2 décembre - De la bûche et du gui

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« It's the most beautiful time of the year. Lights fill the streets, spreading so much cheer. I should be playing in the winter snow. But I'ma be under the mistletoe. I don't wanna miss out on the holiday. But I can't stop staring at your face. I should be playing in the winter snow. But I'm be under the mistletoe. »

Justin Bieber - Mistletoe

                               ❄️🎄❄️🎅🏻

1er décembre suite...


C'est un cauchemar et je vais bientôt me réveiller pour me rendre compte qu'il n'est pas réellement là. Je ferme les yeux pour m'en convaincre, mais quand je les ouvre de nouveau, il est toujours là et son regard ne me quitte pas comme s'il était en train de sonder mon âme. Je sais que c'est un petit village alors pourquoi faut-il que ce soit sa famille qui ait racheté le café de mes parents ? Dix ans. Dix ans que je ne suis pas revenu ici et il faut qu'il soit la première personne que je vois quand je reviens. Suis-je maudit ?

Reprends-toi Ariel, fais comme s'il n'était pas vraiment là et tout ira bien, me hurle ma conscience déchaînée.

Je détache mon regard de ses prunelles aussi bleues que l'océan qui me donnent envie de plonger dedans à corps perdu. Tout le mal qu'il a pu me faire en me rejetant lorsque je lui ai avoué mes sentiments me revient si brutalement en mémoire que je suis content d'être assis ou j'en aurais probablement perdu l'équilibre. Il n'a pas tellement changé, enfin si, il est devenu plus homme, plus adulte, comme moi. Dix ans, ça laisse des traces quand même. Mais ses yeux, son petit sourire en coin et sa façon de s'habiller ne sont pas vraiment une nouveauté. Je me suis toujours senti comme un moins que rien à côté de lui, car il étale sa richesse dans des vêtements hors de prix.

Quand on était adolescents, c'était déjà le cas et je vois qu'aujourd'hui, rien n'a changé à ce niveau-là. Si moi j'ai mûri, je n'ai pas l'impression que c'est le cas pour lui. Certes, il ne porte plus de jogging comme quand il était adolescent, il porte désormais un pull bordeaux et un long manteau gris élégant, mais les traits de son visage gardent la même intensité qu'à l'époque. Il ne faut pas que je me fasse avoir une nouvelle fois. Mon cœur ne le supportera pas.

— Je vais surveiller la cuisson des gâteaux en cuisine, il ne faudrait pas mettre le feu au café.

Sans un mot pour lui, je me lève et passe à ses côtés en le frôlant. Ce simple contact suffit à me mettre dans un état pas possible. Son odeur, elle, est  toujours identique à celle de mon souvenir et me fait toujours autant perdre mes moyens. Comme quoi, certaines choses ne changent pas malgré la leçon douloureuse qu'on a pu en tirer. Je me faufile aussi vite que possible dans la cuisine où j'enfile un tablier rouge avant de vérifier dans le four que ça ne crame pas. Cette odeur, c'est une pure merveille. Un mélange de chocolat et de cannelle. Je la renifle, les yeux clos, il ne manque plus que l'odeur de la bûche et du gui dans le café pour me faire plonger direct dans ma période préférée de l'année : Noël.

— Belle tentative d'esquive, mais... Je suis toujours là.

Je referme le four aussi sec, manquant de me brûler au passage puis me tourne vers lui. Effectivement, il est toujours là, appuyé contre le plan de travail de la cuisine avec une légèreté qui me rend fébrile. Et dire que j'ai été ami avec lui. À croire qu'enfant, on n'a pas la même perception des choses qu'en étant adulte. Je sais qui il est à présent et je sais que tous les ennuis que j'ai pu avoir dans mon enfance, c'était à cause de lui. Il m'entraînait dans ses conneries et moi, naïvement, je faisais tout ce qu'il me disait, car je le trouvais tellement cool. Je ne sais pas si c'était de l'admiration ou si à cette époque, j'étais déjà amoureux de lui.

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