Back To December

4 décembre - La lettre du Pôle Nord

« Jingle bells, jingle bells. Jingle all the way. Oh, what fun it is to ride. In a one horse open sleigh. Jingle bells, jingle bells. Jingle all the way. Oh, what fun it is to ride. In a one horse open sleigh »

Michael Bublé - Jingle Bells

                            ❄️🎄❄️🎅🏻

4 décembre

Je n'ai pas eu de nouvelles de Louis depuis qu'il a quitté le café de mes parents, hier. J'ai passé la nuit à essayer de retourner dans ma tête toute notre conversation, sans réussir à comprendre où il voulait en venir. Même Opale n'a pas réussi à m'éclairer sur le sujet alors que je me suis empressé de lui raconter ce moment avec Louis, peut-être parce que c'est une chienne. Le Louis que je retrouve est tellement différent de celui que j'ai quitté adolescent. Il a l'air plus détendu, plus... je ne sais pas comment le décrire en fait. Il est juste différent et pas seulement physiquement.

Je m'efforce d'aider mes parents du mieux que je peux au café, car si je suis ici, c'est avant tout parce qu'ils ont besoin de moi. En décembre, le café connaît une popularité dingue. C'est un peu l'endroit incontournable où se poser pour boire une délicieuse boisson chaude pour se réchauffer, manger une gourmandise à s'en taper les fesses par terre pour reprendre des forces. Je crois d'ailleurs que je mange bien plus que la plupart des clients, car à chaque fois que je pars en cuisine pour récupérer une commande, je grignote un muffin par-ci, un cookie par-là ou encore un sucre d'orge.

Je suis d'une nature gourmande, mais fort heureusement pour moi, j'ai un métabolisme qui ne me fait pas prendre un gramme de graisse. Je garde ma grande taille de guêpe qu'importe ce que je mange et je sais que je fais beaucoup d'envieux à ce sujet. Qu'importe, aujourd'hui le café est plein et je n'arrête pas une seule seconde, même si je mentirai en disant que je n'espère pas voir Louis franchir la porte à chaque fois que le carillon retentit.

Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je suis parti à cause de lui et du mal qu'il m'a fait alors pourquoi est-ce que j'ai tant envie de le voir ? Pire encore, pourquoi est-ce que j'aime autant passer du temps avec lui depuis que je suis revenu ? Il est différent et je crois que ça me fait du bien. Peut-être qu'il est temps de faire la paix avec le passé. En attendant, j'ai une montagne de commandes qui m'attendent. Entre les chocolats, les vins chauds et les smoothies, je n'arrête pas de courir entre le comptoir et les différentes tables de la salle avec en fond sonore, des chants de Noël.

Le café a tellement fière allure avec ses décorations de fête et de voir tous ces gens heureux du bon moment qu'ils passent entre ces murs me fait oublier mes pieds qui me font un mal de chien. Je rigole, amusé en voyant un enfant en train d'écrire sa lettre au Père Noël pour l'envoyer au Pôle Nord. C'est tellement beau de croire encore à son âge que le monde est magique et que le petit bonhomme rouge existe vraiment. J'aimerais y croire encore moi aussi, mais il y a bien longtemps que je n'envoie plus de lettre à ce monsieur moustachu bedonnant en ayant une âme ignorante.

En bref, je ne vois pas la journée passer et avoir l'esprit occupé m'aide à ne pas penser à lui. Après mon service, je retire mon tablier rouge et mon bonnet de Noël pour les échanger contre mon long manteau noir et mon écharpe rouge pour affronter le froid dans la rue. J'aime cette période, car il y a plus de monde dans les rues et tout le monde a l'air heureux, mais aussi tendu à l'approche de la soirée la plus importante de l'année où on veut que tout soit parfait.

J'admire les décorations qui trônent dans les rues, affrontant le froid et la neige qui tombe encore, me donnant envie de me rouler dedans, mais je me retiens sinon je vais être frigorifié. Mains dans les poches, je relève la tête pour me rendre compte que mes pas m'ont mené jusqu'à un endroit que je n'affectionne pas particulièrement. Cet immense immeuble qui détonne avec le reste du village qui est chaleureux. L'immeuble qui appartient à la famille Lacroix, là où tout un tas de gens travaillent pour eux dans des bureaux.