Subjectivité 08

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Wouah, cette maison est gigantesque, ça brille de partout. J'espère que j'aurais des potes comme ça au lycée... Enfin au moins des amis qui pourront m'amener à une fête de ce style. Je passe sur les dalles qui mènent à la porte d'entrée. Je remarque que les lumières sont celles utilisées pour la déco de Noël. Sympa comme tout. Mes accompagnateurs saluent un jeune homme qui semble être notre hôte de ce soir. Il me sourit et m'invite à rejoindre les autres. La musique est assourdissante mais je comprends les mots de mon frère. Il m'abandonne pour la soirée, je ne pensais pas qu'il serait capable de le faire. Je me sens un peu penaude. Je parcours des yeux le grand salon, deux escaliers se rejoignent pour mener au premier étage. Tout ce faste me fait pense aux maisons bourgeoises que j'ai pu découvrir dans mes romans. Un amas de personnes trône au centre, ils sautent principalement pour le moment. Certains se collent, d'autres déchaînés en font gicler leur verre partout. De l'autre côté aussi il y a du monde mais il faut que je traverse la fosse et je ne suis pas certaine d'en sortir indemne. J'envoie un message à Lucie pour savoir où elle se trouve. Sa réponse est immédiate, proche de la piscine dans le jardin derrière la maison. Je pénètre la foule, l'odeur de sueur mêlée à diverses essences d'alcool me donne la nausée. Un gars plutôt mignon me retient par la taille.

- Allez danses ! Tu t'appelles comment ?

- Désolée, euh, mais, euh, je dois rejoindre ma copine là. A plus tard peut-être.

Je m'extirpe facilement de sa légère emprise et ai le droit à un « avec plaisir Beauté » qui me fait rire. Je vois enfin Lucie et m'agite comme une puce. Avec un minimum de recul je me dépite de mon comportement adolescent mais on passe tous par-là après tout. Mon amie me raconte tout ce que j'ai raté. La reine du commérage c'est bien elle. Elle peut ne pas retenir une leçon mais te sortir un an de faits et gestes d'une personne si tu es en manque de conversation, ça elle le peut.

- Regaaaarde lui là-bas il est trop mignon va lui parler !

- T'es folle vas-y toi-même. Répondis-je.

Elle s'élance quand soudain une femme vient se percher au cou de celui-ci. Lucie a sa mine déconfite.

- Le prochain ne t'en fais pas.

J'ai soif et décide de la laisser un instant pour aller me désaltérer. Elle m'a indiquée où se trouvait l'étalage des consommations communément appelé bar. Certains ont élu domicile devant, étant plus petite qu'eux j'ai du mal à passer malgré mes mille excusez-moi. Je sens quelqu'un pousser derrière moi.

- Oh bouffon tu as 50 cents à jeter dans l'eau ? Non ? Alors t'as compris qu'ici c'était pas une fontaine.

J'ai soudain de l'espace pour m'engouffrer enfin vers la table. Le corps dont la voix me dit quelque chose passe devant moi, me grugeant la bouteille que j'allais utiliser.

- Hey ! Non mais j'allais me servir !

Mes yeux se lèvent en même temps que les siens se baissent.

- Noémie.

- Ah mais c'est toi l'espèce de ver de terre qui remuait dans la boue ?

- Je te remercie pour la comparaison !

Elle rit et me demande de prendre un verre pour me servir.

- Tu veux quoi dans ton jus d'orange ?

- Rien, juste ça.

Elle sourit, elle doit me prendre pour une idiote à ne pas boire d'alcool.

- Très bon choix. Allez à plus tard peut-être.

Je ressens une frustration énorme à ces mots que j'avais sortis à ce mec auparavant. J'aurai bien aimé passer un petit moment avec elle. Enfin quelqu'un que je connaissais ici mise à part Lucie. Incapable de faire l'indifférente je crie pour qu'elle m'entende.

- Attends !

Elle se retourne, vite il faut que je trouve autre chose à dire.

- Tu peux m'aider à ressortir ?

Je rougis de mille feux, mais quelle imbécile ! J'ai pas trouvé mieux que ça. Elle ne dit rien et me tend sa main, m'attire vers elle et en un battement de cils je suis hors de la foule.

- Voilà mademoiselle.

Son aisance me fascine, je voudrais avoir la même. Elle me prête attention mais voyant que je n'allais rien dire elle me laisse là, un peu perdue mais avec son sourire comme étoile du berger. J'ai tellement soif que je finis mon verre en une gorgée. Je me sens happée par un bras et mes deux mains finissent au-dessus de ma tête portées par le jeune homme de toute à l'heure. Il me fait danser.

- Allez lâche-toi un peu Beauté.

Son sourire est communicatif et je me mets finalement à bouger avec lui. Ses cheveux sont tout mouillé, je me demande combien de verres il a dû se prendre sur la tête. Devant ma mine pensive il me demande :

- A quoi tu réfléchis ? Ici t'es pas au lycée, oublie tout !

Son corps convulse au rythme du son. Je me questionne quant aux répercussions que cela aura demain sur lui au réveil. Je suis épuisée au bout de cinq minutes de danse frénétique à ses côtés.

- Je m'appelle David, pars pas maintenant tu viens à peine de commencer.

- J'n'en peux plus David, j'ai besoin de souffler un peu. Tu peux venir si tu veux !

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire ça. Il sourit de toutes ses dents et m'accompagne jusqu'à la piscine. Lucie est en train de parler avec un mec qui ne semble pas venir de notre établissement scolaire. Il fait si vieux.

- Lulu je te présente David qui est... Tout trempé !

Il rit à ces mots et m'attrape par la taille.

- Ah ouais ? Tout trempé ? Viens avec moi dans la piscine je me sentirai moins seul !

J'hurle en riant qu'il ne doit pas faire ça mais en moins de deux secondes je me retrouve plongée dans une eau à 28 degrés. Je suis ravie que cette eau soit chauffée mais j'appréhende la sortie. David s'approche de moi en me collant à l'une des parois. Je m'appuie sur ses épaules pour ne pas couler.

De l'autre côté du pontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant