8 décembre - La grande roue des souvenirs

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« Silent night, holy night! All is calm, All is bright. Round yon Virgin, Mother and Child. Holy Infant so Tender and mild. Sleep in heavenly peace. Sleep in heavenly peace. »

Silent Night - Kelly Clarkson

❄️🎄❄️🎅🏻

8 décembre

Je suis tiré de mon rêve parfait par un raclement de gorge. Je décide de l'ignorer, je ne veux pas quitter ce corps contre lequel je suis en train de dormir, car je l'attends depuis si longtemps et même si ce n'est qu'un rêve, je veux en profiter. Un nouveau raclement de gorge et cette fois j'ouvre les yeux en ronchonnant. Mon regard se pose sur une femme qui se tient au bout du lit de Louis.

— Bonjour, je dérange peut-être ?

Je réalise ce que ça signifie, qu'une femme est en train de nous observer en train de dormir l'un sur l'autre. Je bondis du lit, ne me souvenant que maintenant, que je suis torse nu et lui aussi. Je m'empresse de remettre mon haut de pyjama et de ramasser mon manteau.

— Pas du tout ! J'allais justement partir. Salut Louis.

Le principal intéressé ouvre les yeux à cause du boucan que je viens de faire pour me revêtir.

— Quoi ? Où tu vas, Ariel ? Salut Sam. Ariel, qu'est-ce que tu fais ?

Je ne réponds rien, je me précipite déjà vers la sortie avec les joues aussi rouges que si j'étais resté toute la journée en plein soleil, cet été. Je ne me suis jamais senti aussi honteux. Je n'ai pas honte de mon orientation sexuelle, mais c'est autre chose que quelqu'un découvre ce moment intime que je partage avec un homme pour la première fois.

Cette fille, sa tête ne m'était pas inconnue. Je suis persuadé de l'avoir déjà vue quelque part, mais je ne sais plus où. Oh, mais si, bien sûr. C'est la belle brune qui était avec Louis la veille, à la sortie de son travail. Qu'est-ce qu'elle faisait chez Louis ? Comment est-elle rentrée ? La réponse me paraît évidente mais elle me fait trop mal pour le reconnaître.

Je monte dans la voiture de mes parents et conduis jusque chez moi. Nous sommes déjà le huit décembre, il est presque midi et je n'ai pas aidé mes parents au café. Je me dépêche de prendre une douche et de me changer pour enfiler un beau pull de Noël bleu et vert avec une grosse tête de renne en son centre, avec un gros pompon au milieu en guise de nez.

Mes parents ne m'en veulent pas de mon retard, mais moi je m'en veux d'avoir découché, car je sais que ce qui s'est passé hier va me faire tellement de mal dans l'avenir. Il faut que j'arrête de voir Louis, car lui et ses signaux contradictoires sont en train de me faire vriller. J'avale un grand verre de lait et un cookie géant pour bien commencer ma journée.

Ce n'est que dans l'après-midi que je sens mon portable vibrer dans ma poche, signe que j'ai reçu un message. Je le sors pour l'examiner. C'est un message de Louis : « Dix-neuf heures ce soir à la fête foraine, ça te dit ? Je t'attendrais à côté de la grande roue. »

Mon cœur s'affole, mes jambes frétillent. Non, même si je meurs d'envie d'y aller, je n'irai pas. Je range mon téléphone dans ma poche sans même lui répondre. Je m'occupe des clients, rigole avec des enfants qui sont en train de faire des dessins pour le Père Noël. Ça me fait penser qu'il va falloir que je trouve du temps pour acheter les cadeaux.

Ma mère me demande si je compte sortir ce soir, elle voudrait amener le sapin pour qu'on le décore ensemble, car ma sœur n'arrivera pas avant quelques jours. Je pense une fraction de seconde à la proposition de Louis et c'est plus fort que moi, je lui dis que j'ai une chose à régler et qu'après je serais à la maison.

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