Milène n'a pas osé faire le premier pas, et pourtant elle aurait voulu envoyer un message ou même appeler Noémi pour s'excuser. Mais elle ne se le permettait pas. Elle était allée trop loin et, elle, elle était si loin. Objectivement, ce n'était pas le cas mais ceci Milène n'avait pas le recul nécessaire pour s'en rendre compte. Noé, avait fait sa rentrée, elle s'était installée avec Sébastien. Il suivait une licence en musicologie. Ses parents avaient fait insonoriser sa chambre pour qu'il ne dérange pas sa colocataire qui se perdait dans ses révisions d'anatomie ce soir-là. Elle était accoudée à son bureau quand elle voulut attraper son vieux précis d'anatomie qui appartenait à sa grand-mère. En allant à la page du système reproducteur de la femme, elle vit un post-it, c'était l'écriture de Milène. Elle y lisait « un jour, dans mon utérus (voir flèche) il y aura notre bébé, n'oublie jamais que je t'aime mon amour ». Elle restait là, plantée, sans pouvoir retourner à sa leçon. Ses yeux faisaient l'aller-retour entre ce petit mot et son téléphone. Elle se demandait tous les jours comme elle allait mais ne voulait plus souffrir comme ces derniers mois. Elle avait un objectif et devait s'y consacrer pleinement pour réussir. Et pourtant, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Ainsi, elle lui écrivit après avoir réfléchi un quart d'heure à comment reprendre contact.
« Hey toi... Je viens de retrouver ceci pendant que je travaillais. Je pense à toi, j'espère que tu vas bien. Je t'embrasse si tu me le permets. »
Elle attendit la réponse quelques minutes sans verrouiller son mobile. Mais rien ne venait. Elle soupirait et décida d'aller se laver pour arrêter d'espérer voir ses mots. Elle appréhendait, son corps tremblait sous l'eau chaude qui coulait le long de son échine. Elle se posait toutes les questions qu'elle s'était refusée à aborder pour ne pas sombrer depuis septembre. Elle râlait et se traitait d'idiote d'être retombée là-dedans. Elle sortait de la cabine fumante déterminée à ne plus y penser et à se remettre au travail une fois dans sa chambre. Sur le lit, le portable émettait une petite lumière, c'était une notification d'elle. Elle le savait, elle avait personnalisé celle-ci pour Milène. Elle se jeta dessus. Au diable la résolution prise quelques minutes auparavant.
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De l'autre côté du pont
RomanceDe l'adolescence à l'âge adulte Milène se découvre en suivant un fil rouge qu'elle ne maîtrisera pas toujours. Entre subjectivité et omniscience se brode la romance.