Chapitre 14

7.1K 439 121
                                    

Lorsque je ferme la porte de la chambre, j'ai l'impression que tout le poids de cette matinée et de ces révélations me retombe sur les épaules. Normalement, je devrais être revigorée et excitée de résoudre cette situation, mais au contraire, je me sens prise de court et j'ai la soudaine envie de me plonger dans le lit et oublier tout ce que je viens de découvrir.

Pourtant, dès mon premier pas dans la chambre, mes sens se réveillent et je redresse la tête, à l'affût. Il y a quelque chose de différent. Lorsque je regarde le lit, je retrouve la literie défaite après notre nuit avec Harry, il y a quelques vêtements par terre, mais je sens que quelque chose n'est pas normal. Et quand je pose mon regard sur le bureau, mes doutes se confirment.

« Merci. »

Il y a un de mes post-it posé sur une enveloppe kraft pleine avec ce simple mot et je sens mon estomac se tordre. Tous mes instincts me font comprendre que je suis en danger et je me retourne aussitôt vers la porte pour rester concentrée et voir le moindre mouvement autour de moi. Cette enveloppe n'était pas là ce matin, ni hier soir. Quelqu'un est donc venu dans cette chambre quand j'étais à l'hôpital, peut-être même qu'il est encore ici en ce moment.

Lentement, je m'approche du bureau pour m'éloigner de toutes les portes qui pourraient faire surgir quelqu'un derrière moi et reste dos au mur, prête à riposter. Après un regard vers le lit, je m'accroupis et vérifie le sol de la chambre : aucun pied, aucun mouvement, personne.

Alors je me relève, attrape ma gourde en acier sur ma table basse et m'approche de la porte de la salle de bain, que j'ouvre en grand avant de donner un coup dans le vide. Après une vérification, il n'y a personne dans la salle de bain non plus, ni même dans mon petit placard. Il n'y a personne. La personne est venue, mais est déjà repartie. Ce n'est pas pour me rassurer pour autant.

Je finis malgré tout par reposer ma gourde et courir vers le bureau pour attraper l'enveloppe que j'ouvre. Aussitôt, le dossier complet de William sur les Black Bikers se déverse sur le bureau et j'écarquille les yeux quand je vois ce qu'ils ont annoté.

William n'a pas fourni de photo pour permettre de reconnaître les membres du club, seulement leur nom et leurs informations, pourtant, je retrouve ici de nombreux clichés avec, pour certains, des grosses croix rouges sur leur visage. Mon estomac se retourne et je commence à fouiller frénétiquement pour retrouver les photos de mon grand-père, de son frère, de Harry et de toutes les personnes que j'ai rencontré depuis mon arrivé. Lorsque je finis enfin par tomber sur des photos d'eux, il n'y a rien de particulier, sauf pour celle de Trevis Black. Lui se retrouve serti d'un trou dans le crâne, comme une brûlure de cigarette, suivi par un point rouge au niveau du torse. Je sens aussitôt mon corps se mettre à trembler.

Au même moment, j'entends du bruit autour de moi. La seconde d'après, la porte de la chambre s'ouvre et je n'arrive même pas à bouger. Je fixe encore et encore cette photo, représentant mon grand-père souriant, assis dans un jardin, avec le visage brûlé et un point rouge dans la poitrine. C'est une mise en garde. Une menace. Ils vont finir par lui tirer une balle dans la tête et le tuer.

— Ava ?

Mon corps revient doucement sur terre quand j'entends la voix derrière moi. Lentement, je me retourne pour me retrouver confronté à Phil. Il arque un sourcil en me découvrant face à lui, comme si ce n'était pas ma chambre, comme si je ne devais pas être là. Mais finalement, il s'avance d'un pas.

— Harry ne m'a pas dit que tu étais rentrée, je suis venue faire le ménage.

En effet, je prends conscience qu'il tient le chariot de nettoyage avec lui et qu'il a des gants. Je me retourne complètement vers lui et prends une inspiration silencieuse avant de hocher la tête.

Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant