Partie 1

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-arrêtes, laisse moi me concentrer s'il te plaît! Suppliais je mon mari pour qu'il me laisse me concentrer.

Il se détacha de moi et s'installe à l'autre bout du lit télécommande à la main. Je le connais assez bien pour savoir qu'il est énervé et qu'il a envie qu'on passe du temps ensemble. Il s'est efforcé d'emmener Mouhamed chez ses grands-parents afin que nous puissions passer un peu de temps ensembles. Depuis notre mariage il ne pouvait pas se faire à l'idée que j'aille au boulot chaque jour. Ce n'était pas parce qu'il était macho ou qu'il ne voulait pas d'une femme qui travaille et surtout parce qu'il se sent obligé de s'occuper de tout ce dont j'ai besoin comme nous l'ordonne notre belle religion. Et pour lui faire plaisir tout en respectant mes convictions, je lui ai proposé de travailler mais à la maison. Il en était ravie et moi je vivais ma passion en journalisme. J'écrivais des articles sur la mode, les femmes d'influence du moment pour un magazine féminin très connu et sollicité. Je gardais l'anonymat malgré le succès que portait mon travail et l'intérêt qu'elle faisait naître au sein de la gente féminine et même masculine. Il était fière de moi et moi j'étais heureuse de pouvoir allié vie privée et professionnelle tout en gardant cette flamme qui nous lie bien vivante et resplendissante. Mon seul et unique problème est que je suis une éternelle Perfectionniste et pour cette cause, je ne peux me déconcentrer d'un article que lorsque je l'ai fini et envoyé. Et c'en est le cas encore aujourd'hui, malgré que je lui ai promis un week-end inoubliable je suis rivée sur mon ordinateur comme hypnotisé ou possédée. Mon employeur pense que c'est un atout mais je ne crois pas que mon mari partage sa pensée. Je pense que tel en est aussi pour ceux qui écrivent des livres, des manuscrits, il doivent sans doute sentir comme je le ressens, cet envie de tout laisser tomber et de suivre ce souffle si délicieux et si captivant que l'on croit obligatoire de suivre et de décrire. Il doivent sentir cette concentration enivrante entre rêve et réalité. Rêve car tout droit venue du monde imaginaire, du monde de l'invective, du monde de l'abstrait , réalité car structurée, inspiré de fait réelle, plausible, tangible et logique. Tout ceci est bien exquis et bien envoûtant mais il ne put l'être plus que mon homme.

- Yaram danga merr ? (Mon cher tu es fâché ?) dis-je d'une petite voix.

- ...

- Fallou Gallas ! Dis-je d'une voix mieilleuse.

Il reste toujours silencieux les yeux rivés sur la télé.

- wa mon amour doma tontu? Habibi !? (Mon amour , tu me réponds pas? Habibi )

- Yacine laisse moi stp suivre ma télé.

- Mais regarde moi juste une minute. Murmurais je afin d'attirer son attention.

Il plonge son regard dans le mien très serin.

- Je t'aime ! Dis-je en soutenant son regard.

- moi aussi je t'aime ! Répondît-il tout sourire.

- alors tu me pardonnes ? Demandais-je en baissant le regard.

- je ne peux pas me fâcher contre toi. Toi même tu le sais. Me rends t-il en embrassant ma main.

Il me prends dans ses bras et on s'endort ainsi l'un dans les bras de l'autre, un sommeil apaisant et réparateur.

*******

Ma belle-mère que j'appelais affectueusement maman était une de mes plus grandes complices et confidentes lorsqu'il s'agit de Fallou. Ma mère en était même dès fois jalouse, elle me reprochait de ne pas me confier à elle. Mais ma mère me connaissait mieux que tout le monde et savait pertinemment que je ne mélangerais jamais ma vie de couple et celle familiale. Malgré ma complicité avec ma belle-mère je savais que les problèmes de couples se réglaient à deux et non à 1000. Et après des femmes de mon pays se demandent pourquoi nos hommes ne les respectent pas? Pourquoi leur couple ne fonctionne pas? A cela il n'y a qu'une seule réponse et c'est le mystère. Lorsque les problèmes d'un couple ne sont plus privés mais annoncé comme « teuss » sur toutes les radios, alors chacun se sent obligé de se défendre et comment? Par des injures, des menaces et même dès fois des coups. Ma grand-mère, paix à son âme, me disait « Si tu décides de rapporter tes problèmes de couple au sein de ta famille(ta mère et/ou ton père) ou que tu rapportes tes problèmes de famille au sein de ton couple; ton mari finira par ne plus apprécier ta famille ou ta famille finira par ne plus apprécier ton mari ». Et cela elle me l'a répété dès mon plus bas âge et ce n'est qu'après est être mariée que j'ai compris l'importance de cette nuance. Cette nuance qu'on se doit de créer entre les différentes composantes de notre entourage. Toujours montrer le bon côté de chacune des parties. Ce n'est pas facile d'offrir un sourire rayonnant à son père le lendemain d'une dispute tumultueuse avec son mari, lui affirmer que tout va bien et que tu es la femme la plus heureuse au monde. Ce n'est pas un mensonge dès l'instant qu'on sait qu'on est avec la bonne personne, elle ne tardera à se racheter de ses fautes et à demander humblement pardon. Ce n'est pas facile, être femme n'est pas facile car c'est un travail à plein temps sans congé,ni repos, ni pause.

Comme je disais ma complice de belle-mère m'aidait à préparer un anniversaire surprise à mon très cher mari et ainsi fêter nos 5ans de mariage par la même occasion. Elle était si excitée à l'idée de cette surprise et était encore bien plus motivée que moi. Mouhamed lui mon petit bout de choux était un peu fiévreux mais ma belle-mère me rassura que c'était sûrement ses dents qui sont entrain de pousser cela me rassura amplement. Il nous a fallu une semaine pour que tout soit prêt. C'est le samedi soir 8 janvier avec la complicité de maman Saly, la mère de Fallou qu'on a pu le faire débarquer dans leur grande maison à Mermoz où tout était déjà en place et où amis, famille et collègues attendaient avec impatience sa venue. Tout importait que très peu pour moi ce soir là, tout ce qui m'importait c'est qu'il soit là devant moi et que je revois dans ses yeux, cet étincelle brillant lorsque son magnifique sourire se dessinait. J'étais impatiente de le reprendre dans mes bras et de l'embrasser très fort et lui murmurer à l'oreille gauche comme j'ai l'habitude de le faire que je l'aime. Mon impatience ne fut que trop bien compensé lorsqu'il fut son entrée totalement pris au dépourvu et malgré ce monde qui l'étreignait, le félicitait, lui souhaitait un bon anniversaire, il me cherchait du regard. Je l'observais de loin Mouhamed dans mes bras attendant qu'il salut ses invités. Dès que son regard croisa le mien, il sourit amplement et s'empresse de s'excuser au près de ses compagnons pour se diriger vers moi.

- habiba tu es magnifique !

- merci mon amour.

Il m'embrasse sur le fron avant de nous prendre dans les bras, son fils et moi.

-merci ! Murmurât il à mon oreille gauche.

-je t'aime! murmurais je à mon tour à son oreille.

Il se détacha de moi et prit Mouhamed avec lui. La fête dura encore tard dans la soirée, ce n'est que vers 23h que quelques invités commençaient à se retirer. La maison finit par se vider aux abords de 00h. Je voulu me mettre aussitôt au rangement mais maman Saly s'y opposa, elle nous chassa de sa maison et nous ordonna d'aller nous reposer chez nous.

- je donnerai tout ce que j'ai pour que ce moment dure une éternité ! Lance Fallou d'un coup le regard plongé dans le mien.
Allongés l'un à côté de l'autre et Mouhamed entre nous sur notre lit, il n'y avait lieu de prononcer quoi que ça soit. Nos regards échangeaient une discussion intense malgré ce silence perturbé de temps en temps par une respiration bruyante de notre fils. Et il avait raison j'aurais tout donné moi aussi pour que ce moment dure à jamais. Il le savait, il le lisait dans un livre qui lui était ouvert, mes yeux. Ma main sur sa poitrine, la sienne et sur le ventre de Mouhamed, on prenait plaisir à apprécier le moment en silence.
On appréciait le calme de notre vie.

#lemarqueur

« La paix avec les autres et avec soi, est une victoire
qu'on ne gagne qu'après s'être vaincu soi-même. »
René Ouvrard

Lueur obscurcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant