Partie 3

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Alhamdoullilah !
Le discipline ne peut rembourser son maître, l'enfant ne peut rembourser ses parents alors comment pourrait prétendre un simple esclave du Maître de la terre et des cieux pouvoir défier Son Maître ou lui reprocher ses décisions.
Qui suis-je alors pour protester ses vœux?
Je ne peux et ne dois le faire. Si sa décision est de nous mettre à l'épreuve, on l'acceptera.
Mon regard posé sur mon petit profondément endormi m'emplis de sérénité et de calme. Il est si beau, si calme et tout est si paisible à cet instant même. Pourquoi me morfondrai je? Je serai là pour mon fils tout au long de ce combat pour sa vie. Je serai là pour lui, pour mon mari, pour ma famille. Je serai celle que j'ai toujours incarnée, la femme calme, forte, sereine en toute circonstance et par dessus tout la croyante qui accepte les désirs de Son Seigneur. Pour cela nul besoin de me forcer, c'est ma nature, je sais que j'en suis capable et par la grâce de Dieu j'y arriverai.
Un baiser sur ma tête me tira de mes pensées lointaines, c'était Fallou.

- mon cœur! Dit-il tout contre ma tête.

- hum... fis-je simplement.

- je dois te parler tu viens. Lança t-il en se dirigeant vers le balcon de notre chambre.

Je le suis sans rien dire, il s'assit sur l'un des deux fauteuils installés là-bas et m'invita à m'assoir sur lui. Ce que je fis sans broncher, je savais que cela devait être une discussion sérieuse. Je le connais que trop bien pour savoir qu'il n'aime pas qu'il ait de la distance entre nous lorsqu'il veut parler de choses sérieuses. Il disait que cela était inconfortable pour lui et qu'il n'imaginait pas prendre une décision quelqu'elle soit loin de moi et moi d'ailleurs non plus.

- mon amour je sais que ce qui nous arrive là est très difficile et très compliqué pour nous mais nous devons être fort et nous soutenir mutuellement. Nous devons faire de notre mieux pour sauver notre fils et être prêt à accueillir la décision du tout puissant quelque soit celle-ci.

- je sais Gallas mais toi même tu sais mieux que quiconque que c'est dur de devoir voir son fils souffrir et être incapable de faire quoi que ce soit.

- je sais mais promet moi une chose!

- qu'est-ce que tu veux que je te promettes ? Dis-je le regard au loin.

- regarde moi dans les yeux.
Je m'exécute aussitôt remarquant par la même occasion que ses yeux étaient tout rouge. Je pose instantanément ma main sur sa joue et colle mon front au sien. Il souffle profondément et m'enlace de ses bras tout contre lui. Je l'embrasse sur le front et plonge de nouveau mon regard dans le sien.

- Ne laisse jamais cette lueur dans tes yeux s'éteindre ni s'obscurcir car c'est cette lueur qui éclaire ma vie sans elle je serais perdu.

A l'entente de ses mots j'en eu des frissons, c'était si profond et si intense que seul lui et moi pouvaient comprendre le sens de ses quelques mots.

On restait ainsi enlacé l'un dans les bras de l'autre écoutant le silence qui nous entourait et apprécier la fraîcheur du soir. Une petite main posé sur ma cuisse me signala l'arrivé de mon petit cœur. Il semblait affaibli, je le pris dans mes bras et il posa sa tête aussitôt sur ma poitrine et referma les yeux aussitôt. Son père lui caressait tendrement la tête. Un sourire doux et très paisible se dessina sur son visage. J'en eu les larmes aux yeux. J'entendais son petit cœur battre plus vite tout contre moi. Les battements devenaient de plus en plus fort, n'empêche, je restais là à le regarder comme hypnotisé par ce miracle qui allait s'opérer d'un moment à l'autre devant moi. Je ne voulais et ne pouvait le croire, mais je savais que tout était fini. Il se mis à respirer de la bouche, son père comme sonné se mis à réciter instantanément la sourate de Yaseen, il prononçait :
Laqad haqqa alqawlu AAala aktharihim fahum la yuminoona
Lorsque j'entendis mon petit rendre l'âme et devenir complètement froid dans mes bras: Allahou Akbar.

-Fallou notre fils est mort !

Il ne put retenir ses sanglots, il le pris de mes bras en se dirigeant vers la chambre. Aucune larme ne put s'échapper de mes yeux. Je répétais incessamment : Mouhamed Moustahpha dem na (est parti ) !

Comme par magie, ma maison se remplit de personne de ma famille, de ma belle-famille, des amis, des connaissances, tous me regardaient avec pitié et compassion.
Je ne comprenais plus rien, je voulais que Fallou me dise où est-ce qu'il avait amener mon fils? Pourquoi tout le monde me regardait ainsi ? Pourquoi je sens comme un poignards qui m'est enfoncé au milieu du cœur?
Mon cœur, le pauvre il avait si mal, si mal que je m'en tordait de douleur.

- Yacine masta je sais que tu as mal ma fille mais on tous là pour toi! Dit ma mère en me prenant dans ses bras.

Elle me dirigea dans ma chambre et me fis coucher sur ses genoux.

- Ton fils, notre fils, il s'est reposé. Qui sait combien de temps aurait duré la chimiothérapie ? Qui sait à quel point il aurait souffert ? Dieu Est Miséricordieux! Toudal yallah ma chérie toudal yallah.

Je pleurais en silence sous ses caresses au point de m'endormir. Je revoyais mon fils dans mon rêve. Il était vêtu de tout blanc riait en disant maman, mes larmes me tirèrent de mon sommeil. Je les sentis chaud sur mes joues, je les essuyais aussitôt. Ma mère était toujours là, elle avait les yeux enflés mais s'efforça de me sourire tristement. La douleur dans ma poitrine, elle ne disparaissait pas, elle devenait de plus en plus grande, ça me brûlait énormément.
Ce sentiment est parfaitement indescriptible, cette brûlure constante qui enflamme le cœur mélangé à ce poids placé au fond de la gorge est juste insoutenable. N'empêche je respirais profondément et me dirige vers ma salle de bain. Je me saisis d'une longue robe en wax dans le dressing et m'enferme dans ma salle d'eau. Je laissais l'eau couler sur mon corps et mes larmes se mélangeait au ruissellement incessant des goutes d'eau sur ma peau. Plus je me rappelais de son visage, de ses rires, des ses pleurs, plus il m'était difficile de respirer, plus je sanglotais. Je me rappelais du jour où je l'ai accouché, lorsqu'ils l'ont mis sur moi, ce moment même où j'ai posé sur lui pour la premier fois mes yeux cela s'était passé exactement comme le dernier; dans mes bras.

- mon bébé. Sotis-je en sanglotant sous la chasse d'eau.

Je finis par faire mes ablutions et sortis de la douche. J'enfile ma robe, remis mon voile et sortis prête à prier. Je me saisis de mon tapis de prière sous le regard incrédule de mes proches et entama une longue prière. Une prière de réconfort, d'incompréhension, de souffrance et de soumission. Comme dit un adage wollof « Kou sagnou ta bagn sagna nangou » (qui n'ose dire non se contente de dire oui) .
Je ne peux
me dresser contre Mon Seigneur, je n'ose protester sur ce qui lui appartient, nous l'appartenons tous. Il m'a serte pris la chose la plus chère à mes yeux mais je peux faire autre que l'accepter, pour Lui le Très Miséricordieux.

« La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d'abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d'ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l'eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu'auparavant, un silence, comment dire : assourdissant. »

Christian Bobin

Lemarqueur

Lueur obscurcieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant