Chapitre 24

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          Une fois les présentations faites, aussi courtes qu'expéditives, les garçons s'engagèrent dans la rue principale à laquelle le marché insufflait la vie. Romulée leur emboîta le pas à contrecœur et demeura en arrière, lui donnant ainsi l'occasion d'observer tranquillement cet aspect bien différent de Céclat tout en gardant un œil sur le quatuor agité et excité.

          Moins fréquentée que le centre-ville, la rue paraissait bien plus traditionnelle, l'architecture gothique et rustique largement dominante. De chaque côté, des stands étaient montés, parfois même une extension d'une maison dont le rez-de-chaussée était doté de grandes vitrines permettant de voir qu'un magasin attendait les curieux. Souriants et avenants, les marchands et artisans n'hésitaient pas à interpeler quiconque passait devant eux et Romulée en entendit même certains chanter un petit air entraînant pour se démarquer de la concurrence.

          Bien qu'elle n'ait aucune difficultés à se mouvoir, la jeune fille devait tout de même zigzaguer entre les passants ou groupes de personnes parfois arrêtés en plein milieu de la rue, pris dans une conversation apparemment tellement passionnante qu'ils ne réagissaient même pas lorsque quelqu'un leur grognait dessus ou les bousculait pas inadvertance. Les amis de Wulf, d'ailleurs, ne semblaient pas faire attention où ils allaient et leur épaule ou leur bras frappèrent plus d'une fois celui d'un citoyen plus ou moins pressé, sans pour autant s'attirer d'ennuis. Rien qu'en frôlant son cousin ou son oncle, Romulée savait qu'elle pouvait s'attendre à de sévères remontrances et, par réflexe, elle se raidissait chaque fois qu'elle voyait l'un des garçons faire.

          Contrairement à ce qu'elle avait pensé, Wulf ne menait pas la petite troupe, il restait même en arrière avec le garçon aux yeux bleus, Pierric dont les histoires ne semblaient jamais tarir, ni en nombre ni en intensité si elle en croyait ses gestes toujours aussi grandioses. Parfois, lorsqu'elle approchait un peu trop, il lui jetait un bref coup d'œil tandis que son bras venait la frôler comme par accident. Après deux ou trois tentatives pour s'intégrer, la brunette avait tout simplement abandonné, yeux plissés et lèvres pincées.

- Wouah, eh, venez voir un peu ça ! S'exclama Khan en grattant quelques boutons sur sa joue.

          Ses compagnons le rejoignirent devant un stand pour voir ce qui avait attiré son regard. Romulée eut beau se mettre sur la pointe des pieds, tendre le coup ou se pencher dans tous les sens, elle fut incapable d'apercevoir quoi que ce soit derrière le barrage qu'ils formaient.

- J'adorerai l'avoir, elle irait tellement bien avec le reste de mes chevalières.

          Quelles chevalières ? Elle n'en avait vue aucune sur ses doigts. Elle n'arrivait pas à l'imaginer avec un quelconque bijou sur lui, mais peut-être qu'il les gardait pour des occasions spéciales et qu'il craignait de se les faire voler dans la rue.

- Eh, Wulf, tu as combien sur toi ?

          Romulée tourna brusquement la tête vers le blond et ses sourcils disparurent derrière quelques mèches de cheveux lorsqu'elle le vit plonger une main dans une poche et en ressortir un porte monnaie contenant, selon lui, quelques crédits-muts or et une dizaine d'argent. Puis elle l'entendit demander le prix au vendeur. Les pièces tintèrent, puis les garçons se retournèrent, Khan tenant entre deux doigts une magnifique chevalière en or sur laquelle trônait une jolie pierre précieuse de couleur bleue. Lorsqu'il la glissa à son doigt, elle s'ajusta automatiquement et, alors qu'il s'extasiait dessus, Romulée parvint à s'approcher de Wulf pour lui glisser :

- Tu lui as vraiment payé ?

- Bien sûr, répondit-il avec un immense sourire. Pourquoi, tu la voulais ? Il y en a d'autres, regarde.

Romulée Potter : MearahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant