Romulée Potter : Mearah

Chapitre 28

- Ta visite à Céclat à été annulée, lui apprit Hildegarde à la fin de leur cours.

          Pensant avoir mal entendu, Romulée se figea alors qu'elle était déjà prête à faire feu pour retourner dans sa chambre. Le regard qu'elle tourna vers sa cousine devait vraiment être celui d'une ahurie puisque celle ci esquissa un petit sourire, devenu rare ces derniers temps, et qui s'effaça tout aussi vite, remplacé par un air grave.

- Nous avons fait part à Sieur Candesc de ce que tu as dit à Isaac. Il s'est empressé d'enquêter et s'est rendu compte que tu avais raison. C'est au tour de Wulf d'être interdit de sortie pour quelques semaines.

          Cela avait été plus rapide qu'elle ne l'avait pensé. Bien sûr, la situation dans laquelle se trouvait Wulf était inconfortable pour sa famille et le garçon aurait même pu être victime de magouilles aux lourdes conséquences, donc que les Mearah préviennent rapidement Sieur Candesc n'était pas si surprenant, mais que ce dernier ait déjà prit des mesures le lendemain même était à la fois impressionnant et... terrifiant, d'une certaine façon. S'il était aussi vif et efficace pour ça, elle ne voulait même pas imaginer sa réaction si son fils se trouvait en danger grave et immédiat.

- Et pour les trois garçons ? Demanda la jeune fille d'une voix hésitante.

          Il s'agissait, après tout, de leur première vraie conversation depuis le week-end dernier.

- Wulf n'est plus autorisé à les voir.

          Romulée grimaça brièvement. Etant donné la réaction de Wulf lorsqu'elle lui avait donné son avis, elle imaginait très bien sa fureur et sa déception face à une telle décision. S'il apprenait qu'elle était, indirectement, responsable de tout, il la détesterait, elle en était certaine.

- Son père a pris des mesures pour éviter qu'ils viennent le chercher plus tard ou pour qu'une situation semblable arrive de nouveau.

          Acquiesçant d'un air satisfait, la jeune fille se surprit à sourire. C'était pour le mieux, assurément, même si Wulf ne s'en rendait pas compte tout de suite. Et si son père avait agi, alors il n'y avait pas à craindre que les garçons repointent le bout de leur nez. Après tout, à quoi bon interdire le blond de les voir si se sont eux qui le retrouvent ?

          Bien qu'elle ne soit pas fâchée de ne plus jamais revoir Pierric et Khan, elle eut toutefois une pensée pour Desmond qui, certes froid, n'avait pas pris part aux moqueries de ses camarades et l'avait aidée lorsqu'elle s'était trouvée dans le besoin. Il espérait peut-être obtenir un jour une récompense pour sa bonne action, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Qui sait ce qui lui serait arrivé s'il n'avait pas été là. Après tout, sa cousine avait raison : elle ne pouvait pas encore se sortir seule de toutes les situations dangereuses qu'elle rencontrerait.

- C'est bien d'en avoir parlé.

          Le souffle de sa cousine lui fit relever les yeux vers elle. La Sortcelière s'approcha d'elle et leva une main comme pour la toucher, mais s'arrêta avant de le faire et laissa retomber son bras le long de son corps avec un sourire dont elle tentait de cacher la peine, mais que la brunette perçut tout de même.

- J'aurai aimé que tu le fasses plus tôt, mais Ardbert et moi sommes heureux que tu nous ais prévenus. Si je t'avais demandé calmement des explications la semaine dernière, nous n'en serions peut-être pas là.

- Je suis désolée, murmura Romulée, la gorge nouée. Je sais que tu étais inquiète. Je ne recommencerai pas.

- Je sais. Je suis désolée, moi aussi. Je me contrôlerai mieux la prochaine fois.