La porte Noire - Partie 1

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19 Mars 3019 du Troisième Âgé - Désolation de la Morannon, Gondor :

Ils avaient quitté Minas Tirith qautre jours plus tôt. Après un dernier regard en arrière, Amarïe avait gravé les détails de la cité Blanche, la blancheur de ses pierres, la silhouette gracieuse de la tour d'Ecthelion. Elle avait fait ses adieux à cette cité où elle avait construit de nombreux souvenirs dans sa jeunesse, avec ses cousins, Faramir et Boromir, avec ses frères.

Ses frères. Et son père. Si elle savait que son propre avenir s'annonçait funeste, elle était rassurée d'aller à l'échafaud avec les siens. Mais elle était également effrayée pour eux, partagée. Elle n'avait pas peur de la mort, non. Elle avait peur de ce qu'il pourrait arriver à sa famille. A Eomer. Pourtant, elle savait qu'aucun d'eux ne pouvait déroger à son devoir, celui de combattre le mal jusqu'à la fin pour leur liberté.

L'armée des hommes, gondoriens et rohirrims réunis, avaient quitté Minas Tirith à l'aube en direction du Mordor. Ils avaient traversé Osgilitah et ses ruines, majoritairement détruite par leurs ennemis lors de la bataille du Pelennor, quelques jours plus tôt. A la tombée de la nuit, ils avaient presque atteint Minas Morgul. Aragorn avait alors décidé qu'ils monteraient le camp ici et, après concertation avec les différents commandants et chefs d'escadrons, c'est ce qui fut décidé.

Après une dernière réunion, durant laquelle le descandant d'Isildur leur avait exposé une ultime fois le plan, Amarïe avait regagné sa tente pour s'y reposer, ou du moins essayer. Mais, allongée sur son lit de camp, elle n'avait cessé de virer et tourner sans parvenir à trouver le sommeil. Elle avait donc rapidement abandonné l'idée de fermer les yeux, et était sortie de sa tente. La jeune femme aux cheveux de feu avait alors parcouru les allers du campement sans but précis, écoutant le silence de la nuit. Un silence qu'elle aurait dû trouver effrayant, pourtant la fille d'Imrahil le trouva apaisant, reposant, consciente qu'il s'agissait du calme avant la tempête, une dernière bouffée d'air frais avant leur fin.

- Auriez-vous, vous aussi, du mal à trouver le sommeil, l'interrompit alors la voix profonde du Troisième Maréchal de la Marche.

Amarïe se retourna pour faire face au rohirrim. Celui-ci se tenait à quelques mètres de la jeune femme aux cheveux de feu qui l'observa un instant, sans un mot : il avait délaissé ses spalières, brassards, gantelets... et portait seulement un pantalon noir en lin, une chemise en coton blanche et une paire de bottes marrons.

- Il m'est impossible de dormir, lui sourit-elle doucement. Il semblerait que cela soit aussi votre cas.

Le cavalier sourit à son tour avant de s'approcher de la princesse de Dol Amroth. A quelques centimètres d'elle, il porta sa main contre la joue pâle de la jeune femme qui ferma les yeux, savourant la douceur de sa caresse.

- Il est tout à fait normal que l'inquiétude nous guète, continua Amarïe.
- Oui, acquiesça Eomer . Accepteriez-vous de passer cette dernière nuit à mes côtés ? 

Alors qu'il avait parlé sans mesurer le sens de ses paroles, il s'en rendit immédiatement compte lorsqu'il vit la jeune femme ouvrir les yeux et ses joues se colorer d'une exquise couleur rosée.

- Pardonnez-moi, ce n'est en aucun cas ce que je voulais sous-entendre, tenta-t-il de se justifier. Je souhaite seulement passer ses quelques heures à vos côtés.

Amarïe, bien que génée, ne put s'empêcher de rire. Elle savait qu'Eomer ne se serait jamais permis de lui faire de telles avances, ils n'avaient pas encore défini leur relation, ils n'avaient pas mis de mots sur ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Mais sa phrase portait tout de même à confusion, et la façon dont il tentait de se justifier prouvait qu'il n'avait pas réfléchi. Et la jeune femme trouvait cela attendrissant.

L'étoile de Belfalas - EomerXOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant