Chapitre 18

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Je reste silencieuse pendant que mon frère me reconduit chez nous, disons chez ma mère. Il parle de temps en temps me racontant ce qu'il était allé faire. Je ne l'écoute même, je ne le lui pardonnerai pas. Je ne lui pardonnerai pas d'avoir interdit à mon mari de venir me voir à l'hôpital. Pourquoi tout le monde se sent obligé de contrôler ma vie, de me dire comment je dois marcher, parler, avec qui je dois être, comment me comporter. J'en ai assez que tout le monde veuille me contrôler et mon fils dans tout ça, n'ont-ils pas pensé à lui. Pauvre petit ange loin de sa maman. Je suis incapable de me faire comprendre sans écrire, j'ai envie de crier et de m'énerver mais n'y arrive pas. Je monte direct dans ma chambre et me mets sous la douche. L'eau coulant sur ma tête, je fus tout d'un pris par des flashs des brides de mon passé récent réapparu tel un film sous les yeux. J'avais mon fils mort dans mes bras et à la vue de cette image. Je m'afesse au sol grelotants de peur, d'incompréhension de froid. L'eau se verse continuellement sur moi. Je suis assis là sous l'eau impassible, ne pouvant ni crier, ni pleurer, ni parler. Ce n'est qu'à peu près trente minutes que ma mère vint me trouver dans la salle de bain. Assis à même le sol grelottant de froid. Elle ferme le jet d'eau et m'enveloppe d'une grosse serviette avant d'appeler mon frère pour qu'il me transporte sur mon lit. Je regarde ma mère les yeux remplis de tristesses. Elle me couvre dune grosse couverture et s'allonge à mes côtés.

-c'est ton fils? Me demande-t-elle les larmes aux yeux.

Je hoche la tete en signe oui.

- tu sais maintenant ce qui s'est passé?

Je hoche encore la tête en signe de oui.

- je suis tellement désolé mon amour que tu aus à revivre ça. Je donnerai tout pour supporter cette douleur que tu as à ta place.

Mes larmes se mirent à couler sans que je ne puisse les contrôler.

- seule une mère peut comprendre cette douleur que tu ressens ma chérie mais je suis là pour toi aujourd'hui et toujours.

Cette nuit est lune des nuits les plus longues de ma vie. Je l'ai passé éveillée jusqu'au petit matin, repensant encore et encore à cette ou mon fils mourait lentement dans bras. Je pouvais sentir la vie quitter son corps. Ce regard vide qu'il pointa bien loin de moi, cette bouche entrouverte, cette respiration presque sufoquante, sa mort fut lente et paisible. Mon fils m'a quitté, cet être qui était le plus important de ma vie m'a quitté. Il s'est en aller, amenant avec lui ma joie de vivre et cette lueur de bonheur dans ma vie. Dans mon pays on exige tellement de la femme, on exige tellement de la femme qu'on en oublie quelle est aussi un être humain. La femme a un cœur, des émotions et surtout elle n'est pas parfaite, elle ne peut être parfaite. Elle a ses vices, elle a ses imperfections et elle a son amour propre. Nous avons le droit de nous sentir mal, de nous morfondre pour un moment, de vivre notre deuil pleinement. Et hélas, on nous impose de sortir de notre deuil car on doit s'occuper d'un foyer, on doit toujours être belle, digne et présentable et en aucun moment on ne nous demande notre état d'âme. Vous savez ce que nous demande nos sociétés? C'est d'être belle 24h/24, de s'organiser pour que la maison soit propre et sente bon, que l'homme sy sente comme au paradis, de sauver les apparences mêmes si tout ne va pas bien dans notre ménage, d'être respectueuse devant les aînés et parents, supporter sa belle famille qui qu'ils puissent être, rester toujours souriante, aimable, aimante, accueillante sans jamais faillir, être responsable du bonheur de l'homme, supporter ses humeurs et ses vices sans se plaindre, le satisfaire sur tous les côtés, supporter son manque de respect, d'attention, de considération et la liste des taches est encore longue mais tout ça il l'on résumé en un seul mot „mougn" autrement dit supportes tout!
Même dans le chagrin et la souffrance le „mougn" reste de prime. Je n'ai pas compris pourquoi nous devons être seule à tout supporter?
Le lendemain ma mère m'aide à me laver et m'habiller pour aller à mon rendez-vous chez le psychologue. Je débarque dans le bureau de cet homme qui devait avoir la quarantaine et m'installe comme il me l'eut conseillé. Je ne sais pas ce que je faisais là. J'ai tellement à dire et voudrais tellement me confier mais comment ? Ma voix m'a quitté, je me suis perdu au sein du l'abîmer que mon subconscient a créé pour me protéger et je ne sais plus comment dénouer le nœud, comment me réveiller de ce cauchemar sans sombre dans la névrose. Perdre sa mémoire est la chose la plus atroce qui puisse arriver à un être humain. C'est comme être enfermé dans une prison, où on perd la notion du temps de l'heure et où on ne connaît personne et ne reçoit aucune visite. Encore pire on sent qu'on ne maîtrise rien, qu'on a rien et qu'on est seule au monde. Personne ne peut nous comprendre, personne ne peut comprendre notre peur de découvrir ce que notre subconscient s'entête à nous cacher. Perdre sa mémoire est le summum de la solitude. La solitude a sa sagesse lorsqu'on apprend à l'apprécier mais la solitude pour ma société est un fardeau un poids. La solitude est la conseillère qui nous dit la vérité en face sur nous. Qui nous sommes ? Est-ce qu'on est heureux ? Est-ce qu'on est quelqu'un de bien ?
Ce mutisme me rappelle que j'ai trop sauver les apparences au lieu de prendre le temps de surmonter mes chagrins. Ce mutisme me murmure que je n'étais pas heureuse car dans ce mutisme je suis solitaire face à moi et mon histoire. Le docteur me regarde pensif puis me tend un carnet de note et un stylo.

- la Therapie sera très courte aujourd'hui car à vous voir on sent que vous êtes habité par plein de pensées que j'aimerais bien connaître. Vous ferez des notes de tout ce qui vous passes par la tête et tout ce qui vous chagrine. Vous m'enverrez des photos de ce que vous aurez écrit un jour avant notre rendez-vous et on en parlera Insha'Allah. Est-ce que ça vous va.

Je hoche la tête en signe de oui, qu'il compris facilement.
Me revoilà, passionné d'écriture qui vais me laisser aider par le biais de cette passion!

Lemarqueur

Lueur obscurcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant