Oracles ~ La saison des Effacés

Chapitre 17 : Déménagement

Simeon n'avait pas fait de commentaire en voyant la table en bois massif brisée en deux. Il avait surtout été soulagé de voir que personne n'était blessé.

Une heure s'était écoulée depuis l'attaque. Ils avaient enfin réussi à joindre Victorien, qui était venu le plus vite possible – il avait encore des taches de sang sur sa chemise –, mais sans Elaria, qui elle n'avait pas la possibilité de se libérer. Les parents d'Eleonor s'étaient eux aussi déplacés pour faire le constat.

Tous avaient du mal à comprendre pourquoi les commanditaires étaient venus en personne quand ils s'étaient jusque là autant appliqués à masquer leurs traces.

- La résistance qu'ils rencontrent les a visiblement déstabilisés, commenta Jahad.

- Eh bien ils ont complètement changé d'approche, répondit William. Ce serait logique. Moi, ce que je veux savoir, c'est pourquoi ils ont embauché d'autres gens alors qu'ils auraient pu se débrouiller eux-mêmes depuis le début.

Ils avaient pu constater leur puissance aujourd'hui et elle était impressionnante. Sans Jahad, assassin avec beaucoup d'expérience, ils se seraient fait écraser. Et encore, Jahad s'était défendu en mettant sa réussite sur le compte de l'avantage que son effet de surprise lui avait conféré. Il était un bon magicien, mais pas autant qu'eux, du peu qu'il en avait aperçu.

Chez les Effacés, une cible comme celle-ci aurait plutôt été confiée à quelqu'un comme Victorien, qui était meilleur en magie qu'en combat. Pas à lui ou à Elaria, pour qui c'était l'inverse.

- Parce qu'en demandant à d'autres gens de faire à leur place, ils ne se salissent pas les mains et peuvent rester à l'écart de tout, supposa Victorien. Vu comme ils dissimulent leur apparence, ils n'apprécient pas de se montrer.

- Mais ils ont dépensé énormément d'argent à faire ça, fit remarquer Howard Crawford.

- Ce qui signifie qu'ils en ont les moyens.

En fonction de leur richesse, il était même possible que tout ceci ne leur revienne à pas grand chose. Dans ce cas, pourquoi se priver ou se mettre des limites ?

- Ils ont bien été obligés de tenter la négociation, poursuivit Victorien, nous nous sommes ligués contre eux. Qu'ils soient puissants ou influents d'où ils viennent, si une cible continue à leur échapper, ils vont être obligés de trouver une nouvelle approche.

S'ils n'avaient pas menti lors de leur échange avec Eleonor, le plan des commanditaires avait une finalité bien définie : faire chanter ses parents biologiques. Or il y avait différentes façons de s'y prendre. L'important n'était pas le chemin emprunté, c'était le résultat.

Or jusque là, ils enchaînaient les échecs.

- Donc vous pensez qu'ils disent la vérité ? s'irrita Howard.

- Je n'en ai aucune certitude, objecta Victorien. Mais des explications que William et Eleonor nous ont données, cet affrontement n'a pas inclut de tentative de meurtre. Les commanditaires s'en sont avant tout pris à William et Alistair.

- Ils étaient ceux qui les empêchaient d'atteindre Eleonor, ajouta Jahad. S'ils avaient voulu la tuer, ils auraient été plus directs.

Howard Crawford n'avait pas l'air d'aimer ce qu'il entendait. Eleonor, elle, écoutait cet échange d'une oreille, prostrée aux côtés d'Alistair pour s'assurer qu'il allait bien. Il était conscient – fort heureusement – assis sur une chaise et enroulé dans une couverture que Simeon était allé lui chercher à l'étage. C'était Jahad, puis Victorien et sa magie Madrigane, qui s'étaient occupés de le soigner comme ils avaient pu. Alistair allait un peu mieux, mais semblait tout de même mal en point.