Chapitre 26

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C'est la seconde fois que Harry se gare dans l'allée de Trevis Black de la journée, mais cette fois-ci, je suis bien plus détendue et apaisée. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés autour de ce lac, mais il fait maintenant complètement nuit et je ne me sens pourtant pas du tout fatiguée. Au contraire, j'aurais pu rester là-bas encore des heures. Encore des heures à embrasser Harry, à découvrir son corps, à échanger sur nos vies et nos souvenirs, sur nos aspirations et nos rêves. J'aurais pu y rester toute la vie.

Mais finalement, c'est mon ventre qui a commencé à nous rappeler à l'ordre : je meurs de faim et dès que Harry a entendu le premier gargouillement, il m'a attrapé pour aller dans un restaurant avant de nous ramener directement ici.

Quand j'arrive, la maison semble endormie et Trevis n'est pas penché devant la fenêtre pour nous surveiller, alors je me sens plus sereine quand je descends de la moto et retire le casque. Je le rends à Harry et esquisse un sourire quand il se penche en avant et m'embrasse. Ça me paraît si simple, si doux, que je crois rêver.

— Tu restes dormir ici ?

— Je ne pense pas que ton grand-père sera d'accord avec ça, sourit-il.

Je roule des yeux en grognant et croise les bras sur la poitrine alors qu'il range son casque et prend son temps avant de se retourner vers moi. Quand il découvre ma moue, il rit et secoue la tête.

— Il dort sûrement déjà, il n'en saura rien.

— Tu ne connais clairement pas Trevis Black. Cet homme sait tout et encore plus ce qui se passe sous son toit.

Il a raison et quand il croise mon regard, il le sait. Je ne connais pas Trevis Black et l'idée qu'il puisse le connaître mieux que moi, alors qu'il s'agit de ma propre famille, me donne une impression de déséquilibre émotionnelle. Mais je ravale tout ça et hausse les épaules.

— Il a bien dit que c'était chez moi aussi, le temps de mon séjour, non ? Parce que sinon, je retourne à l'hôtel.

— Tu arrêtes de te braquer, rit-il. Viens, je te ramène.

— On est déjà arrivés.

— Jusqu'à ton lit.

Quand je comprends le sous-entendu, un petit sourire naît sur mon visage et je hoche la tête. Il enroule son bras autour de mon buste et me soulève sous un de mes petits cris et me trimballe jusqu'à la porte d'entrée. Quand il me repose sur le sol, j'ai envie de sauter dans ses bras et m'y raccrocher pour ne pas perdre cet instant si doux et si tendre que nous partageons. C'est tellement nouveau pour moi que j'ai peur de ne jamais pouvoir revivre ça, alors je veux m'y raccrocher autant de temps que possible.

La porte ouverte, je le tire déjà vers les escaliers pour monter dans ma chambre, quand j'entends du bruit venir du salon et mon corps s'immobilise aussitôt. La lumière de la télévision est assez puissante pour éclairer le couloir et je grommelle en prenant conscience que Trevis n'est pas en train de dormir. À moins qu'il se soit endormi sur le canapé.

Harry me lance un regard que je comprends aussitôt. On ne peut clairement pas monter dans la chambre comme des adolescents qui se cachent, alors que le maître de maison est juste là. Je déteste ma bienséance et encore plus l'attention particulière que porte Harry envers son président.

Je finis donc par arriver devant la porte menant au salon, pour découvrir Trevis tranquillement installé dans un fauteuil, non pas devant la télévision, mais devant l'ouverture, juste en face de moi. Quand je prends conscience qu'il nous attendait, une gêne palpable m'envahit et je fronce aussitôt les sourcils en croisant les bras sur ma poitrine.

— Bonsoir président.

La voix de Harry est plutôt basse, comme gênée. Évidemment, il est gêné, parce qu'il y a encore une heure, il me prenait sauvagement à même le sol, sur une couverture, autour d'un lac en pleine nature. Et quand je vois Trevis poser son regard sur lui, je vois qu'il le sait pertinemment.

Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant