Chapitre 36

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La tension est palpable dans la salle, mais ce n'est pas seulement à cause de nos différends. Ici, l'histoire entre Keir, Niles et moi n'a aucune importance. Surtout lorsque je vois Alex refermer la porte derrière lui.

Niles est resté dehors, mais Alex a demandé à Keir et Harry de venir. Quant à moi, je suis ici en tant qu'avocate, au même titre que Samuel. Nous sommes là en tant que consultant dans l'affaire du shérif Swan. Ce même homme qui est assis autour de la table, habillée en tenue pénitentiaire, menotté.

J'ai mis de côté tous mes ressentiments quand Samuel m'a annoncé que le shérif avait été arrêté et qu'une rencontre avec Alex avait été autorisé, à la demande d'Alex lui-même. Je ne sais pas exactement ce qu'il a voulu entreprendre en la demandant, mais je peux comprendre sa volonté de régler cette histoire.

Alors, lorsqu'il s'installe face à son père et sort tranquillement son porte-monnaie pour en sortir une photo, je suis chacun de ses gestes du regard. Et quand il fait coulisser le cliché sur la table pour le poser devant son père, un petit sourire lui grimpe sur le visage.

— Voici Sacha. Ma fille. Je dirais bien qu'il s'agit de ta petite-fille, mais j'estime qu'elle mérite mieux que ça.

Fred ne baisse pas le regard sur la photo et le garde ancré dans celui de son fils, le regard noir et le visage fermé. Alex ne se démonte pas et reprend la photo pour la regarder en souriant.

— L'accouchement a été rapide, Cléa a été une battante et Sacha est née en pesant deux kilos huit. Aujourd'hui, c'est un ange qui fait toutes ses nuits. Avec Cléa, nous sommes très fiers d'être ses parents et nous l'aimons plus que tout au monde.

Il relève la tête pour planter son regard dans le sien et je vois son sourire disparaître.

— Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle décide dans la vie, quels que soient ses choix de vies, je ne pourrais jamais arrêter de l'aimer. Parce qu'elle est mon enfant, ma fille, ma chair et que je l'aime plus que je ne pourrais jamais aimer personne. Alors, quand je repense à mon enfance, je me demande ce qui cloche chez toi pour avoir été un père aussi merdique.

Le silence du shérif lui répond, mais je sens mon cœur se tordre dans ma poitrine. Alex a demandé à voir son père pour mettre les choses au clair, mais surtout, pour pouvoir avancer et me retrouver face à ce moment aussi intime me rend mal à l'aise et me donne envie de fuir.

Pourtant, je ravale mes émotions et garde le menton relevé. Je ne dois pas attirer l'attention sur mon malaise, je dois rester immobile face à cet enfant qui cherche à comprendre pourquoi son père l'a abandonné. Et ça me fait mal pour lui.

— Tu ne veux pas parler ? Très bien. Alors, écoute-moi. Quand vous avez décidé de divorcer, maman et toi, j'étais jeune et je pensais que j'étais fautif. Comme tous les enfants de divorcé, je suppose, mais j'ai pris sur moi pour protéger Liam et Dylan. J'ai fermé ma gueule quand vous vous déchiriez devant moi, quand vous me preniez à partie, quand vous me brisiez moi aussi. J'ai accepté, pour protéger les garçons. Vous m'avez brisé et après, vous avez été étonné quand je me suis retournée vers les Black Bikers ? Le père de Yann m'a toujours traité avec plus d'attention que toi. Il m'a traité comme un fils et Yann comme un frère. Ils agissaient comme une véritable famille. Et vous avez été étonné que je veuille les rejoindre ?

Le rire plein d'ironie qui s'échappe de sa gorge me fait du mal, parce que je sens la peine qu'il ressent.

— J'ai rejoint les Black Bikers parce qu'ils m'ont offert quelque chose que vous ne me donniez plus. Je les ai rejoints parce qu'ils me comprenaient et me traitaient comme un vrai membre de leur famille. Le président Black m'a tout de suite traité comme son fils, alors que toi, tu m'as rejeté ! Comment peux-tu avoir rejeté ton propre enfant ? hurle-t-il. Comment tu as pu faire ça ? J'étais un gamin et tu as décidé de...

Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant