La nuit paraissait être passée à la fois à une allure folle et à une lenteur infinie, pour Hisae. Incapable de trouver le sommeil malgré les quelques heures qu'elle avait passées emmitouflée dans son épaisse couverture, l'étudiante avait vainement attendu le retour de sa cadette. En vain. Loin du vacarme de son retour, le seul écho qui était parvenu à son esprit s'était révélé n'être que le souvenir de Kaedan, de sa voix et de chacun de ses mots.
La porte du salon ne s'était jamais ouverte. Les râles d'Aliska n'avait jamais résonné contre les murs de l'appartement. Tout comme aucune réponse n'était parvenue aux messages qu'elle avait envoyés à sa sœur.
Hisae ne savait plus vraiment depuis combien de temps, maintenant, son premier réveil avait sonné. Peut-être bien deux minutes, peut-être bien une heure et demie – même si la lumière du jour qui traversait peu à peu les volets de sa chambre la faisait pencher vers la seconde option.
« Tu manques un peu de conviction » lui avait dit Kaedan, lorsque son pouvoir s'était révélé inefficace. Et d'une certaine manière, elle ne pouvait pas vraiment nier de tels faits... En y repensant, avec du recul, elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était soudain mise à utiliser en pleine rue cette individualité si longtemps cachée, et ce pour la seconde fois. La culpabilité, couplée à cet affront du déni face auquel elle s'était retrouvé, lui avait ôté toute possibilité de pouvoir faire quoi que ce soit. Et désormais, elle se retrouvait face au mur.
La jeune femme n'eut pas le temps de pousser davantage le monologue intérieur qu'elle entretenait depuis des heures maintenant, car le bruit si attendu d'une clé dans la serrure de l'entrée fit vibrer sa sensibilité aux sons. D'un mouvement aussi brusque qu'instinctif, elle se redressa pour quitter la chaleur rassurante de sa couette, plus alerte que jamais. Et si elle pensait que la perspective qu'Aliska finisse par rentrer la tranquilliserait, l'accélération des battements de son palpitant devint presque douloureuse lorsqu'elle sentit cette sensation familière de l'écholocation glisser sur sa peau.
— Aliska ?! lança-t-elle en sortant en trombe de sa chambre.
La silhouette de sa cadette s'imprima sur sa rétine, pourtant bien loin de l'image qu'elle en attendait. Sa chevelure brune désormais courte tombait en rideau devant son visage, avec la tête baissée qu'elle maintenait et son soudain intérêt pour le parquet du sol. Lorsque la voix inquiète d'Hisae lui parvint, répétant à plusieurs reprises son prénom, la jeune femme porta avec lenteur un regard vitreux en sa direction.
— Aliska ? Qu'est-ce qui s'est passé ? interrogea Hisae de nouveau, l'inquiétude parcourant avec vigueur l'intégralité de son corps.
Au cours de leurs dix-huit années passées ensemble, elle avait plus d'une fois eu l'occasion d'apercevoir l'expression démunie de sa sœur. La peur, la détresse, l'affliction ; chaque sentiment terne qu'elle avait pu ressentir au cours de son adolescence ne lui était pas étranger. Pourtant, à cet instant précis, Hisae pouvait affirmer ne l'avoir jamais vue ainsi.
Ses pupilles dilatées paraissaient aussi livides qu'éteintes, alors même qu'elles papillonnaient sans réel but à travers tout l'appartement. Son teint, plus blême qu'il ne l'avait jamais été, lui donnait l'impression qu'elle n'avait plus été en contact avec le moindre rayon de soleil depuis des années maintenant. Ce fut toutefois lorsqu'elle se laissa tomber avec maladresse sur le canapé-lit replié, recroquevillée sur elle-même et chaussures sur le tissu, que le déclic s'opéra.
— Aliska, qu'est-ce que t'as vu quand t'étais là-bas ?
Un claquement de doigts lui fit office de réponse. Pourtant pas patiente de nature, l'aînée se contenta d'un froncement suspicieux des sourcils face à un tel geste, sans poser de questions pour autant.
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L'écho de la nuit
Fantasy« Vous voulez lui faire courir des risques sous couvert d'épargner notre liberté, en dépit des mauvaises choses qu'elle a faites ? Vous dites n'être ni un super-héros au nom de l'Ordre, ni un flic, et je suis bien d'accord : un tel comportement n'a...