Chapitre 11

46 9 5
                                    

          Sa famille... Quoi ? Mais non... Sa famille, c'était Harry. C'était les Dursley, qu'elle le veuille ou non. C'était ses parents... Mais ces inconnus... Elle releva la tête pour poser sur le duo des yeux ronds et les examina une nouvelle fois. Les similitudes lui sautèrent à nouveau aux yeux, des preuves bien assez évidentes pour confirmer les paroles de Dame Onore. Toutefois, il était si facile de changer d'apparence avec la magie qu'elle se força à ignorer ces yeux verts bien trop familiers et demanda :

- Vous êtes sûre ?

- Certaine, Damoiselle Potter.

- Nous avons fait les tests.

          Sieur Mearah la surprit de sa voix douce, plus basse et posée que ce à quoi elle s'attendait.

- Plusieurs fois, même, ajouta-t-il. Et en présence de témoins. Vous trouverez tout dans ce document.

          Il prit sur la bureau de l'Intendante un dossier que Romulée n'avait pas remarqué à son arrivée et qu'elle accepta du bout des doigts. Fin et léger, elle avait des difficultés à croire que cette chemise puisse contenir les preuves formelles d'une nouvelle surréaliste. Elle avait presque peur de l'ouvrir. Pour ne pas que son public voit ses tremblements, elle posa le document sur ses genoux avant de l'ouvrir en retenant son souffle. Dedans, elle y trouva effectivement des test ADN effectués par quatre laboratoires différents, deux sur AutreMonde, dont un avec témoin, et deux sur Terre, avec comme comparaison des échantillons de trois membres de la famille Mearah. Tous étaient formels : son code génétique correspondait à celui de Hildegarde, Iskander et Conrad Mearah. Une fois sa lecture terminée, elle referma tout aussi doucement la pochette sur laquelle elle posa ses mains, ne sachant quoi dire ni même quoi penser.

- Où avez-vous obtenu son ADN ? Demanda Maître Kaizzar.

          Romulée tiqua et les coins de sa bouche se contractèrent brièvement.

- J'ai simplement fait prélever quelques cheveux sur sa brosse.

          Elle ne savait pas quelles étaient les intentions des Mearah à son égard. Peut-être étaient-ils seulement venus la rencontrer, voir qui elle était, avant de repartir en l'oubliant, ou en la suivant de loin. Mais s'ils étaient là pour l'emmener ? Alors cela changeait totalement la donne. Certes, les sortilèges qui devaient la lier à Kaizzar demeureraient, mais elle se trouverait hors de sa portée ! Si elle pouvait déjà se soustraire à son autorité, ce serait un poids en moins sur sa conscience.

- Et d'où vous est venu l'idée de ces tests ? Questionna-t-il à nouveau d'une voix tendue

          En sentant sa lourde main tomber sur son épaule, juste à la jonction avec son coup, la jeune Sortcelière su qu'il craignait la même chose. Et, malgré ses doigts s'enfonçant dans sa peau tels des griffes, elle avait envie de sourire, de rire, même. Si elle partait, il perdait non seulement un pantin relativement contrôlable, mais également des mois de travail acharné. Elle n'osait pas relever la tête, mais il lui était facile d'imaginer les couleurs désertant son visage, ses mâchoires si serrées qu'elles en frémissaient, la colère et la nervosité mêlées dans son regard.

          Une seule interrogation empêchait Romulée de s'accrocher à eux pour leur demander de l'emmener : étaient-ils pire que Maître Kaizzar ? Il ne manquerait plus qu'elle s'extirpe des griffes du tigre pour tomber dans l'antre des loups.

- Plusieurs personnes nous ont parlé d'une jeune fille qu'ils avaient pris pour l'une des nôtres sans pour autant la reconnaître. Nous avons préféré nous renseigner nous-mêmes.

          Droite et fière, Dame Mearah présentait une expression stoïque, même froide à Maître Kaizzar, ne lui accordant aucun honneur sans pour autant le prendre de haut. Elle semblait plutôt garder ses distances, comme si elle avait des réserves à frayer avec des inconnus. Elle s'exprimait d'une voix assez forte pour exiger silence et respect dans la salle où elle se trouvait mais sans qu'elle soit assourdissante et désagréable. Vêtue d'une robe brune lui arrivant aux chevilles par-dessus laquelle elle avait enfilé un de ces manteaux que les Sortceliers affectionnent, elle était l'incarnation de l'idée que se faisait Romulée d'une Duchesse. Elle s'attarda sur ses longs cheveux roux tombant en cascade flamboyante sur ses épaules, brillants et parsemées de mèches grises et blanches. Pourquoi n'avait-elle pas, elle aussi, les cheveux roux de sa mère, se demanda la brunette en y passant les doigts.

Romulée Potter : MearahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant