essaie désespérément de trouver quelque chose à faire, mais il n'y a rien autour de moi et je m'ennuie à mourir. Spencer est dans un coin, en train de réviser ses cours et je ne veux surtout pas le déranger, alors je ne lui parle pas. Donc, la seule chose qu'il me reste à faire est de faire une sieste.

Heureusement, j'entends bientôt des coups contre ma porte et je suis presque en train de crier de joie pour accueillir la personne, qui qu'elle soit. Et lorsque je vois le visage juvénile de Noémie, un véritable sourire monte sur mon visage, comme je n'ai pas l'habitude d'en voir un.

— Noémie !

Je suis surprise d'être aussi heureuse de la voir. Est-ce que c'est parce que je suis heureuse de trouver une distraction ou alors c'est simplement cette jeune femme douce et tendre ? En réalité, je pense que c'est parce que c'est elle. Elle adoucit quelque chose dans ma poitrine et j'ai la soudaine envie de me mettre à pleurer pour qu'elle me prenne dans ses bras et me console. J'arrive néanmoins à me contrôler et lorsqu'elle fait un pas vers moi, je vois le soulagement sur son visage.

— Ava, soupire-t-elle. Mon Dieu, je suis venue dès que j'ai appris... Je viens d'aller voir Lia, mais je ne pouvais pas partir sans t'avoir vu. Comment tu te sens ? Tiens, j'ai fait des gâteaux et je t'ai ramené des livres. Ce sont des cadeaux, évidemment. Et des marque-pages ! J'ai même ramené des illustrations sur le roman que tu as lu, j'espère que ça te plaira et que...

Elle pourrait continuer de parler pendant des heures, j'en suis sûre, mais quand elle est assez proche de moi, je n'arrive plus à me contrôler. Elle est trop gentille, trop douce, et je vois dans son regard à quel point elle était inquiète et rien que pour ça, je me sens faiblir. Alors, lorsque j'enroule un bras autour d'elle, je la serre contre moi sans pouvoir me contrôler.

Je ne la connais pas, je ne sais même pas son nom de famille et la seule raison pour laquelle je l'ai rencontré, c'est parce que les Kiss of Death m'ont indiqué sa librairie dans la liste des lieux à visiter, pourtant, je me sens proche d'elle comme je ne l'ai jamais été. Elle touche quelque chose en moi que personne n'a jamais effleuré de ma vie, pas même ma famille.

— Merci d'être venue, murmuré-je.

Elle n'est pas tellement surprise de me sentir contre elle, au contraire, on dirait que c'est ce qu'elle attendait, parce que ses bras me serrent contre elle aussi vite que possible et je l'entends pousser un long soupir de soulagement.

— Ne me remercie pas, me répond-elle. Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt, je ne l'ai appris qu'en arrivant à la librairie ce matin, en voyant les décombres de l'accident... Mon Dieu, je me suis imaginé le pire.

— Comment va Eliana ?

— Elle va bien. Elle a eu peur, mais ça va mieux. Keir et Alex s'occupent d'elle avec Cassie.

Je hoche la tête en continuant de la serrer contre moi. Sans que je ne m'y attende, quelque chose se rompt en moi et je sens la panique m'envahir. Je revois la voiture me foncer dessus, je réentends les hurlements de Eliana et les miens, puis le bruit de l'impact et les flashs de souvenirs lorsque je tente de réveiller Eliana. Quelque chose se fissure en moi et je me mets à sangloter si fort que je suis surprise que ça sorte de moi et sursaute.

Noémie ne dit rien, elle me serre plus fort contre elle alors que je pleure dans ses bras en m'accrochant à elle, sans pouvoir m'arrêter de trembler. La douleur dans ma poitrine me retourne le crâne et je ne sais plus quoi faire ou quoi dire. Je revois le moment où la voiture nous a foncé dessus, où mon corps s'est arraché du siège, où la ceinture de sécurité m'a brûlé la peau, où les airbags ont explosé, puis, le trou noir entre deux reprises de conscience. Rien d'autre.

Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant