Partie 21

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La polygamie!

J'ai vraiment jamais réfléchi à ce que ça peut faire d'être dans un mariage polygame. Fallou m'a toujours répété qu'il ne voudrait jamais d'une autre femme que moi. Certes, il a signé le régime polygame mais c'est moi qui lui avait conseillé de faire ce choix. J'ai pensé que ce serait égoïste de ma part de lui priver de ce droit. Si par exemple j'arrivais pas à lui donner d'enfants ou si le désir se présentait malgré que j'en doutais fort, je me sentirais coupable, après tout c'est son droit le plus absolu en tant que musulman. J'avais l'impression qu'il ne pouvait aimer que moi. Je ne m'étais préparée en aucun cas à affronter ce jour où il épousera une autre femme, qu'il la regardera avec désir, qu'il la touchera intimement, qu'il l'aimera ardemment comme il aimait le faire avec moi. Je ne pouvais comprendre que son cœur puisse brûler pour une autre alors que mon amour pour lui était intacte comme au premier jour. Mon cœur s'enflamme à l'idée de savoir qu'en ce moment, il est avec cette femme qui a pris ma place dans son cœur. Je ne peux supporter l'idée que son cœur brûle pour une autre femme, qu'il veuille la protéger, la chérir, lui accorder son temps, l'aimer tout simplement. Les souvenirs amères de ce deuxième mariage me remontait à la tête tel un mauvais film. Ces souvenirs qui créait une douleur atroce, un poignard en plein cœur. Ce mariage qu'il m'annonça sans le moindre effort pour cacher son excitation. Ses yeux qui brillaient, son sourire qu'il s'efforçait tant bien que mal de dissimuler, la légèreté dans laquelle les mots sortaient de sa bouche, tout cela m'insupportait mais mon égo ne me laissait point m'effondre devant ce spectacle plutôt cruel à mes yeux. Ce mariage où j'ai été obligée d'être présente que pour sauver les apparences. Ce mariage qui changea ma vie à tout jamais. Ma crainte n'était pas dirigée vers la femme qu'il allait amener mais vers l'impact que ça aurait sur notre couple. On a beau se convaincre que cela ne nous concerne pas en tant que coepouse, cependant tout nous concerne. On sent l'absence, l'impact de l'autre sur cet homme qu'on pensait connaître parfaitement et quelquefois même la présence de l'autre malgré son absence. Serait-il aussi aimant ou s'éloignerait il progressivement? Va-t-il dans sa tête me comparer avec elle? Ne suis-je pas assez bien pour lui? Suis-je devenue moins belle ou moins attirante à ses yeux ? Je me rappelais de ces questions qui m'ont hantées comme si c'était hier. Des questions qu'on ne veut pas se poser mais qui viennent tout naturellement nous hanter. Rien qu'à m'en souvenir mon cœur battait plus fort.

-Oh mon Dieu!

L'image de cette femme que j'avais trouver chez moi me revint en tête comme une gifle. C'était donc sa femme, sa deuxième femme... avec ce ventre imposant... "Elle est donc enceinte de lui" me dis-je comme pour me réveiller d'un long sommeil.

-Cina...

Cheikhouna me tira de mes pensées l'air craintif.

-De quoi t'es tu rappelée?

Le regard jeté à l'horizon, bercée par le bruit des vagues qui s'afessent sur les rochers, le spectacle de ce couché de soleil était magnifique. Le soleil dessinait une légère coloration oranger dans le ciel, donnant ainsi un beau reflet sur la mer qui semblait cintiller de mille feu. Le vent semblait vouloir me consoler en caressant tendrement mon visage, emplissant ainsi mes yeux de larmes. Je me retenais de pleurer devant Cheikhouna, mon pauvre frère. Il avait mis sa vie de côté rien que pour être à mes côtés dans ces moments difficiles.

-De son mariage avec sa deuxième femme.

Je sentis son visage se relaxer comme emplis par le soulagement, comme si j'avais quelque chose de plus douloureux à me souvenir. Quelque chose qui semblait effrayer mon grand frère qui pour moi n'avait peur de rien. Qu'est-ce qu'il pouvait m'arriver de plus douloureux que d'être substituée dans un ménage par l'amour de sa vie? Que pouvait me prendre la vie de plus grand et blessant que l'amour intégrale de mon très cher mari?
Il ne le sentait certainement pas mais sa réaction venait de m'allarmer. J'étais partagée entre le désir de me protéger et celui d'affronter tout telle la femme forte que je suis. Je me blottis dans ses bras convaincue que j'étais loin d'être au bout de mes peines.

-Comment va Soda?

-Elle va très bien, Elle est chez sa maman, elle peut accoucher à tout moment....
Il reprit après un long silence apaisant: et vu ton état de santé, j'ai pensé que c'était mieux qu'elle soit là-bas. Elle voulait venir te voir mais je pense que c'est mieux pour elle de ne pas trop se déplacer.

- elle me manque trop ... Et si on allait lui faire un coucou!?

- je ne veux pas trop te brusquer! Dit-il l'air pensif.

-mais voyons Cheikhouna allons la voir! Insistai-je.

Nous voilà déjà en route vers la maison de ma Soda. Je suis tellement impatiente de la revoir. J'étais loin de me douter que cette rencontre allait boulversé complètement mon existence.
Nous arrivions à Maristes après avoir échappé à l'embouteillage assommante de ce quartier. La famille de Soda vivait dans une maison plutôt modeste avec une architecture des années 90. la grande cours à l'entrée de la demeure disposait d'un manguier imposant où sa maman avait installé une natte, sur lequel était disposé un matelas couvert d'un drap blanc. Le papa de soda était confortablement installé, le coude appuyé sur le Cousin près de lui et la tête perché sur sa main, il regardait la télé. Sa femme, elle, était concentré sur son tricot, ne se rendant même pas compte de notre arrivée.

- As Salam Aleikum... lança mon frère pour nous annoncer.

Ils se tournent sourire aux lèvres, reconnaissant forcément la voix de Cheikhouna.

- Oh quelle belle surprise... il nous ramène notre Yacine... s'exclamât tâta fatou Sourire aux lèvres.

-Wa Aleikum Salam... soyez les bienvenus chez vous! Lance tonton Biram de suite.

- tata fatou, tonton Biram namone nalen. (Vous m'avez manqué) bayingeine sen taw bu djiguene bi deh. (Vous avez abandonné votre fille aînée). Sortis-je sourire aux lèvres, me dirigeant vers eux.

-moukk si aduna, yay Sama taw di Sama kharite. ( jamais de la vie, tu es ma fille aînée et mon amie) lance tâta fatou en me prenant dans ses bras.

Nous rentrions sans réfléchir dans une discussion animé avec une ambiance bon-enfant. J'étais contente de voir des personnes que j'ai reconnu instantanément et avec un sentiment si paisible.

- et où est ma femme? Engagea mon frère excité comme un gamin.

- ki nimou nobate. (Il fait trop l'amoureux) lançai-he faisant éclater tout le monde de rire.

- elle devrait être dans sa chambre, bayilen Sama goro mingeine di reh! (Laissez mon gendre tout tranquil, arrêtez de le taquiner!)

- tata Mane mako gueuneu nam Sama diabar Motax maniko tay douma teud si lale Tei guissoumako. (Elle me manque encore plus qu'à lui, c'est pour cela je ne pouvais dormir sans la voir aujourd'hui.)

Le cri alarmant de Soda que je reconnaîtrai parmi 1000 nous fit sursauter. Le cœur bâtant la chamade nous nous empressions vers sa chambre ne Sachant pas à quoi s'attendre....

«La surprise est l'épreuve du vrai courage.»
Aristote


Lemarqueur

Lueur obscurcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant