Subjectivité 30

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J'ai chaud, je me sens comme sur un nuage. Je me relis : "Oui ce serait avec plaisir. Où pourrions-nous nous retrouver ? Bisou <3". Je l'enlève ce cœur oui ou non ? C'est un peu trop tôt peut-être. Allez c'est envoyé sans ! Je repose mon téléphone contre ma poitrine mais il vibre tout de suite. Elle me répond qu'elle m'attendra là où l'on s'est rencontrées la première fois. Sur le pont ? Je suis tellement étonnée qu'elle s'en souvienne. Finalement, je ne suis peut-être pas qu'un coup en l'air. Ce sentiment m'envoie tout droit dans mes rêves. Je m'endors si vite que je n'ai pas eu le temps de lui confirmer.

- Debout là-dedans.

Je me sens légèrement secouée. C'est Lucie qui m'annonce qu'il est déjà midi. Je retire la couette pour me protéger de la lumière. Je ne veux pas me réveiller tout de suite.

- Tu n'as pas le choix que de te lever, ma mère veut qu'on l'aide à faire à manger.

- Ah ! Alors si c'est pour ta mère je me dépêche.

Je suis hors du lit en moins d'une seconde et enfile mes vêtements aussi sec.

- Eh beh ! Je ne savais que tu pouvais être si rapide ma vieille. Ahah !

Nous descendons dans la cuisine où tout un tas de légumes attendent d'être épluchés.

- Dis Milène, dors-tu ici ce soir aussi ?

- Si ça ne vous dérange pas madame, j'en serais ravie.

- Avec un si grand sourire, on ne peut rien te refuser. J'appellerai moi-même ta mère toute à l'heure. En attendant, vous deux, vous pourriez commencer à laver les haricots ?

- Oui maman, on s'y met.

Nous terminons vers 12h30, sa mère a déjà préparé une partie du repas. Lorsque je prends le temps d'aller aux toilettes, j'en profite pour répondre à Noémie. Le téléphone vibre, c'est elle qui m'appelle.

- Bonjour toi.

- Hum, coucou, tu vas bien Noé ?

- Très bien oui, et toi ? Que fais-tu de beau ?

- Je...

Je ne vais quand même pas lui dire que je suis sur le trône !

- Je suis chez mon amie Lucie, pour ce week-end.

- Ah, d'accord. Et que faites-vous de votre journée ?

Bien... Je ne peux pas lui dire que j'ai tout balancer à Lucie, je vais pas parler des légumes... Ce serait d'une banalité sans nom.

- Eh oh ? T'es toujours là ? Je te dérange peut-être ?

- Euh non non, je t'assure, excuse-moi, c'est juste que l'on n'a rien fait de spécial qui mériterait que ce soit raconté. J'ai pas envie de t'ennuyer avec mes histoires de collégienne.

- Hum, ça ne m'aurait pas ennuyé, c'est moi qui posais la question. Enfin, je vais te laisser, mon père m'attend pour manger. A demain.

Elle raccroche, je suis perplexe, j'ai fait quelque chose qui ne fallait pas ? Arf, j'aurais dû trouver n'importe quoi à lui dire, elle a dû penser que je lui cachais des choses ou qu'elle me dérangeait... Quelle conne je fais.

- Hey, t'es tombée dans le trou ?

- J'arrive !

Lucie et moi regardons des séries toute l'après-midi.

- Dis, tu penses pas que l'on devrait commencer à écrire notre rapport de stage en immersion au lycée ? Demandai-je.

- J'avoue... Mais je ne sais pas quoi dire moi.

- Bah moi non plus. Je pensais décrire une matière que l'on retrouve dans les trois filières et appuyer mon choix sur la section littéraire qui m'intéresse le plus.

- Tu vois que tu sais quoi dire ! Mais cette idée t'es venue d'où sérieux, t'es trop intelligente.

- Ahah, t'es bête ! Toi t'as qu'à trouver un angle d'observation qui pourrait te correspondre, genre « les mecs S, ES et L, les canons de beauté selon la filière ! ».

Lucie s'esclaffe de rire mais se reprend avec un regard réprobateur.

- Ce n'est pas moi madame qui ait le plus expérimenter pendant ce stage !

Je me mets à rougir et me cache derrière un coussin. Nous nous mettons au travail jusqu'à la fin de journée. Une fois terminé, nous sortons pour aller manger une gaufre. Je pense à Noémie, même si je suis bien avec mon amie, plus les minutes passent plus j'ai envie d'être demain en fin de journée. C'est tellement long d'attendre.

- En tout cas, fais attention à toi demain. Je sais que tu en pinces sérieusement pour elle, mais je veux que tu restes consciente que par rapport à elle t'es qu'une gamine.

- Tu parles... On sait toutes les deux que je suis assez mature pour gérer une situation.

- Oui, quand tu as toute ta raison, dois-je te rappeler que tu faisais le sushi hier dans ma chambre ?

- Ahah ! En effet, je ferai attention je te le promets.

Avant de dormir, j'écris à celle qui occupe mes pensées chaque seconde. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis qu'elle m'a parlé toute à l'heure. Je ne veux pas qu'un froid s'installe entre nous. Le téléphone vibre. Lucie dort à côté de moi, je ne veux pas la déranger. Je sors du lit et m'éloigne le plus loin possible et me pose dans son dressing. Evidemment, elle a raccroché. Je la rappelle au plus vite et chuchote :

- Allô ?

- Pourquoi tu parles si doucement ? Tu es en mission secrète ?

- Non, mais ma copine dort à côté de moi, je veux pas la réveiller.

- Oh, vous dormez dans le même lit ?

- Oui, pourquoi ?

- Alors finalement mademoiselle s'offre le luxe de dormir auprès d'une autre fille, je ne te pensais pas si volage.

- Hey ! Mais qu'insinues-tu ! On dort ensemble depuis la maternelle.

- Ah et précoce en plus de ça !

- Rah mais ne dis pas de bêtises !

Je l'entendais rire à l'autre bout du fil, elle me taquine toujours.

- Noé, tu as fait quoi de ta journée toi ?

- Et bien, je suis sortie, avec mon père principalement, nous sommes allés au restaurant et faire les boutiques ensuite.

- Oh, et tu as acheté quelque chose ?

- Tu verras bien demain, impatiente.

- Ah mais je ne disais pas ça pour moi, enfin, hum, c'est très gentil de ta part.

- Ne me dis pas merci, tu ne sais même pas si tu vas avoir quelque chose ! Sinon mon père a acheté un home cinéma.

Elle continue de me parler, sa voix est tellement parfaite... suave. Je repense à sa bouche qui a découvert mon corps, des frissons me parcourent.

- Au fait, c'est toujours okay, pour toi demain ? Vers 17h ?

- Oui, j'ai hâte.

- Je vais te laisser te reposer Milène, passe une bonne nuit.

- Merci... à toi aussi Noé. Bisous

- A demain !

Rah mais pourquoi, elle ne répond pas à mon bisou ! C'est frustrant. Je retourne me coucher.

De l'autre côté du pontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant