De l'autre côté du pont

Subjectivité 28

Oh putain... Je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de se passer. Je la vois se retourner une dernière fois en me lançant un sourire. Je finis de boutonner mon chemisier. Mon reflet dans la fenêtre me montre à quel point je suis décoiffée. J'arrange ceci au mieux. Je sors mon téléphone et l'appelle.

- Allô ?

- J'en avais envie. Dis-je en me mordant la lèvre inférieure.

- Ahah, déjà ?

- De t'appeler ! Hein ? Ne va pas sous-entendre autre chose ! Ajoutai-je en rougissant.

- Bien mademoiselle, alors maintenant que c'est fait, tu voudrais autre chose ?

- Peut-on rentrer ensemble ce soir ?

- Hmm, désolée, mais ce soir ce ne sera pas possible...

- Ah... D'accord. Alors appelle-moi à ton tour quand tu le voudras...

- Je n'y manquerai pas jeune fille.

Sa voix est chaleureuse, pleine de malice. J'aimerais lui demander ce qu'elle va faire ce soir mais je n'ose pas...

- Allez, je dois te laisser, j'ai un cours qui va commencer, d'ailleurs c'est en salle 207, si tu veux me rejoindre.

Je n'ai pas le temps de répondre, elle a raccroché. Joue-t-elle avec moi ? Je pense ne pas y aller. Elle était tellement sûre d'elle. Je dois me faire désirer ! C'est décidé. En regardant mes notifications, je vois pleins de messages de Lucie. Je la rejoins au foyer. Elle est assise sur un pouf.

- Tu foutais quoi franchement ?

- Hum, rien, rien de spécial...

Elle est suspicieuse, elle doit voir que je mens.

- Pourquoi t'as changé de coiffure depuis ce matin ?

- Euh... Un gars en philo m'a décoiffée parce que ça l'amusait... Tu sais comme les mecs peuvent être ahah.

- Je ne suis pas convaincue, j'espère que tu t'es bien amusée en tout cas.

- Roh allez, ne fais pas la tête ! Pourquoi t'es ici ?

- Prof absent !

Lucie et moi passons cette fin de journée ensemble. Je suis tellement perdue dans mes pensées qu'elle soupire tout le temps. Je brûle de tout lui avouer mais je ne sais pas si je peux... C'est tellement nouveau tout ceci pour moi.

- Oh ! On descend Milène !

- Oui oui, excuse-moi...

- Bien je te laisse, je rentre chez moi.

- Attends.

Je l'attrape par le bras. Elle reste déconcertée.

- Je peux dormir chez toi ce soir ?

- Hein ? Pourquoi tout d'un coup.

- J'ai tellement de choses à t'avouer et je ne veux pas rentrer chez moi ce soir. Ajoutai-je en baissant le regard.

Elle me sourit et me tire par la main en direction de chez elle.

- On appellera ta mère de la maison, allez viens.