Partie 8

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Comme si la situation était normale,comme si le fait qu'il me trouve une remplaçante était normal, il retournait à ses habitudes. Il ne se cachait plus pour écrire ses textos, il parlait des préparatifs de son second mariage sous mon toit, au téléphone, avec sa famille sans gêne. Il était redevenu l'homme souriant et de bonne humeur de tous les jours. Je m'efforçais alors de me concentrer sur mon travail, essayant de faire le vide. C'était si difficile, si difficile de sentir qu'on est seul et que personne ne puisse comprendre notre chagrin. La maison commençait à m'étouffer et sur un coup de tête j'appelais mon boss pour lui proposer de revenir au bureau et travailler sur le terrain. Il fût très heureux de mon appel et m'informa que si tout était ok pour moi je pourrais commencer dès la semaine prochaine, le temps que mon bureau soit prêt. Après avoir raccroché de cet appel, une lueur de satisfaction éclairait mon visage qui s'était obscurcie depuis l'annonce de ce mariage qui approchait à grand pas. Je soufflais calmement, remerciant mon Dieu pour ce calme et cette maturité qu'Il m'inculquait de jour en jour. Je devrais mettre au courant mon mar... je rectifie, Fallou, car il n'est plus que mien, du fait que je retourne sur le terrain. À force d'être au milieu de ces quartes mûrs je risquerais de perdre la tête. Il faut que je m'occupe mais bien loin de cette maison qui me rappelle que tout a changé.

La sonnerie de mon téléphone portable me tira de mes pensées, c'était Souadou.

- Mme Mané iOw loutax nga rare ma ? ( Mme Mane pourquoi tu te fais rare comme ça ?)

-Mme Fall ne dit pas ça toi aussi! Comment tu vas?

- Ma chérie je vais très bien et toi comment ça se passe chez toi?

- c'est pas trop ça ma belle. Devines comment s'est terminé notre tête à tête du week-end?

- Ne me dis pas que vous vous êtes disputé?

- À ce stade même une dispute serait mieux que ce qui m'est t'arrivé. Souadou! Fallou deh day Takk gnarel! ( Fallou va prendre une deuxième femme!)

- Quoi?

- je t'assure imagine tout ce que j'ai fait ce soir là, j'avais tout préparé pour une belle soirée. J'ai fini sous ma couchette en larme incapable de savoir quoi pensé, ni que faire, ni comment me comporter vis-à-vis de lui.

- je suis sincèrement désolée pour toi ma chérie mais woudjei mom bok weurseuk leu boul am loy tite. ( mais ainsi a été écrit votre destin donc n'ai aucune crainte.). Dieu Est au commande et il sait mieux que quiconque ce qu'il y'a de mieux pour toi. Sois forte, prends le temps de te ressaisir, sort, fait le vide dans ta tête et laisse toi envahir par la paix. Je sais que c'est très difficile mais ais confiance en Dieu.

- je sais ma chérie et crois moi je fais de mon mieux pour tenir le coup. D'ailleurs je compte retourner sur le terrain. Depuis ma grossesse j'avais commencé à travailler à la maison mais là j'en peut plus de rester seule ici encore moins maintenant.

- Biensur Yacine, je pense que c'est une excellente idée. Ça va te permettre de penser à autre chose.

- je suis entrain de te fatiguer avec mes histoires et toi alors ça va?

- tu ne me déranges nullement ma chérie, ça me fait plutôt plaisir que tu me fasse assez confiance pour parler avec moi de tes problèmes de ménages. Bref chez moi tout va bien alhamdoullilah, à part ce travail de dingue qui va finir par me tuer.

- ça m'envoie ravie. Allez ma puce je te laisse j'entends sa voiture se garer, il est là. Je dois lui parler de ma décision de tourner au bureau, je t'écris plus tard ok?

- vas-y pas de soucis, bisous! À plus.

-bisous!

Il ne reste plus qu'à faire part à mon très cher Fallou de ma décision espérons qu'il l'acceptera facilement sinon je ne réponds plus de moi.
Veste jeté à l'autre bout du fauteuil, il s'affale à côté de moi. Il pose sa tête sur mes cuisses et dépose sur moi un regard que je n'avais pas vu depuis longtemps. Je le regarde à mon tour d'un œil surpris ce qui le fit sourire aussitôt.

- Bonsoir. Dit-il simplement.

- Bonsoir. Répondis-je a mon tour.

- Ce Meulfeu te va très bien.

- Merci.

Qu'est-ce qu'il croyais en fait, il m'annonce hier qu'il prend une seconde femme et aujourd'hui il veut me faire croire que je l'attire de nouveau.

- tu crois que je ne t'aime plus? Murmura t-il en me caressant la joue.

J'éloignais mon visage instantanément comme si son touché me faisait du mal. Il sembla triste mais n'abandonnait pas la discussion. Bizarrement maintenant, Mr veut parler.

- réponds moi s'il te plaît mon cœur!

Dès qu'il eut prononcé ces mots je ne pus m'empêcher de rire.

- Fallou tu lis en moi comme dans un livre donc ne pose pas de question bête, tu es trop intelligent pour ça mon chéri. Et s'il te plaît arrête d'enfoncer le couteau dans la plaie, je doute que je sois ton cœur. Dis-je d'un trait.

- Mon amour je te comprends, tu es juste un peu remonté mais ça passera. Je sais que seul mon bonheur compte pour toi.

- et moi je croyais que mon bonheur était ta priorité mais je viens de me réveiller d'un long rêve. Bon sang tu t'entends parler! Je comprends maintenant pourquoi on dit que l'amour rend aveugle. Mon Dieu, cinq ans de mariage bientôt 6 ans et je viens de me rendre compte que tu es l'homme le plus égoïste que j'ai jamais connu.

Un sourire amère se dessine sur mon visage.

- et comme une conne je continue à t'aimer, c'est ce qui me fait le plus mal.

À ces mots il se mis assis en face de moi et me regarde droit dans les yeux.

- Yacine ne doute jamais de mon amour, en faisant ça tu ne sais pas à quel point tu me fais mal.

- Parce que moi j'ai pas mal moi. L'interrompais-je.

- tu as sûrement raison en disant que je suis égoïste et tu peux me traiter de tous les noms mais ne pense en aucun cas que je ne t'aime pas. Tu te rappelles de notre nuit de noce, de notre promesse. Je t'avais promis que je t'aimerais toujours et te protégerais de tout et tu m'avais promis que quoi qu'il se passe rien ne t'empêcherais de rayonner et d'éclairer ma vie tel le rayon de soleil que tu es.

- Domage que tu ais su me protéger de tout sauf de toi. Tu as failli à ta promesse, rien ne me pousse à honorer la mienne. Ce rayon de soleil, il n'est plus que lueur obscurcie par son protagoniste.

- Ne dis pas ça, tu me fends le cœur !

- Pour ton info puisque tu vas avoir d'autre occupation que moi sous peu, j'ai décidé de recommencer à travailler au bureau.

- si ça te rends plus heureuse, tu as mon approbation.

- merci cher mari! Dis-je d'un ton ironique en lui tournant le dos.

Il s'empare de ma main, m'obligeant à me tourner vers lui. Il se lève et me donne un baiser chaud et apaisant sur le front avant de poser son front contre le mien.

- je t'aime! Murmura-t-il.

Je me détache de lui et retourne à ma chambre pour sangloter comme une folle.

„Un beau chagrin dans une belle prairie, c'est la moitié du bonheur."
Victor Cherbuliez ; Paule Méré (1864)

#lemarqueur

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