Chapitre 41

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          Vêtu d'une sorte de courte toge noire par-dessus une tunique rouge brodée d'or, l'homme à l'allure étrange ne paraissait pas du tout dans son environnement et pourtant, le flegme avec lequel il s'appuyait sur le dossier de sa chaise en faisant siroter son vin donnait l'impression qu'il était exactement là où il devait se trouver, à sa place. Outre son étrange habit, sa présence seule était déjà bien surprenante et c'est d'un pas hésitant que Romulée approcha, se demandant s'il s'agissait d'une illusion ou, peut-être, d'une nouvelle combine de Kaizzar.

          Malgré l'absurdité de la situation, la jeune fille fit de son mieux pour présenter une façade sérieuse à Sieur Kiel'Amerath, mais, la surprise passée, elle ne pouvait s'empêcher de laisser son regard se perdre autour d'elle, toujours aussi fascinée et angoissée. Peut-être connaissait-il un moyen pour sortir d'ici. Si c'était le cas, il ne semblait pas prêt à le lui confier car il leva à nouveau le verre à ses lèvres sans lui accorder grande attention.

- Où sommes-nous ? Demanda-t-elle le plus poliment possible. Et pourquoi êtes-vous ici ?

          Elle entendait toujours, dans le lointain et étouffée, la voix de Kaizzar qui l'appelait et lui ordonnait de se lever. Et si son corps était en train de bouger ? Que son esprit s'évanouissait, permettant ainsi au Haut-Mage d'agir comme il l'entend ? Son regard erratique partait dans tous les sens, cherchant une issue, une porte, n'importe quoi dans cet environnement étrange. Celles qu'elle voyait lui permettraient d'elle de quitter cet endroit ?

- Il n'est pas facile d'ignorer ta détresse, lui répondit l'homme aux yeux dorés en la regardant faire. Et crois-moi, j'ai essayé. Mais il devenait agaçant de t'entendre chouiner toutes les nuits.

- Comment ça, vous m'entendiez ? Répéta la brunette.

          Soufflant un rire, Kiel'Amerath leva sa main libre jusqu'à l'oreille de Romulée, ses bagues d'or et de pierres précieuses scintillant, et effleura de deux doigts son oreille, ou plutôt, l'écouteur qui se trouvait toujours dessus.

- Quel joli accessoire, ronronna-t-il. Ne me dis pas que tu ne t'es jamais demandé à quoi il pouvait servir.

- Je ne sais même pas ce que c'est...

- Personne ne le sait. Enfin, personne sur AutreMonde ou sur Terre. C'est grâce à cela que nous nous trouvons ici. Avec un peu de mon aide, bien sûr.

          Un frisson parcourut le corps de la jeune Sortcelière. Aussi fascinant soit cet endroit, elle ne voulait pas y passer plus de temps. Certainement pas avec lui. L'absence d'étincelle dans ses yeux vides alors même qu'il souriait lui rappelait trop Kaizzar et elle n'avait pas l'intention de se faire avoir une seconde fois. Elle n'avait pas besoin de savoir ce qu'était cet écouteur, n'en avait même pas besoin pour vivre et préférait encore s'en débarrasser si cet objet la liait à un nouveau geôlier.

- Je dois partir, murmura-t-elle en s'écartant.

- Mais je ne te retiens pas.

          Désireuse de mettre le plus de distance possible entre eux, la jeune fille se précipita vers une porte, repoussa une pile de livres se trouvant devant qui, au lieu de tomber, se mit à flotter doucement dans les airs alors qu'elle se jetait sur la poignée pour la tourner. Elle était prête à s'engouffrer dans l'ouverture mais s'arrêta net en reconnaissant, derrière le battant d'apparence innocente, le salon du 4 Privet Drive. Dudley y était assis et regardait la télé en riant grassement de temps en temps, attirant l'attention de l'oncle Vernon qui levait alors les yeux de son journal en souriant et secouant la. Mais quelque chose n'allait pas. Outre la présence de cette pièce et des Dursley, père et fils semblaient plus jeune. C'était flagrant chez le petit garçon qui ne devait pas avoir plus de six ou sept ans.

Romulée Potter : MearahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant