Subjectivité 12

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- Putain mais qu'est-ce qu'elle fait... Tu vas voir qu'elle m'a fait le coup du « tu sors à poil ou tu te caches »

Je peste contre cette idée. Mes sous-vêtements ont eu le temps de sécher contre le chauffage mais je commence à avoir froid dans cette tenue. Je tente d'ouvrir délicatement la porte, des effluves de tout ce que peut concentrer une soirée viennent chatouiller mes narines et contrastent fortement avec l'odeur de la douche que je viens de prendre. J'arrive à sortir la tête et vois Noémie avec mes vêtements sous le bras. Je me sens soulagée mais je n'ose l'appeler. Je me botte les fesses mentalement.

- Pssss

Je ne suis pas certaine qu'avec le brouhaha ambiant mon appel viviparien ait eu un quelconque impact sur ses tympans.

- Hey ! Noé

Elle m'accorde enfin une attention au bout de la cinquième fois. Son pas est nonchalant quand elle se dirige vers moi. Comme si mon cerveau avait fait abstraction de ce qu'il s'était passé, je lui prends mes fringues assez sèchement et m'habille en vitesse.

- Surtout ne te presse pas ! Tu parles de prendre une pneumonie et ça fait des plombes que je t'attends.

Elle ne me répond pas alors que je cache mes lacets dans mes chaussures. Quand mes yeux la regardent de nouveau j'ai un flashback et je rougis intensément. Je le sais et je le vois dans la glace.

- S'il te plaît tu peux ne parler de ça à personne ?

- De quoi parles-tu ?

- De... Du fait que je ... Enfin tu vois quoi...

Au plus profond de moi-même tout se serre, j'aimerais disparaître.

- Tu parles d'avoir aimé que je te touche ? De m'avoir embrassée ? Ou de regretter que je ne sois pas allée plus loin ?

- ARRETE !

Je sors de la pièce en la bousculant, je ne veux pas y repenser. Mais c'est déjà trop tard. Je tente de retrouver Lucie qui n'est plus vers la piscine. Je remarque que Clément est trop occupé pour que je le dérange. J'ai envie de partir... Soudain une main me happe par le bassin.

- Tiens te revoilà Beauté.

C'est David, il semble totalement déchiré, au moins il n'est plus en colère.

- Tu sais que tu es une méchante fifille ? Tu aurais dû dire à tonton David que tu étais trop petite pour lui.

- Euh, David lâche-moi s'il te plaît.

- Mais non laisse-toi faire, maintenant qu'on a déjà commis le crime autant aller jusqu'au bout.

- Tu veux dire quoi par-là ?

J'ai peur de comprendre totalement où il veut en venir. Il m'a traînée dehors. Il doit faire en-dessous de zéro, seuls quelques fumeurs sont encore dans le jardin. J'ai très froid.

- Allez grelotte pas je vais te réchauffer moi.

- Je crois que tu n'es pas en état...

Je ne peux finir ma phrase que sa langue se retrouve au fond de ma gorge.

- David stop !

- Mais quoi ? T'as pas aimé toute à l'heure ?

J'essaie de me retirer de ses bras mais je n'y arrive pas. Y'en a pas un là-bas qui viendra m'aider ?

- Reste tranquille.

- Non, je ne veux pas.

Je le vois ouvrir sa braguette et son sexe se retrouve contre ma jambe. Sa main tente de s'immiscer dans mon pantalon.

- Au secours !

Son autre main vient se plaquer sur ma bouche. Je ne vois personne réagir alors qu'ils ont dû m'entendre. Je suis désespérée. J'aperçois Noémie sortir une clope à la main. Mes onomatopées étouffées ne peuvent lui parvenir, je l'appelle pourtant. Son regard croise mon œil hagard et apeuré, je crois qu'elle a compris tout de suite car elle se dirige d'un pas pressé vers nous. David continue d'essayer d'enlever mon jeans en tirant en même temps sur ma culotte.

- Je peux t'aider ?

Je tombe sur le sol alors qu'il se retourne vers elle.

- Non c'est bon ça va, dis-lui que tout va bien !

- Tu bandes mou mon p'tit gars, je pense que tu devrais plutôt continuer à boire au lieu d'embêter les enfants.

A ses mots, elle ajoute une grande claque qui remet en place les cheveux du jeune homme. Je suis estomaquée. Il ne se défend même pas et repars en se refroquant.

- Hum... Tu vas bien ?

Je suis sonnée par cette soirée. Mais là tout de suite j'ai besoin d'un câlin alors en me relevant je me jette dans ses bras.

- Hey, tout doux, il ne s'est rien passé.

- Ça aurait pu être plus grave et j'en suis totalement consciente.

- Ça aurait même pu arriver avec moi, imagine !

Son ton se veut dédramatisant. Je ne réponds pas car si je dis que ça ne m'aurait pas déplu je vais me prendre un nouveau râteau, celui de la salle de bain était assez magistral pour que j'en rajoute une couche. Je profite simplement du moment que cet incident avec David m'offre. Elle me raccompagne dans la maison. Lucie vient vers nous en criant qu'elle me cherche depuis des plombes. Elle toise Noémie qui s'éclipse au même moment.

Nous commençons tous à fatiguer, d'ailleurs certains sont couchés à l'étage mais hors des chambres. D'après mon amie, les pièces qui se ferment sont réservées à ceux qui font « hum hum ».

- T'es sérieuse ?

- Bah qu'est-ce que tu crois ?

- Rien, je ne pense pas revenir à une de ces soirées avant un petit moment.

- Et moi donc, je pensais que ça serait cool mais en fait c'est plutôt chiant.

- T'as vu l'heure en même temps. Tu sais où est Clem ?

- Non du tout, peut-être à l'étage.

- Rha épargne-moi cette vision tu veux.

Je me souviens alors qu'il ne voulait pas que je le dérange pour rentrer. Nous continuons de parler dans un coin de la pièce en attendant que mon frère fasse une réapparition.

De l'autre côté du pontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant