Chapitre 3 : Orpheline

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Le bâtiment n'avait rien qui sortait de l'ordinaire, avec sa façade de larges pierres grises, sa porte en bois épais et ses fenêtres rectangulaires, mais Jahad, Elaria et Victorien étaient bien placés pour savoir que les logements des assassins n'avaient rien d'extravagants. Leur but n'était pas d'attirer l'attention, mais de vivre de la façon la plus normale possible en dehors de leur travail, sachant que certains gouvernements qui ne les appréciaient pas trop cherchaient parfois à les déloger.

Ce n'était pas le cas au Chao Ming, cependant. Le Seigneur Chen, à sa tête depuis un certain temps déjà, avait indiqué que les assassins faisaient partie intégrante de l'écosystème et que chercher à les éliminer risquait de le déséquilibrer. Victorien ne savait pas trop quoi en penser, sachant que c'était le seul dirigeant de cité à avoir dit une chose pareille publiquement – les autres qui se fichaient des assassins le gardaient pour eux – mais supposait que c'était appréciable, parce qu'Astras prônait l'inverse. Ici, il aurait pu se promener avec sa cape des Effacés dans la rue et n'aurait risqué aucun problème avec les gardes ou chasseurs de prime qui parcouraient parfois les rues.

Elaria se pencha vers l'interphone, ou plusieurs noms avaient été inscrits à côté des sonnettes. Six appartement se trouvaient dans la bâtiment, et en troisième position à gauche était écrit "Hatz/Scali" en noir sur blanc.

- Donc elle n'habitait pas seule, en conclut Jahad.

- Il faut croire que non, soupira Elaria. Du coup, on part quand même sur l'idée de rentrer par effraction sous peine de tomber nez à nez avec quelqu'un ?

- Sans doute pas. Sonne et voit si on t'ouvre.

Elaria arqua un sourcil et se tourna vers Victorien pour avoir son avis.

- S'il y a quelqu'un d'autre, autant essayer de coopérer avec, indiqua-t-il. Peut-être qu'il pourra nous aider.

- Ou peut-être qu'il va nous maudire sur sept générations parce que tu as tué l'amour de sa vie. Tout est question de point de vue.

- Je ne comptais certainement pas le dire.

- Hm.

Elaria ne s'étendit pas plus longtemps et appuya sur la sonnette. Ils entendirent un bruit de piano retentir au premier étage, à gauche de la porte d'entrée. Au moins comme ça ils savaient dans quel appartement Evgenia logeait.

Une poignée de secondes plus tard, presque à leur surprise, la porte s'ouvrit et une voix préenregistrée leur dit de monter au premier.

- Eh bien... commenta Elaria. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Vicky, tu passes en premier ?

- Tu es une assassine, répliqua l'intéressé avec lassitude.

- Et toi un mage rouge. Tu es le moins susceptible d'être blessé si quelque chose se passe mal.

- Je prends les devants, soupira Jahad en se frayant un passage dans l'entrée du bâtiment.

Victorien esquissa un mouvement de bras pour inviter Elaria à lui emboîter le pas, non sans avoir un sourire moqueur sur les lèvres.

- J'assure tes arrières, ajouta-t-il.

- Ben voyons.

La magicienne suivit néanmoins Jahad, les lèvres un peu plus étirées qu'avant. Les trois assassins gravirent les marches jusqu'au premier étage dans le silence, seulement brisé par le bruit de leur pas qui se réverbéra dans le large couloir vide.

À peine furent-ils arrivés sur le palier qu'une porte s'ouvrit à leur droite et qu'une jeune fille apparut dans l'encadrement.

- Bonjour, leur dit-elle, je peux vous aider ?

Oracles ~ La saison des EffacésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant