Chapitre 13

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          Tout s'était enchaîné très vite après cette rencontre. Dame Onore avait fait toutes les démarches nécessaires pour que Romulée soit sous la tutelle des Mearah, et Maître Kaizzar, après s'être étranglé avec le minimum de politesse nécessaire, s'était éclipsé en souhaitant bon vent à sa "chère apprentie". Une fois la prote refermée derrière lui, la jeune fille avait eu l'impression de mieux respirer et elle s'était permise de se détendre un peu, échangeant avec Iskander pendant que Dame Hildegarde en finissait avec l'Intendante.

- La plupart des membres de la famille sont en déplacement, ou ont leur propre domaine, mais je peux te dire qu'ils vont vite rappliquer pour te rencontrer. Oh, c'est mon Familier qu'il faudra que tu rencontres en premier !

- Pourquoi elle n'est pas avec toi ? Je pensais que les Familiers accompagnaient leur Sortcelier partout ?

- Elle a eu des petits il y a quelques jours, il vaut mieux qu'elle reste avec eux. Je suis sûre que tu vas l'adorer.

- Fais attention, Iskander. Romulée n'a peut-être encore jamais vu de chatrix.

          La brunette écarquilla les yeux.

- Ton Familier est un chatrix ?

          Même elle savait ce que c'était, et pour cause, c'était probablement l'une des créatures les plus connues d'AutreMonde tant il existait d'histoires à leur sujet et de mises en garde. A l'état sauvage, elles étaient extrêmement dangereuses, chassant en meute pouvant compter jusqu'à une quarantaine de membres. Ressemblant à des hyènes terriennes sous stéroïdes, elles possédaient une arme capable d'achever tout adversaire contre lequel leur nombre ou leur force physique ne suffirait pas : du poison. Il suffisait d'une seule morsure pour l'injecter dans le corps de la victime, et bien qu'il existe un antidote, encore fallait-il échapper aux bêtes affamées et survivre assez longtemps pour l'obtenir.

- Un amour de chatrix. Tu vas l'adorer, je te dis ! Crois-moi. C'est grâce à elle que je me suis passionné pour ces magnifiques animaux et que j'ai créé mon propre élevage.

          C'était une plaisanterie. Ca devait forcément l'être. Pourtant, ni Dame Hildegarde, ni Dame Onore ne réagirent.

- Je vous remercie d'avoir pris soin de Romulée jusqu'ici, dit Dame Hildegarde. Merci également pour votre accueil et votre aide.

          Il y avait vraiment un élevage de chatrix au domaine des Mearah ? D'accord, il s'agissait d'animaux domptables et il était même possible d'en avoir un comme animal de compagnie avec la licence nécessaire, mais elle pensait les élevages isolés et secrets, elle n'aurait jamais imaginé que quelqu'un s'occupe de hyènes démoniaques comme de poulets dans une basse cour ! N'en revenant toujours pas, elle ne put s'empêcher de poser des questions à son cousin alors qu'ils quittaient tous les trois le bureau pour se rendre au dortoir, aussi fascinée qu'horrifiée par ses réponses détaillées. Parfois trop.


          Son sac sur l'épaule, Romulée attendait de pouvoir emprunter la Porte avec le duo. Un appel avait arrêté Iskander dans ses comparaisons entre l'habitat naturel des chatrix et les installations qu'il ne cessait d'améliorer au fil des années pour donner le meilleur environnement possible à ses bêtes, laissant pour seule compagnie à la jeune fille Dame Hildegarde, toujours aussi régalienne même au milieu de la foule agitée. Elle lui jetait de fréquents coups d'oeil sans savoir trop quoi dire, ne voulant pas paraître insipide ou idiote auprès d'une femme aussi distinguée.

- Est-ce que vous avez aussi un Familier ? Finit-elle par demander.

          Elle se maudit immédiatement dans sa tête. C'était une façon ridicule de commencer une conversation avec elle, mais il était trop tard pour reculer. Toutefois, au lieu du regard froid et distant auquel Romulée s'attendait, Dame Hildegarde baissa les yeux vers elle avec un beau sourire plein de gentillesse.

Romulée Potter : MearahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant