Black Bikers, Tome 3 : La lionne enragée

Chapitre 12

Le silence a envahi la pièce alors que je suis toujours là, plantée comme une idiote, sans réussir à articuler le moindre mot. Trevis Black me fixe, un grand sourire aux lèvres, identiques à toutes les photos que j'ai pu trouver de lui. Un long bandage couvre son torse, mais il n'a aucun tee-shirt pour le cacher, alors je prends véritablement conscience de son état. Il paraît si fort lorsqu'on le voit, que ce simple tissu me rappelle ce qu'il a vécu ces dernières semaines et me ramène à ma connexion avec ses agresseurs. Quand j'en prends pleinement conscience, je sens les larmes me monter aux yeux.

Je ne pleure jamais. Jamais. Pourtant, une larme m'échappe alors que j'avance d'un pas dans sa direction. Rien n'existe autour de lui, comme si nous étions seuls, et il me paraît tellement heureux de me voir que j'ai encore plus envie de pleurer. Pleurer toutes ces années perdues et cette famille déchirée.

Lorsque je vois sa main se tendre dans ma direction, j'ai peur de bouger. Est-ce qu'il me reconnaît vraiment ? Est-ce qu'il sait qui je suis ? S'il me connaît, pourquoi n'a-t-il jamais pris le temps de me contacter ?

— Ava, ma puce, viens.

Je cligne des cils, dégageant les larmes qui se sont accumulés et avance d'un nouveau pas vers lui. Puis, je prends une longue inspiration et m'immobilise.

— Tu sais qui je suis ? murmuré-je.

— Quel genre d'homme je serais si je ne pouvais pas reconnaître ma propre petite-fille ?

La boule dans ma poitrine explose et j'avance d'un nouveau pas dans sa direction. Quand il attrape ma main et la presse, tout me semble réel et je secoue la tête en déglutissant.

— Comment tu...

— Excuse-moi, ma chérie, je ne sais pas ce qu'ils ont pu te raconter sur mon état, mais je t'assure que je vais bien.

Je secoue à nouveau la tête, sans réussir à comprendre pleinement ce qu'il me dit. Je ne sais rien de son état ! Il y a encore quelques secondes, je le pensais dans le coma. Qui aurait dû me parler de son état ? Je ne suis qu'une inconnue pour tout le monde.

Lorsque je sens une main se poser sur mon épaule, je sursaute, mais tourne la tête pour croiser le regard chaleureux de Cole. Il me sourit et presse mon épaule avant de regarder son frère.

— Trevis, tu te rappelles quand tu as rencontré Ava ?

Lorsque je tourne la tête vers Trevis, je le vois froncer les sourcils, alors qu'il secoue la tête. Puis, doucement, il hoche la tête en souriant.

— Évidemment ! Le jour de sa remise de diplôme, à Harvard.

Mes sourcils se froncent alors que je le fixe. Je ne l'ai jamais vu à Harvard. À l'époque, je ne savais même pas qui il était. Lorsque je regarde Cole, il ne semble pas surpris et hoche la tête en souriant.

— Et tu te rappelles comment ça s'est passé ? continue Cole.

— Oh, bien sûr. J'étais dans la foule, mais à un moment, je suis venue pour la féliciter. Elle m'a appelé « monsieur », rit-il.

Je cligne des cils en essayant de savoir s'il délire ou non. Avant de rentrer, Cole m'a bien dit qu'il avait perdu la mémoire, alors se pourrait-il qu'il s'en invente d'autres pour combler les trous ? Est-ce que c'est possible qu'il délire complètement ?

Pourtant, lorsque je croise à nouveau son regard et que je sens sa main presser la mienne, je me revois il y a des années, debout dans la foule des jardins de Harvard, en train de remercier chaque professeur qui me félicitait pour mon diplôme. Parmi eux, je revois Trevis Black se tenir droit et me serrer la main, le regard brillant d'émotion. Je le prenais pour un professeur, je ne savais pas qui il était à l'époque, mais aujourd'hui, tout prend un nouveau sens.