Romulée Potter : Mearah

Chapitre 7

          Son sac sur l'épaule, plantée au centre du cercle de tapisseries, Romulée n'attendait plus que le Gardien et sa clef pour retourner sur AutreMonde. Plus il tardait, plus ses doigts se resserraient sur la bandoulière de son sac. A l'heure qu'il est, Harry devait être en train d'acheter ses fournitures scolaires ou de s'amuser avec Ron, inconscient de ce qu'elle vivait actuellement, de ce qui l'attendait dans les mois à suivre. Est-ce qu'il allait lui écrire ? Répondre à ses lettres ? Rien n'était moins sûr, mais s'il le faisait, elle ne récupèrerait même pas la moitié de son courrier, elle le savait. Maître Kaizzar s'en assurerait.

          Un frisson glacé parcourut son corps lorsque le souvenir de son visage et de sa voix lui revinrent en mémoire. Elle espérait, de tout cœur, survivre à cette année. Elle ignorait comment, mais elle devait tenir et espérait trouver une solution, ou de l'aide...

- J'espère que tu as toutes tes affaires, marmonna M. Cooper en la rejoignant en peignoir.

- J'ai tout.

- Bien. Tout ce qui traîne, je jette.

          Son cœur battait fort sous sa poitrine. Elle avait l'impression que les tapisseries se resserraient autour d'elle, que le monde s'étrécissait pour l'étouffer. Le moment approchait et elle n'était pas prête. Est-ce que Kaizzar l'attendait au Portail de Travia ? Elle n'allait peut-être même pas avoir un instant de répit.

- Passe une bonne année, petite. Et si tu croises Darnius, rappelle-lui qu'il m'en doit une.

          La jeune Sortcelière n'eut que le temps de hausser un sourcil incrédule avant de sentir la magie l'entourer et la happer. Un instant plus tard, des nombreuses voix, une lumière vive et naturelle, et tout un tas d'odeur mélangées la frappaient sans sommation.

- Visiteur en provenance d'Angleterre, Terre !

          Sans qu'on ait besoin de lui dire, Romulée s'écarta en trottant pour laisser la place tout en regardant autour d'elle, cherchant fébrilement dans la foule mêlant voyageurs, familles et amis, un visage devenu trop familier. L'étaux autour de son cœur se desserrait peu à peu alors que la jeune fille se rendait compte, avec un grand soulagement, de l'absence du Haut-Mage et, finalement, tout son corps s'affaissa quand elle laissa échapper un soupir, ses lèvres s'étirant en un sourire timide. Lorsqu'elle tourna à nouveau sur elle-même, ce fut pour admirer le cadre que sa mémoire avait rendu fade et terne.

          La vie bourdonnait dans les rue de la capitale Lancovienne, semblable à une ruche au printemps. En voyant toutes ces couleurs, ces merveilles introuvables sur Terre, ces gens surprenants, elle avait presque l'impression de rentrer à la maison. Ca, c'était merveilleux. Plus encore que le Terrier des Weasley, aussi chaleureux soit-il.

          Romulée prit son temps pour se rendre au bureau de Dame Onore, s'arrêtant parfois devant une vitrine ou un stand, rêvant d'avoir un jour els moyens d'acheter cette besace en cuir sans fond ou cette tenue de Sortcelier bardée de sortilèges protecteurs. Elle pourrait se les offrir en convertissant un peu de l'argent laissé par les Potter... si elle y avait accès. De toute façon, cela éveillerait les soupçons de son jumeau.

          En passant sous une arche donnant sur les parcs public du Château, une brise légère et tiède vint soulever quelques mèches de Romulée, échappée de leur queue de cheval. Alors que, sur Terre, l'été battait son plein, les beaux jours commençaient seulement à revenir sur AutreMonde. Aujourd'hui, heureusement, un magnifique soleil illuminait le ciel sans un seul nuage pour en bloquer la lumière. Il faisait ressortir tout l'éclat de la capitale, ainsi que ses habitants qui profitaient de l'éclaircie pour faire quelques courses, sachant pertinemment que des trombes d'eau pourraient tomber d'un instant à l'autre. Avant de pénétrer dans le Château, la brunette s'arrêta même un instant pour en apprécier la chaleur, puis, tout sourire, elle se glissa entre les visiteurs et les portes grandes ouvertes.