Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragée

Chapitre 33

C'est lundi et ça fait une semaine que je suis rentrée, mais surtout, c'est aujourd'hui que je sens que quelque chose ne va pas. Si dans ma vie professionnelle, tout semble bien se passer, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas dans ma vie personnelle.

Reprendre mon travail m'a fait du bien, je retrouve l'univers qui me stimule le plus et qui me rend la plus heureuse, mais surtout, je travaille étroitement avec Samuel sur l'affaire de Cassie en parallèle et je sens que nous allons y arriver. Cassie a porté plainte la semaine dernière, envoyant le shérif en garde à vue. Même s'il a payé sa caution et est déjà ressorti, le procès est engagé et il a déjà été retiré de ses fonctions le temps de l'enquête. C'est une réussite.

À côté de ça, j'ai rendu l'examen du barreau à l'université de Dallas et William se démène pour que je passe en priorité. Ce n'est qu'une question de semaine, voire de jour. J'y crois.

J'appelle Trevis tous les deux jours pour savoir comment il va et je suis heureuse qu'il soit au mieux de sa forme, surtout grâce à Eliana qui s'est engagée à être son infirmière à domicile et qui lui rend visite tous les jours pour s'occuper de lui. Le fait qu'elle prenne du temps pour lui, à côté de ses études qu'elle vient de reprendre et de son internat à l'hôpital de Whitesboro... Elle me prouve qu'elle mérite mon estime et mon amitié.

En parlant d'estime, j'ai dîné avec ma grand-mère jeudi dernier et nous avons beaucoup discuté. De ma vie, de la sienne, de son passé et de Trevis. Nous sommes restées longtemps sur le sujet de Trevis et j'ai vu à quel point elle était heureuse de savoir qu'il allait bien, même si elle se montre toujours très peu encline à parler de ses émotions. Je l'ai vu dans son regard.

C'est surtout là que j'ai compris que j'avais de plus en plus de facilité à voir les émotions et à les comprendre. Ce n'est pas toujours parfait, mais maintenant que je me concentre et y porte vraiment de l'attention, je peux fièrement dire que je les comprends. Et c'est agréable.

Peut-être que les livres un peu fou de Noémie m'aident. Lire noir sur blanc les émotions des personnages me permet de les apprivoiser et de les saisir. Ça me rassure et je ne peux maintenant plus passer une soirée sans lire au moins un chapitre avant de dormir, ce qui fait que nous échangeons tous les jours des messages avec Noémie.

Tout comme je parle tous les jours avec Harry. Il me parle de sa vie, de sa famille, de lui, et je lui rends avec tout ce que je peux lui offrir. Je découvre qu'il a arrêté ses études après le lycée, qu'il a deux frères et que ses parents sont toujours mariés et heureux en ménage. J'apprends aussi qu'il a une famille nombreuse, avec des tantes et des oncles un peu partout dans Whitesboro, et des cousins et des cousins aussi. Il me dit qu'il me les présentera quand je reviendrais et j'ai hâte.

Il me manque, mais nous nous appelons pratiquement tous les soirs, quand le temps nous le permet, pour nous voir à travers le portable. Il me manque et je sais avec certitude que ce n'était pas qu'une histoire de vacances, c'est bien plus fort que ça. Mais je n'arrive toujours pas à comprendre tout ce qu'il me fait ressentir et je suis très émotive à son sujet.

Alors, quand je me suis réveillée ce matin sans réponse aux messages que je lui ai envoyé hier soir, je ne sais pas comment je suis censée le prendre. Ça fait maintenant douze heures que je suis en non lu et j'ai peur d'avoir fait une erreur. Nous ne parlions de rien de particulier, mais peut-être que je l'ai agacé. Peut-être qu'il s'est lassé de moi. Peut-être que je lui envoie trop de messages. Peut-être qu'il me déteste. Peut-être qu'il ne veut plus entendre parler de moi.

Puis, après les « peut-être », sont arrivés les : il me déteste. Ce n'est plus un « peut-être », non, c'est une certitude. Il s'est lassé de moi et il ne veut pas me faire de mal en me le disant directement, à cause de la présence de mon grand-père, alors il m'ignore. Mais il me déteste.