De l'autre côté du pont

Subjectivité 04

Mon dieu, le CIO n'était que la partie émergée de l'iceberg... Je vais carrément me perdre. La sonnerie retentit et une vague de lycéens s'amasse sur nous. Madame Pernet n'a pas le temps de tous nous regrouper et nous finissons dispersés. Étant assez petite, ils ne font pas attention à moi et je suis poussée à maintes reprises. Je finis accolée contre le mur mais quelqu'un trouve le moyen de se retrouver tout contre moi. Ma tête tournée vers la droite, je sens son buste s'aplatir contre ma joue. De plus, deux mains viennent de part et d'autre de mon visage afin de limiter l'écrasement.

- Hum je suis navrée, j'ai cours ici en fait...

- Noémie ?

Je pense avoir reconnu sa voix. Elle ne peut pas me voir encore, le couloir se désengorge peu à peu. Les salles en face des escaliers sont toujours propices à ce genre d'incidents, l'architecte a fait des couloirs trop étroits...

- On se connaît ?

- Oui, je suis celle du CIO.

- Ah ouais, mais que fais-tu encore là ?

- Notre classe a été choisie pour tester le nouveau programme d'intégration au lycée facilitée.

- C'est quoi cette invention ?

- Je ne sais pas trop comment ça va se passer mais de ce que j'ai compris nous allons devoir trouver des lycéens qui nous prennent sous leur aile pour découvrir les différentes filières.

- Hum, oui je vois le genre, ils n'ont pas pensé que l'on allait vous bizuter ?

- Nous quoi ?

- Vous faire la misère !

Elle rit gentiment à cette dernière phrase, ses yeux me transpercent et je ne sais pas pourquoi mais je n'ai vraiment plus du tout froid.

- Ça va ? T'es toute rouge, t'en fais pas on ne t'embêtera pas tant que ça, les profs vont tenir la laisse courte !

Je n'arrive pas à lui répondre, alors que pleins de choses me viennent sans sortir. Mon répondant me fait défaut, je déteste ça car je n'ai que ça pour me défendre.

- Hey ? Je plaisante ! Vous êtes tellement naïfs à cet âge...

- Non !

Je lui ai presque crié dessus la pauvre, je ne me maîtrise pas du tout parce que je suis très énervée.

- Que se passe-t-il ici ? Noémie ?

- Je ne lui ai rien fait Madame...

- Milène, parle.

Je me calme, enfin j'essaie.

- Non elle ne m'a rien fait, c'est la vérité. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.

Je la vois la regardé avec suspicion. Je lance un regard désolé à Noémie qui reste incrédule et entre dans sa salle emportée par une de ses amies. Nous finissons la pseudo visite et mon cœur retrouve un rythme qui m'apaise. Ce qu'il fait froid...