Tout ce que mon frère m'a dit c'est qu'il peut rien me dire sur mon passé car le psychiatre les avait interdit de me révéler quoi que ce soit. Je sors aujourd'hui, béquilles à la main tentant tant bien que mal de marcher. La physiothérapie a fait ses effets. Je retrouvais après six semaines intensives de séances de physio partialement ma fonctionnalité motrice. Ma voix elle n'était toujours pas là, j'ouvrais la bouche pour parler mais aucun son n'en sort. D'après les radiographies faire au niveau du pharynx, du larynx et des cordes vocales tout est fonctionnel. „L'amnésie dissociative est caractérisée par le fait d'oublier un événement qui contient une forte charge négative." m'a dit mon Psychiatre, mais quel événement? je n'en sais rien. Il m'a aussi dit que je suis victime d'un mutisme volontaire. Comment je peux souffrir d'un mutisme volontaire si j'ai tellement envie de parler? Il dit que mon amnésie dissociative peut peut-être la cause de ce retard de la régression du mutisme. Un charabia que je ne comprenais pas du tout. Tout ce que je sais c'est qu'il faut que je retrouve la mémoire le plus rapidement possible pour retrouver la voix. J'ai tellement envie de voir mon fils mais je sais que je dois pas lui infligé le faite de me voir dans cet état, il ne le mérite pas. Mon cher mari je crois qu'il doit être trop occupé à s'occuper de notre fils. Du moins, c'est ce que je me répète à longueur de journée pour ne pas exploser. Pourquoi n'est-il pas à mes côtés? Pourquoi je ne le vois pas ? Et pourquoi personne ne parle de lui? Pourquoi?
Je sens tellement de douleur dans mon cœur, une colère au niveau de ma gorge. Ceci persiste de manière constante au point que je me demande si cet douleur ne fait pas partie de moi. Je sens qu'il y'a quelque chose qui me chagrine en réalité mais ma tête me le cache, ma tête me ment et ceux qui m'entoure aussi me mentent. Ils ne me disent pas Le vérité malgré qu'ils ne me mentent pas aussi. Un labyrinthe s'est formé dans ma tête et je sais pas comment en sortir. Ma mère est toujours là au petit soin et mon frère sont constamment à mes côtés. Soda sa femme m'avait-il dit est en France pour le moment. C'est elle qui s'occupe de son boulot le temps qu'il rentre.Je croyais qu'ils allaient me déposer chez moi, chez mon mari mais je me rends compte que je suis chez ma mère. Je garde mon mal en patience et essaie de me concentrer sur le plus important retrouver ma mémoire afin de pouvoir revoir mon petit garçon. La nuit je couche dans ma chambre, dans l'obscurité et cette douleur très particulière à la poitrine se fait sentir. Je me vois verser de chaude larme sans comprendre réellement pourquoi. Tout ce que je sais c'est que mon mari me manque. Il devait être là dans ce lit avec moi, me serrant dans ses bras et me chuchotant qu'il m'aime par dessus tout. Après de fort sanglots, je fus enveloppé par Morphée dans un profond sommeil.****
Je me réveille en sursaut, tout trempée, je viens de faire un cauchemar dans lequel mon mari me dit qu'il me déteste et m'arrache notre fils que j'avais dans les bras. Le cris que j'ai poussé en sursaut ameuta la maison autour de moi.
- Ce n'était qu'un cauchemar dit ma mère en me prenant dans ses bras. Tu veux que je dormes avec toi? Demande ma mère inquiète. Je lui fais un oui de la tête.
Mon frère me fait un bisous sur le front avant de retourner se coucher. Je me niche dans les bras de ma mère et la sens pleurer silencieusement. Cela me déchire le cœur mais j'en fis fi et m'efforce de m'endormir.
Le lendemain après le petit déjeuner. Je mis en route avec mon frère pour la clinique afin d'aller à mes rendez-vous chez physiothérapeute et le psychiatre. Il me dépose là-bas et s'en va faire quelques courses. Ce n'est qu'après son départ que reçois la visite très inattendue de mon très cher mari, alors que j'étais entrain de faire des exercices d'équilibre avec ma thérapeute. Il avait cette démarche nonchalante et démotivée, ce regard vide et triste à la fois et il me semble qu'il a perdu considérablement du poids. Je fais un signe de main à ma thérapeute qui compris aussitôt que je voulais faire une pause. Elle s'éloigne en me disant que je suis juste à côté si j'avais besoin d'elle. Je m'approche de Fallou le cœur à la chamade, les yeux remplis de larmes, incapables de dire ce que je ressens en ce moment. Mes sentiments varient de la colère, à l'agacement, de l'amour au manque, du chagrin à l'incompréhension. J'arrive à quelque centimètre de lui et me tiens debout en face lui attendant qu'il réagisse. Il me prends alors dans ses bras, me sert très fort comme si sa vie en dépend.
- Je suis tellement, tellement désolé de ne pas être là pour toi, tu me manques tellement.
Je lui caresse le dos en silence mitigé, ne comprenant toujours pas son Absence.
-Tu ne mérites pas tout ça, tu as tant souffert, pour moi, pour mon bonheur. Je ne te mérites pas. Je m'en veux tellement de ne pas avoir été le mari que tu attendais. Je suis un incapable, égoïste qui ne pensait qu'à lui et qui continue de ne penser qu'à lui.
- je t'aime de tout mon cœur et de tout mon âme mais je suis incapable de te voir ainsi. Cela me rappelle comment j'ai failli à ma mission et comment j'ai rompu ma promesse de te rendre heureuse. Je ne te mérite pas.
-Dis-moi quelques choses! Dit-il d'un air abbatu.
Je prie sa tête entre mes deux mains et colle mon front contre le sien. Il se calma alors un moment et je l'entraîne vers l'accueil où je m'empare d'une feuille de papier et d'un stylo sous le regard incrédule de Fallou.
„Que dis tu là mon amour, je t'aime aussi très fort et je sais que la vie n'est pas très facile pour nous deux. Je me suis juste senti mal de ne pas t'avoir vu ni à l'hôpital ni chez ma mère. Je suis très heureuse de te voir. Je vais beaucoup mieux. Et notre fils Mouhamed? Il va bien?"
Le regard qu'il me lance après avoir lu mes écrits me confirme qu'il s'est forcément passé quelque chose de très grave dans un passé proche et je ne m'en rappelle pas. Mon Dieu! J'espère que ça n'a rien à voir avec mon fils sinon j'en mourrai...
Lemarqueur

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Lueur obscurcie
Short StoryÀ l'aube d'une vie heureuse se manifestent des embûches affreuses, des maux nécessaires. La douleur d'une perte est certes fort pesant mais fait naître en nous une nouvelle version de nous même. Des fois une version meilleure des fois une version in...