Chapitre 2

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Avec les écouteurs enfoncés dans mes oreilles, je ne fais attention à rien d'autre qu'à mon souffle tandis que je cours. Je me suis réveillée tôt ce matin, d'autant plus avec le décalage horaire d'une heure. Si j'ai l'habitude de me réveiller à sept heures à New-York, c'est à six heures que j'ai ouvert les yeux à Whitesboro. J'ai aussitôt décidé de partir courir, mais je suis tellement habituée à Central Parc que me retrouver à courir dans une ville m'agace rapidement, j'ai donc voulu m'orienter vers le parc que j'ai vu sur la carte, mais ce n'est pas assez grand pour que je puisse vraiment me défouler.

Alors, lorsque je me dirige vers l'hôtel pour rentrer, je ne suis pas essoufflée, mais encore plus agacée. C'est au dernier moment, alors que je vois la devanture de l'immeuble, que je bifurque et reprends un nouvel itinéraire. Du rock anglais à fond dans les oreilles, je peux enfin respirer pleinement en prenant de la distance. Le soleil est déjà présent, réchauffant ma peau. Bien loin de la chaleur de New-York, celle du Texas est aride et finalement, je me retrouve bientôt essoufflée.

Je finis par m'arrêter, m'appuyant contre un arbre pour m'étirer et faire craquer mon corps. Quand je me redresse, je prends conscience des regards dans ma direction et j'arque un sourcil. Je n'avais pas fait attention, mais je suis devant un café où plusieurs hommes sont installés. En regardant plus attentivement, ils ont tous une veste des Black Bikers et un grognement m'échappe.

Sont-ils toujours aussi présents dans cette ville ? Il suffit que je tourne la tête pour en voir un. Leur présence ne fait que me rappeler toutes mes questions et tous mes doutes concernant mon enfance. Personne n'est au courant de ma présence ici, tout le monde continue de penser que je suis simplement partie en vacances pour m'éloigner après ma dernière victoire qui m'a pris six mois de mon temps pour le procès. C'est la seule chose qu'ils savent et je ne peux pas leur avouer la vérité maintenant, surtout pas à ma famille.

Je pousse un long soupir en me redressant, étirant mes bras au-dessus de ma tête et grogne doucement en entendant chacune de mes articulations craquer. Je ne lance aucun regard vers le café, mais bientôt, je vois des ombres se diriger vers moi. Quand je redresse la tête, je plante mon regard dans l'un d'eux et pousse un soupir. Il parle, mais je ne l'écoute pas à cause de la musique qui continue de se déverser dans mes oreilles, jusqu'au moment où il le remarque et fronce les sourcils. Quand il tend la main pour s'approcher de mon écouteur, je lui tords un doigt et le fais reculer d'un pas. Puis, je retire l'écouteur et arque un sourcil.

— Garder les écouteurs est un langage universel pour dire que ce qui sort de ta bouche ne m'intéresse pas.

Je n'attends pas qu'il se mette à m'insulter, comme n'importe quel idiot un peu trop sûr de lui, et je remets mon écouteur pour repartir en trottinant. Une dizaine de minutes plus tard, je me rends compte que je ne connais plus la route pour rejoindre l'hôtel, parce que je tourne en rond et relève la tête sur le café, où les mêmes hommes me regardent. Trop fière pour l'avouer, je les ignore et continue tout droit, mais l'un d'eux se place sur mon chemin et m'empêche d'avancer. Je grogne alors qu'il me regarde, les bras croisés sur sa poitrine, montrant clairement qu'il ne va pas bouger. Je finis donc par retirer mon écouteur pour le regarder, en arquant un sourcil agacé.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Tu es nouvelle ?

— Et ?

— Et tu es perdue, n'est-ce pas ?

— Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

Il esquisse un petit sourire amusé alors que je le fusille du regard. Finalement, j'entends un cri derrière lui et tourne la tête pour voir deux hommes venir vers nous.

— Qu'est-ce que tu fais, Spenc ?

— Rien, j'ai un échange civilisé avec une inconnue. Et vous ? Pourquoi vous venez me coller au cul ?

Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant