Saroumane

307 25 4
                                    

05 Mars 3019 du Troisième Âge - Isengard :


Le soleil était à son zénith quand la silhouette d'Orthanc se dressa à l'horizon.

La veille, ils avaient monté le camp près du Gué de l'Isen pour y passer la nuit. Amarïe, qui avait pris le premier tour de garde, n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit, assailli par la tristesse.
Le chagrin provoqué par la perte de son cousin Boromir lui était revenu en pleine face et elle avait eu du mal à y faire face.
Si elle était plus proche de Faramir, elle avait toujours pu trouver une oreille attentive en Boromir. Il était un valeureux guerrier et un meneur d'hommes. Il ne méritait pas de perdre la vie, comme tous les hommes qui avaient péri au Gouffre de Helm.

Gandalf était venu la trouver au beau milieu de la nuit alors qu'elle se tenait près du feu de camp. Elle lui avait tout expliqué, depuis cette fameuse nuit et ce rêve qui l'avait poussé à prendre la route du Rohan, à leur rencontre en plein cœur de la plaine de Helm.
Le magicien n'avait pas été surpris, au contraire. Il savait qu'Amarïe avait toujours eu un don de prescience et il était certain que c'était un héritage de l'ascendance elfique de la lignée royale de Dol Amroth.

Leur petit groupe avait levé le camp à l'aube. La tension était alors montée crescendo, au fur et à mesure qu'ils approchaient de l'Isengard et que l'heure de confronter Saroumane approchait.

Orthanc se dressait à présent au loin, fière et inébranlable, alors que la forêt millénaire de Fangorn qui l'entourait avait été rasée.

Amarïe, qui n'avait jamais mis les pieds en Isengard, s'attarda sur l'architecture de la tour, dont la construction était remarquable.
Si elle n'y était jamais venue, la jeune femme connaissait son histoire : la tour imposante, bâtie dans une roche noire et dure, était l'œuvre des Númenóréens qui, voilà de nombreux siècles, l'avaient façonné après la chute de Númenor et leur exil en Terre du Milieu. Quatre piliers consolidaient la paroi et, en son sommet, se séparaient en quatre pointes acérées et tranchantes.

Theoden et Gandalf laissaient leurs montures avancer avec prudence, suivis de près par Aragorn, Legolas et Gimli, Eomer et Amarïe. Ils atteignirent enfin les portes d'Isengard, enfin, ce qu'il en restait. Car celles qui gardaient autrefois l'entrée s'étaient écroulées, tout comme les murs de l'anneau.
La place forte de Saroumane semblait avoir été ravagée par les flots, pour preuve en était l'inondation de la zone et les débris qui flottaient en nombre à la surface de l'eau à présent stagnante.

Sans un mot, le magicien prit la tête de la compagnie et laissa Scadufax les guider avec prudence.
Alors, à près de deux cents mètres des portes, ils tombèrent nez à nez avec deux petits hommes, assis sur un mur effondré, fumant leurs pipes dans le plus grand calme.

- Mes seigneurs ! Bienvenus en Isengard, les salua le premier semi-homme en se redressant sur ses pieds.
- Oh jeunes coquins, bougonna le fils de Glóin. Une belle chasse dans laquelle vous nous avez entraînés, et on vous retrouve... à festoyer et... à fumer !

Amarïe comprit alors qu'ils n'étaient pas des inconnus pour Gandalf et ses amis. Elle pensa alors aux paroles d'Aragorn lorsqu'elle avait appris la fin tragique de son cousin Boromir. Il était « tombé en tentant de protéger » deux des quatre hobbits qui les avaient accompagnés depuis Fondcombe. C'était donc eux que son cousin avait voulu protéger au péril de sa vie.

- Nous sommes assis sur les champs de la victoire, répondit le second hobbit avant de poursuivre : et savourons quelques réconfort bien gagnés. Le porc salé est particulièrement savoureux !
- Le porc salé, répéta le nain sans croire à l'audace du semi-homme.

Aragorn ne put retenir le sourire qui trahissait son amusement alors que Gandalf soupirait de lassitude.
Les présentations furent rapidement faites : Merry et Pippin étaient leurs prénoms respectifs. Deux jeunes hobbits qui semblaient être de joyeux lurons.

L'étoile de Belfalas - EomerXOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant